Sans aucun doute, aucune ville au monde ne souffre autant des bombardements d’artillerie continus tout au long de l’année que la ville de Sderot, dans le sud d’Israël. Située à un kilomètre du nord de Gaza, Sderot (27000 habitants) est régulièrement la cible d’attaques à la roquette et au mortier par des groupes terroristes palestiniens depuis 2001, et a été la cible quotidienne d’un grand nombre des plus de 3500 missiles qui ont été tirés sur des centres de population en Israël entre le 10 et le 20 mai derniers.

« Toutes les facettes de la vie ici à Sderot sont affectées par les roquettes », a déclaré le rabbin Asher Pizem, 32 ans, du centre ‘Habad de Sderot à Chabad.org. « Les enfants qui grandissent dans ces circonstances ne peuvent pas mener une vie normale. Les parents ne peuvent pas simplement les laisser courir dehors et jouer librement. Ici, chaque école et chaque arrêt de bus est blindé. La ville regorge d’abris anti-bombes et il faut toujours savoir où se trouve le plus proche. Une fois que la sirène d’Alerte Rouge d’attaque aérienne est déclenchée, nous avons moins de 15 secondes pour nous mettre à couvert. Mes quatre enfants dorment dans la chambre sécurisée de notre maison toute l’année. »

Pour les habitants de Sderot, ce n’est rien de nouveau – et personne ne peut s’y habituer. Toutes les quelques années depuis qu’Israël a évacué ses citoyens et ses forces militaires de Gaza en 2005, il y a eu un conflit majeur au cours duquel les forces de Tsahal attaquent les infrastructures terroristes tandis que le Hamas et le Jihad islamique tirent des roquettes sur des villes israéliennes, principalement dans la région de Gaza (sud-ouest d’Israël) mais atteignant aussi loin au nord que Tel-Aviv et sa banlieue, en particulier lors de la dernière série de combats.

Sderot, cependant, est fréquemment bombardée entre les conflits majeurs, pendant ce qui est considéré comme des « périodes de calme ». Sderot ne connaît pas de longues périodes de calme. Même les jours où il n’y a pas beaucoup d’informations, il est peu probable que les principaux médias mondiaux rapportent que quelques roquettes ont été tirées sur Sderot depuis Gaza. Les roquettes qui pleuvent sur Sderot sont devenues une routine, une banalité pas digne d’être mentionnée.

Le Rav Pizem est né à Sderot ; toute sa vie d’adulte a été façonnée par les roquettes. Il y a eu une Alerte Rouge signalant qu’une salve de roquettes allait tomber alors qu’il parlait au téléphone avec Chabad.org. Le jardin d’enfants ‘Habad a été touché par une roquette lundi soir, après les fêtes de Chavouot, mais heureusement, personne n’a été blessé.

Le centre ‘Habad de Sderot gère plusieurs programmes dans la ville, y compris des écoles, des cours et la distribution de nourriture et d’autres provisions de base aux personnes âgées et aux personnes confinées à la maison qui ne peuvent pas quitter leur appartement de peur d’être bloquées à l’air libre pendant une Alerte Rouge avec seulement quelques secondes pour courir à l’abri. ‘Habad tend également la main aux nombreux soldats stationnés près de la ville en leur fournissant des articles religieux, de la nourriture pour les fêtes et des friandises en remerciement de leur service.

L’un des enfants Pizem devant son jardin d’enfants, qui a été touché par un missile terroriste.
L’un des enfants Pizem devant son jardin d’enfants, qui a été touché par un missile terroriste.

En raison de la situation, le travail d’un émissaire ‘Habad dans la ville prend un sens supplémentaire. « Une grande partie de la population locale est pauvre et a besoin d’une aide gouvernementale, ce que ‘Habad aide à mettre en place, mais l’intensité de la vie dans cette ville m’a ouvert les yeux sur de nombreux miracles et m’a montré l’implication de D.ieu dans des événements apparemment banals », a déclaré à Chabad.org  le directeur du centre ‘Habad de Sderot, le Rav Moshé Zeev Pizem.

