La seconde moitié du livre de l’Exode présente un changement radical par rapport à sa première moitié. Jusque-là, D.ieu était celui qui prenait l’initiative dans la relation avec le peuple juif : Il infligea Dix Plaies à l’Égypte, Il libéra les Juifs de la servitude, Il ouvrit la mer, Il prononça les Dix Commandements et dicta la loi civile juive, tandis que les Juifs étaient les bénéficiaires passifs de tout ce que D.ieu faisait. Mais à présent, dans la seconde moitié du livre, le peuple juif est appelé à prendre l’initiative et à édifier une demeure pour D.ieu.

Les descriptions détaillées du Temple ont une équivalence spirituelle

Les sages enseignent que le commandement de construire une demeure pour D.ieu inclut aussi la directive de construire une demeure figurative pour D.ieu en chaque personne. Dans cette perspective, les descriptions détaillées du Temple et de son mobilier, qui représentent près de cinq sections hebdomadaires de la Torah, ont une équivalence spirituelle à l’intérieur de nous.

Le Sanctuaire était construit à partir de trois éléments. Les murs étaient faits de poutres de bois hautes de dix coudées ; les poutres étaient soutenues par des socles d’argent ; et le toit était composé de tentures de laine et de peaux d’animaux. Pour construire le Temple figuratif en nous-mêmes, nous devons trouver les poutres, les tentures et les socles au sein de notre âme et les consacrer au service de D.ieu.

Les Kabbalistes expliquent que les poutres de dix coudées représentent les dix facultés de l’âme humaine, dont trois sont intellectuelles et sept sont émotionnelles.

Les socles d’argent dans lesquels étaient insérées les poutres constituaient la base de toute la structure. L’équivalent spirituel des socles, le fondement même de la structure de l’âme, est la capacité à s’engager envers, et à se dévouer à quelqu’un ou à quelque chose.

Les tentures qui servaient de toit au Tabernacle, recouvrant l’ensemble de la structure, représentent la volonté et la capacité de plaisir d’une personne, désignées par les Kabbalistes comme les « facultés transcendantes de l’âme ». La volonté et le plaisir affectent et inspirent l’ensemble des facultés. Les sages nous enseignent qu’« une personne doit toujours étudier là où son cœur le désire », car la faculté transcendante de la volonté déclenche et éveille la faculté spécifique de la compréhension.

Comprendre que le Temple est un symbole de l’âme humaine explique le commandement selon lequel le peuple juif dut donner les matériaux nécessaires à la construction du Sanctuaire. Dans la lecture de la Torah de cette semaine, il nous est dit que chacun contribua à la fois pour la construction des murs et pour la toiture du Sanctuaire dans la mesure qu’il avait choisie et selon le désir de son cœur :

D.ieu parla à Moïse en disant : « Parle aux enfants d’Israël et fais-leur prendre une offrande pour Moi ; de chaque personne dont le cœur le porte à la générosité, tu prendras Mon offrande. »1

Il y eut toutefois une autre contribution, spécifiquement destinée aux socles d’argent, où chacun devait donner un même montant :

Voici ce qu’ils donneront, tous ceux qui seront compris dans le dénombrement : un demi-shekel [..] Le riche ne donnera pas plus, et le pauvre ne donnera pas moins qu’un demi-shekel.2

Nous sommes tous égaux dans notre capacité à nous consacrer à D.ieu

Il y eut donc deux contributions : l’une avec un montant égal et fixe pour chaque personne, et l’autre ouverte, chacun donnant selon le désir de son cœur. Il y a des aspects où tous sont égaux, et d’autres aspects où chaque personne est unique et a une contribution à faire qui lui est propre.

Du point de vue des facultés spécifiques de l’âme – intelligence, émotion, sagesse, bonté, volonté – chacun de nous est unique. La contribution à la création de la structure est donc individualisée.

Pourtant, le fondement de la structure, le fondement de la relation avec D.ieu qui est la faculté de dévouement et d’engagement, est le même pour tous.

Nous sommes tous égaux dans notre capacité à nous consacrer à D.ieu, mais la nature de notre dévouement et de notre relation est basée sur notre personnalité spécifique et est donc unique à chacun.3