L’unicité dans la multitude
Un simple coup d’œil sur notre peuple met en évidence une grande hétérogénéité. Il n’existe en effet quasiment pas de pays ou de contexte dans lequel les Juifs n’aient vécu. Les Juifs se sont distingués au sein de chaque civilisation majeure et, ce faisant, ils se sont adaptés à ces divers environnements.
Au-delà du contexte, c’est la nature même des individus qui varie grandement au sein de notre peuple. Tout comme il ne se trouve pas deux personnes ayant le même visage, enseignent nos Sages,1 il n’existe pas deux individus ayant les mêmes processus cognitifs.
Cependant, cette diversité ne dissimule pas l’unité fondamentale qui relie les membres de notre peuple dans tous les pays et à toutes les époques. Chaque Juif, homme, femme et enfant, possède une âme qui est « une réelle partie de D.ieu »2 et qui imprègne chaque dimension de son être. C’est de ce peuple que D.ieu dit3 : « J’ai créé ce peuple pour Moi ; ils chanteront Ma louange. »
Chaque Juif est le légataire de l’ensemble de l’héritage spirituel de notre peuple. Une chaîne d’or s’étend à travers les générations, remontant à nos Patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, et à nos Matriarches, Sarah, Rébecca, Rachel et Léa. Chaque Juif de la génération actuelle est un représentant de cette collectivité tout entire telle qu’elle a existé et évolué tout au long de l’histoire. C’est ainsi que D.ieu chérit chaque Juif comme un père chérit son fils unique.4
Proximité avec D.ieu
L’amour particulier que D.ieu manifeste envers le peuple juif est apparent au début de notre Paracha, où l’on peut lire5 : « Et Il6 appela Moïse, et D.ieu lui parla. » Avant que D.ieu ne s’adresse à Moïse, Il l’appela, lui manifestant ainsi une affection toute particulière.7 Il ne le convoqua pas pour lui communiquer une information, mais, au contraire, pour lui exprimer l’amour essentiel qu’Il éprouve pour notre peuple. (Car bien que ce fût seulement Moïse qui fut appelé, cet appel s’adressait à lui en tant que dirigeant du peuple tout entier.)8
La nature divine profonde que nous possédons en permanence nous « appelle » constamment, cherchant à s’exprimer. Ceci est apparent dans le sujet de la Paracha : les offrandes sacrificielles. Le terme hébraïque pour « sacrifice », korbane (קרבן), possède la même racine que le mot karov (קרב), qui signifie « proche ». Les sacrifices permettent au potentiel spirituel du Juif de faire surface,9 rapprochant notre peuple et chaque individu de D.ieu.10
Aller vers l’autre avec amour
Ces concepts sont fondamentaux s’agissant des relations avec notre prochain, y compris ceux dont la conduite s’est (pour l’instant) écartée de notre héritage.11 En premier lieu, nous devons apprécier qui est véritablement l’autre. Quand nous nous adressons à un Juif, nous devons être conscients que nous parlons à une âme qui est « une réelle partie de D.ieu ».
Il n’est pas utile de se focaliser sur les aspects négatifs du comportement d’autrui. Il convient plutôt de mettre l’accent sur son potentiel positif et de lui faire prendre conscience de l’étincelle divine qui est en lui. À l’image de l’exemple que nous livre notre paracha, nous devons manifester à notre prochain une proximité toute particulière et l’inviter à participer à des activités qui encouragent l’expression de son essence juive.
C’est avec confiance qu’il faut s’engager dans cette approche, car elle s’adresse à la partie la plus profonde de notre prochain. « Aucun Juif ne peut ou ne désire se séparer de D.ieu. »12 Lorsqu’il sera invité de manière chaleureuse et ouverte à affirmer son héritage, il répondra et se « rapprochera » de D.ieu à son propre rythme. Puisqu’il appartient à une nation « créée pour Moi », il est inévitable qu’il finira par « chanter Ma louange » en suivant le chemin de la Torah et des mitsvot.
Chercher le bon côté
Une tendance naturelle nous pousse à l’impatience, à presser une personne vers l’observance complète de la Torah et de ses mitsvot et peut-être à la critiquer si elle hésite ou recule. La Torah n’approuve pas une telle approche. Lorsque le prophète Isaïe s’exprima durement à propos du peuple juif, D.ieu le réprimanda sévèrement bien que ses paroles fussent justifiées.13 Plutôt que de critiquer, nous devons nous efforcer d’apprécier et de toujours souligner les qualités positives que possède chaque membre de notre peuple. Car, de fait, l’existence même d’un Juif est en soi une expression de louange pour D.ieu, indépendamment du service divin qu’il ou elle peut accomplir.
Bien que les Juifs soient « une brebis parmi soixante-dix loups »14 et aient subi d’atroces persécutions, nous avons survécu alors que des peuples bien plus nombreux et plus puissants ont totalement disparu. Cela démontre clairement que D.ieu a investi dans Son peuple une dimension de Son éternité. La pérennité de notre existence comme peuple et comme individus est une expression de la Providence Divine.
À notre époque, chaque Juif est un miracle vivant.
Ceci est particulièrement pertinent aujourd'hui, à peine une génération après l’Holocauste. Le fait que nous ayons pu supporter cette époque terrible et donner naissance à une nouvelle génération (quels que puisse êtres ses apparentes lacunes spirituelles) est l’œuvre manifeste de la main de D.ieu.15
La louange ultime
Le potentiel divin qui réside en chaque Juif et en notre peuple ne restera pas en sommeil. Son épanouissement conduira à une ère où la divinité latente dans le monde deviendra manifeste, l’Ère de la Rédemption. Alors, le peuple juif « chantera la louange de D.ieu » d’une manière complète, en témoignage de gratitude pour les miracles dont nous aurons bénéficié.16
Ici, nous voyons un lien avec le mois de Nissan, lors duquel tombe habituellement la paracha de Vayikra. Nos Sages associent Nissan aux miracles.17 En outre, Nissan est le mois où les Juifs furent délivrés,18 et le mois où ils seront délivrés dans l’avenir.19 À cette époque, notre nation tout entière se réunira dans notre Terre Sainte et « chantera la louange [de Dieu] » dans le Beth Hamikdache. Puisse ceci survenir dans un avenir immédiat.
Adapté de
Likoutei Si’hot vol. 7, p. 24-26 ; vol. 17, p. 12-15 ;
Sefer HaSi’hot 5720 vol. 1, p. 327 et suiv.
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