« Nous sommes en mission, envoyés ici par le Rabbi [Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, de mémoire bénie], et si en tant qu’êtres humains, nous sommes enclins à la peur et à d’autres émotions négatives, nous restons fermes dans notre mission. Je me dis : face à une situation difficile, le Rabbi penserait-il à fuir ? Bien sûr que non, et nous non plus. Notre foi est constamment mise à l’épreuve ici, je ne souhaiterais cette épreuve à personne, mais je n’y renoncerais pas non plus pour tout l’or du monde », dit-il, faisant référence à la façon dont le sixième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, de mémoire bénie, décrit dans les prisons soviétiques.

Vivre sous la menace constante des roquettes est stressant et angoissant, et de nombreux habitants de Sderot souffrent d’une forme de stress post traumatique. Les enfants sont particulièrement vulnérables à une anxiété accrue résultant en énurésie nocturne, en cauchemars incessants et d’autres problèmes psychologiques nécessitant une intervention thérapeutique approfondie.

Le Rav Moshé Zeev Pizem, directeur du centre ‘Habad de Sderot, examine les dégâts de l’école.
Le Rav Moshé Zeev Pizem, directeur du centre ‘Habad de Sderot, examine les dégâts de l’école.

« Beaucoup de gens ne surmontent jamais complètement le traumatisme »

« Les gens sont touchés de plusieurs manières ; ils sont à bout de souffle, tressaillant à chaque son fort. Certains ont des accès de colère soudains, d’autres fondent soudainement en larmes ou se mettent à trembler. Les gens font des rêves ou des cauchemars étranges. Parce que la situation dure depuis tant d’années, chaque incident effrayant, comme une Alerte Rouge inattendue ou une explosion, est aggravé car il évoque immédiatement des incidents traumatisants antérieurs. Beaucoup de gens ne surmontent jamais complètement le traumatisme, a expliqué le Rav Pizem. Aujourd’hui, au cours de cette dernière série d’hostilités avec de nombreuses roquettes atteignant la région centrale du pays, les gens de toutes les régions commencent à peine à comprendre dans quelles conditions nous vivons. »

« Néanmoins, ajoute-t-il, nous assistons constamment à des miracles : des roquettes qui frappent directement un appartement vide alors que tous les appartements environnants sont occupés. Quand je dis la prière “Al hanissim” remerciant D.ieu pour les miracles et les merveilles, cela me parle. Cela ne ressemble pas à un concept abstrait ou à une histoire ancienne. Je sens l’implication de D.ieu dans les événements quotidiens. »

Des sacs de chips et des boissons pour les soldats de Tsahal et les enfants de Sderot.
Des sacs de chips et des boissons pour les soldats de Tsahal et les enfants de Sderot.

Reout Ofir, une femme de 42 ans, a déménagé à Sderot avec sa famille il y a quatre ans lorsque son mari a trouvé un emploi dans la succursale locale de la société Amdocs. Ils furent heureux de découvrir le Beth ‘Habad et se lièrent immédiatement d’amitié avec le Rav Pizem, attirés par sa véritable préoccupation pour les habitants de Sderot et la communauté soudée qu’offrait ‘Habad. Ils envoient même leurs enfants à l’école ‘Habad d’Ashkelon.

« Mes enfants ont hâte d’aller au Beth ‘Habad le Chabbat. Il y a tellement de choses là-bas, qu’il s’agisse d’activités pour les enfants, de fêtes d’anniversaire ou des nombreux actes de gentillesse que les Pizem font en coulisses, sans fanfare, dit-elle. C’est réconfortant de voir un tel dévouement. Le Beth ‘Habad est comme une famille pour nous. Depuis que nous nous sommes installés à Sderot, chaque fois que nous voyageons, nous recherchons désormais un centre ‘Habad. »

Rav Asher Pizem avec un soldat de Tsahal
Rav Asher Pizem avec un soldat de Tsahal
Offrant des friandises pendant une accalmie dans les combats, même si un abri était toujours à proximité.
Offrant des friandises pendant une accalmie dans les combats, même si un abri était toujours à proximité.
Avec des soldats reconnaissants
Avec des soldats reconnaissants