Dès que les Juifs se sont installés en Terre Sainte,1 ils ont commencé à compter et à observer des cycles de sept ans. Chaque cycle culminait par une année sabbatique,2 appelée Chemita,3 nom qui signifie littéralement : « relâcher ».

L’année qui suivit la destruction du second Temple fut la première année d’un cycle sabbatique de sept ans. Dans le calendrier juif, en comptant à partir de la Création, c’était l’an 3829, soit 68-69 de l’ère commune. En comptant sept ans à partir de cette date, nous constatons que la prochaine année de Chemita sera l’an 5789 après la création, qui s’étendra du du 21 septembre 2028 au 9 septembre 2029.

L’année de Chemita annule toutes les dettes en cours

L’observance de la Chemita a plusieurs dimensions. Dans les paragraphes suivants, nous décrirons les bases de l’observance de la Chemita.

Laissez votre ami tranquille

Au bout de sept ans, tu pratiqueras un relâchement. Voici comment se fera le relâchement : tout créancier relâchera la main de ce qu’il a prêté à son ami ; il n’exigera rien de son ami ni de son frère, car le temps du relâchement pour le Seigneur est arrivé. (Deutéronome 15,1-2)

L’année de Chemita annule toutes les dettes en cours entre les débiteurs et les créanciers juifs.

[De nos jours, un mécanisme halakhique appelé prouzboul permet de contourner cette annulation des dettes. Voir L’annulation des dettes pour plus d’informations sur le prouzboul].

Cet aspect de l’observance de la Chemita est connu sous le nom de chemitath kessafim, « le relâchement de l’argent [des dettes] ».

Laissez la terre tranquille

Six années, tu ensemenceras ton champ, et six années, tu tailleras ta vigne, et tu en recueilleras le produit. Mais la septième année, la terre aura un repos complet, un Sabbat pour l’Éternel ; tu n’ensemenceras pas ton champ, tu ne tailleras pas ta vigne, et tu ne récolteras pas le produit spontané de ta moisson... Le [produit du] Sabbat de la terre vous appartiendra, à vous, à vos serviteurs et servantes, à votre travailleur salarié et au résident qui vit avec vous... (Lévitique 25,3-6)

Pendant l’année de la Chemita, les habitants de la Terre d’Israël doivent s’abstenir complètement de cultiver leurs champs. Ils renoncent également à la propriété personnelle de leurs champs ; tout produit qui pousse de lui-même est considéré comme une propriété commune, libre d’accès.

Cet aspect de l’année de Chemita est connu sous le nom de chemitath karka, « le relâchement de la terre ».

Recentrage

La nation tout entière fait une pause et se concentre sur des activités plus spirituelles

Dans l’ancienne culture agraire israélienne, l’année de Chemita mettait à l’épreuve la confiance collective du peuple dans le Créateur, Celui qui lui a légué le pays qui ruisselle de lait et de miel.

Et si vous dites : « Que mangerons-nous la septième année ? Nous ne sèmerons pas, et nous ne recueillerons pas nos produits ! » (Lévitique 25,20)

Pourtant, ceux qui plaçaient leur confiance en D.ieu étaient richement récompensés :

Moi, [D.ieu,] J’ordonnerai ma bénédiction pour vous la sixième année, et elle donnera des produits pour trois ans. Vous sèmerez la huitième année, et vous mangerez encore de ce que vous aurez récolté auparavant. Jusqu’à la neuvième année, jusqu’à l’arrivée de sa récolte, vous mangerez l’ancienne récolte ! (Lévitique 25,21-22)

En plus de donner au peuple l’occasion de placer sa foi en D.ieu et de la voir s’accomplir, l’abandon de l’agriculture pendant toute une année lui permettait aussi de prendre collectivement une pause pour se concentrer sur des activités plus spirituelles, tous allant remplir les synagogues et les salles d’étude. Même aujourd’hui, alors que la grande majorité des Juifs ne sont pas impliqués dans l’industrie agricole, les leçons de la Chemita sont très pertinentes. Au cours de cette sainte année, il nous appartient de nous concentrer davantage sur notre mission spirituelle dans la vie, et un peu moins sur nos activités matérielles. Plus sur la raison pour laquelle nous sommes nécessaires, et moins sur ce dont nous avons besoin. Plus sur la foi en D.ieu, et moins sur la foi en nos propres capacités.