État de siège
Le 10 du mois de Tévet dans le calendrier juif est un jour de jeûne. À cette date, il y a près de 2500 ans, les armées de l’empereur babylonien Nabuchodonosor assiégèrent la ville de Jérusalem. Ce fut le premier d’une série d’événements qui menèrent à la destruction du Temple et à l’exil du peuple juif de la terre d’Israël. C’est donc un jour de jeûne et de repentance – un jour où nous pleurons les événements tragiques du jour, où nous contemplons leurs causes profondes dans nos âmes et dans nos actes et où nous œuvrons à les corriger.
Mais les maîtres hassidiques nous apprennent à chercher aussi l’aspect positif d’un tel événement. Sans rien ôter de la nécessité de commémorer et de rectifier la négativité des événements du 10 Tévet, nous devons aussi nous concentrer sur son essence positive profonde.
Être en état de siège est une expérience horrible. Une ville assiégée connaît la famine, les épidémies et finalement le massacre. Dans la vie quotidienne, il arrive que nous nous retrouvions minoritaires au sein d’une majorité qui se fait oppressante, nous faisant bien ressentir que nous ne sommes pas « à notre place ». Ce genre de mini « siège » a de quoi engendrer des sentiments d’impuissance et d’humiliation. Derrière toute cette négativité, cependant, il y a cette prise de conscience libératrice et encourageante : nous tous, les membres de cette minorité, sommes dans le même bateau ! Malgré nos différences, malgré les dissensions qui s’emploient parfois à nous diviser, nous partageons un destin, une identité et un objectif communs. Être en état de « siège » met en lumière une vérité qui a toujours été là, mais que nous avions jusqu’ici été empêchés de voir, ou que nous n’avons pas voulu voir : nous ne faisons qu’un.
Le truc, bien sûr, est de saisir cette vérité, de s’y cramponner et de la faire sienne, débarrassée de ses attributs négatifs. De se débarrasser de la négativité du 10 Tévet pour ne conserver que son essence positive.
Puisse cela se réaliser bientôt, de nos jours.