De nombreuses et belles choses ont été dites en de guise louange du peuple juif par nos saints Prophètes et Sages. Mais pourtant, chaque matin, nous commençons nos prières par les paroles du vil prophète Bilaam, un homme qui aurait maudit la nation d’or et d’argent, si D.ieu l’avait permis. Nous avons besoin d’explication. En voici une.
Dans un monde au-delà du nôtre, existe une forêt remplie de créatures extraordinaires. Parmi elles, les oiseaux sont les plus spectaculaires, et parmi tous les oiseaux, il en est une race, plus belle encore que toutes les autres. Et dans cette race, l’un des oiseaux est le plus magnifique, au-dessus de tout ce que l’on peut en dire pour le décrire.
Chaque matin, dans cette splendide forêt, les créatures se rassemblent, avant le lever du soleil, au pied de l’arbre qu’habite cet oiseau. Celui-ci déploie ses ailes dans toute sa gloire. Un panorama de couleurs scintille et reluit dans ses ailes, dansant au soleil comme des étoiles magiques pour délecter les spectateurs. Chaque matin s’offre un spectacle encore plus glorieux que celui de la veille et toutes les créatures s’émerveillent.
Et cela se reproduisait chaque jour, dans cette dimension du temps, jusqu’à ce qu’une année, un nouvel oiseau arrive dans la forêt. Il ne se passa pas longtemps avant que toutes les créatures commencent à se rassembler au pied de l’arbre qu’habitait ce nouvel oiseau, laissant le premier tout seul.
« Est-il donc plus glorieux que moi ? demanda-t-il aux quelques rares fidèles qui lui étaient restés. Comment cela se peut-il ? » « Le nouvel oiseau », lui répondit son fidèle, « n’a pas de couleurs. Il est noir. » La furie de l’oiseau ne connut pas de limites. Il était la perfection de la beauté artistique et si le noir devait être beau, alors la beauté n’existait pas. Il vola voir son rival.
Les créatures de la forêt étaient rassemblées dans une admiration silencieuse. Peut-être était-ce le chatoiement des ailes noires qui scintillaient à la lumière du soleil. Peut-être était-ce le mystère de ce noir absolu ou le contraste face à la luminosité du soleil. Mais tout ce qui peut être dit est qu’il s’agissait d’une beauté intangible, pas de quelque chose qui peut être peint, décrit ou connu, de quelque manière. C’était une beauté aussi indéfinissable que le noir est sombre.
- Est-il donc plus glorieux que moi ? s’écria le premier oiseau perché au-dessus de la foule.
- On ne sait que dire, répondirent les oiseaux tout tremblant, car ce n’est plus l’aube.
- Très bien alors, cria l’oiseau, nous aurons une confrontation à l’aube ! Mais qui sera le juge ?
Aucune créature n’osa se porter volontaire pour une telle responsabilité. Et les deux oiseaux eux-mêmes ne purent arriver à un compromis. Aussi fut-il décidé que tous deux apparaîtraient à l’aube dans un lieu connu par chacun d’eux seulement et que la première créature qui apparaîtrait jugerait leur différend.
Toute la nuit, ils préparèrent leurs plumes à leur emplacement secret dans la forêt. Et quand le soleil commença à monter, ils les étendirent dans toute leur largeur, dans la scène la plus glorieuse qui devait jamais se dérouler dans la plus glorieuse des forêts. Mais il n’y avait personne pour assister à ce spectacle, en dehors des deux oiseaux eux-mêmes.
Jusqu’à ce que tout à coup, un son se fit entendre, de dessous les buissons, un son qui faillit faire tomber le premier oiseau de son perchoir, avec horreur. C’était le grognement d’un sanglier sauvage.
Couvert de boue et empestant, l’animal apparut et même lui fut rempli de délice devant la beauté qui lui faisait face. Et les deux oiseaux, acculés par leur pari, étendirent leurs plumes et se tortillèrent élégamment, faisant étalage de leur beauté devant ce sanglier sauvage.
Il grogna, il ronfla, il toussa. Il demanda un bis, un ter. Et finalement, il annonça son verdict : l’oiseau noir était le plus beau des deux.
« S’il en est ainsi, cria le premier oiseau, ma beauté n’est pas la beauté. Il n’y a pas de place pour moi ici. » Et il s’envola de la forêt, pour ne plus jamais y revenir.
Le premier oiseau représente la lumière que D.ieu apporte à Sa création, à travers les miracles, à travers les tsadikim, à travers les actes justes dénués d’intérêt personnel. L’oiseau noir évoque l’obscurité. Mais quand l’obscurité est vue comme beauté, c’est une telle beauté que la lumière est sombre et inefficace devant elle.
Quant au sanglier, c’est ce monde ici-bas, le monde de l’action que D.ieu a déclaré lui-même être le juge final de la vérité et de la beauté.
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