Certaines personnes n’apprécient pas la guematria .
Dans notre synagogue, j’essaie de trouver quelque chose à dire pendant les pauses dans la lecture de la Torah chaque Chabbat. Nous sommes assez éclectiques dans nos goûts et vous nous trouverez peut-être voletant entre un enseignement éthique, un jeu de mots, une interprétation ‘hassidique ou un morceau de numérologie pendant la pause entre une montée et la suivante.
Beaucoup de nos habitués mettent question mon utilisation occasionnelle de la guematria ou d’autres types de numérologie.
Chaque lettre hébraïque a une valeur numérique. Aleph=1, beth=2, etc, et en ajoutant les lettres on obtient la valeur numérique unique, ou guematria, des mots et des phrases. Comparer les valeurs respectives des différents mots et expressions apporte souvent un surprenant éclairage sur le texte et nous permet de corréler des sujets de la Torah apparemment sans rapport.
Nous sommes assez éclectiques dans nos goûtsJ’avoue que cela peut sembler parfois un peu aléatoire. Un de mes fidèles fait souvent remarquer, en général après que j’aie présenté une numérologie particulièrement obscure, que l’on peut lire ce que l’on veut dans les nombres et que, si l’on s’efforce suffisamment, on trouvera probablement un lien quelconque entre la plupart des sujets.
Il a, en quelque sorte, raison. Ces méthodes sont décrites comme étant parperaot la’hokhmah, les condiments de la sagesse. Elles ne sont pas le repas principal du judaïsme, seulement l’assaisonnement qui lui donne son goût. La Torah est divine et infinie, et toute la sagesse est contenue dans ses mots. Si l’on ne pourrait jamais décider d’une loi sur la base d’une guematria, toutefois, utilisée correctement, elle peut contribuer à une nouvelle et plus profonde appréciation et compréhension du texte.
Prenez l’un des exemples les plus célèbres du jeu des chiffres et des lettres dans la Torah. Après que Jacob ait quitté la maison de son beau-père et entamé son voyage de retour en Israël, il envoie un message à son frère Ésaü. « Im Lavan garti », j’ai vécu avec Laban.
Rachi souligne que la guematria de garti est 613, ce qui est également le nombre des commandements de la Torah, et interprète donc le message de Jacob comme signifiant : « Tout au long des années que j’ai vécu avec l’infâme Laban, j’ai observé les 613 commandements. »
Mais mon ami serait-il convaincu ? Si le mot garti vaut 613, ce n’est sûrement pas le seul mot de la Torah qui possède cette valeur. Pourquoi associe-t-on les mitsvas à la phrase « J’ai habité » ? Pourquoi Rachi suppose-t-il que Jacob fait ici plus que simplement décrire ses conditions de vie pendant les 20 dernières années et qu’il est fait passer un message métaphysique sur la nature de son engagement envers les commandements ?
Je n’ai jamais cadré avec les méchantsLa guematria est plus qu’un jeu de mots aléatoire. Les outils légitimes d’interprétation de la Torah traitent le texte comme un document vivant : une interaction de contenu et de contexte, dans laquelle chaque lettre, chaque mot et chaque phrase sont porteurs de sens. Dans notre exemple, la corrélation entre garti et l’observance des mitsvas est plus profonde que la simple addition des lettres : le contexte lui-même mène à cette conclusion.
Le mot garti, de la racine guer signifiant « étranger » ou « converti », est inhabituel. Si Jacob avait juste voulu dire « j’ai vécu avec Laban », il existe d’autres verbes, plus appropriés, qu’il aurait pu utiliser. Garti suggère l’idée de « J’étais un étranger » ; j’étais différent, je n’ai jamais cadré avec les méchants parce que j’ai vécu et agi différemment d’eux. Jacob disait : « Tout le temps que j’étais loin de la maison, je suis resté fidèle aux leçons que j’ai apprises à la maison de mes parents. »
C’est dans ce contexte que les rabbins ont observé qu’il existe également un soutien numérique à cette supposition. « J’ai été capable d’observer les 613 mitsvot, même dans la maison de Laban, parce que je suis resté étranger à son mode de vie. »
Où qu’un Juif se trouve, quelle que soit la distance qui le sépare de chez lui, il peut toujours maintenir son lien avec les mots et les lettres de la Torah en appréciant la valeur de chaque lettre et de chaque mot divins, et rechercher la finalité sous-jacente de chaque phrase et de chaque phase de la vie.
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