Le Rav Yehouda Leib Groner a passé des décennies au service du Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, de mémoire bénie. Au cours de cette période, le Rav Groner fut un témoin direct d’un grand nombre des événements qui projetèrent des ondes de transformation à travers le monde depuis le bureau du Rabbi à New York. Il est décédé le 7 avril 2020, la veille de Pessa’h, après plusieurs semaines d’un combat difficile contre le coronavirus. Il avait 88 ans.
Yehouda Leib Groner naquit à New York en 1931 de Mordekhaï Avraham Yeshaya et Menou’ha Rochel, une descendante de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, le fondateur de ‘Habad et l’auteur du Tanya. Ses parents étaient farouchement attachés au mode de vie juif traditionnel basé sur la Torah à un moment où ce n’était pas du tout facile. Adolescent, il s’inscrivit comme étudiant à la Yeshiva centrale de Loubavitch, Tom’hei Temimim, restaurée sur les côtes américaines au nouveau siège du sixième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, de mémoire bénie (1880-1950), au 770 Eastern Parkway à Brooklyn.
Bien qu’il ne le sût probablement pas à l’époque, le jeune « Leibel » était destiné à passer le reste de sa vie à travailler au 770. Comme beaucoup de ses pairs, il gravita de façon naturelle vers le gendre du Rabbi, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, et il lui posait des questions qui lui venaient au cours de son étude, tant sur des sujets talmudiques que sur des questions plus ésotériques que l’on retrouve dans les enseignements ‘hassidiques et la Kabbale. Leibel était un étudiant sérieux et devint un érudit dans les deux domaines.
À cette époque, à la fin des années 40, le futur Rabbi, Rabbi Mena’hem M. Schneerson, mettait en œuvre de nouvelles approches de l’éducation juive et envoyait de jeunes étudiants comme Leibel Groner raviver la flamme de la Torah et des Mitsvot partout où les Juifs étaient dispersés. Dans le même temps, le rabbin Schneerson (qui allait bientôt succéder à son beau-père en tant que Rabbi) avait également engagé une révolution dans l’édition des textes ‘hassidiques, préparant pour l’impression des textes clés des Rabbis successifs de ‘Habad demeurés jusqu’alors sous forme de manuscrits, ou qui circulaient sous forme de copies sur stencil. L’activisme énergétique et les publications à destination des enfants juifs allaient de pair avec le minutieux travail intellectuel de transcription, d’annotation et d’indexation des œuvres complexes et innovantes dans le domaine halakhique et ‘hassidique.
La salle de la yeshiva où Leibel et ses camarades étudiaient donnait sur le couloir au bout duquel se trouvait le bureau du futur Rabbi, et ils étaient fascinés par son mélange dynamique de pragmatisme idéaliste et d’étude approfondie, ainsi que par sa profonde aura de dévouement et de sens de la nécessité. Vers 1949, alors qu’il était encore étudiant, Leibel Groner se mit à aider partout où il le pouvait, assumant le genre de tâches laborieuses et indispensables qui transforment un texte brut en une publication soignée. À bien des égards, cela donna le ton à une grande partie de ce qui allait arriver : une volonté et un désir de servir, d’aider, de faciliter, d’alléger le fardeau du leadership.
Avec ses jeunes camarades, il participa aux événements dramatiques de 1950, suite au décès de Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn. Tout espoir pour l’avenir de ‘Habad et pour la revitalisation de la vie juive au lendemain de la Shoah reposait sur le défi de convaincre le Rabbi d’accepter pleinement sa position de successeur de son beau-père. Cela se réalisa finalement un an plus tard, en 1951, lorsque le Rabbi prononça son premier discours ‘hassidique officiel et son « énoncé de mission » historique. Dès lors, la vocation de Leibel Groner fut d’assister le Rabbi, de faciliter son travail et d’observer sa sainte conduite.
Après son mariage avec Yehoudit Gourevitch en 1954, il rejoignit le groupe des secrétaires du Rabbi servant sous le chef de cabinet du Rabbi, le Rav ‘Haïm Aïzik Hodakov. Partout où son aide était nécessaire, il se révéla être volontaire et compétent. Il servit avec d’autres membres du secrétariat comme chronométreur et portier pendant les longues nuits lors desquelles le Rabbi recevait des personnes en yé’hidout (audience privée). Les secrétaires prenaient également la dictée du Rabbi et assuraient l’envoi de ses réponses à la volumineuse correspondance qui lui était adressée du monde entier. Allant de réponses à des individus et à des familles jusqu’à des échanges avec des sommités du monde rabbinique, d’importants dirigeants communautaires et des chefs d’État, ces interactions étaient toujours chargées d’une profonde sollicitude personnelle et souvent également d’une importance géopolitique.

Dans le même temps, le Rav Groner continua de contribuer au savant travail de l’édition. Entre autres travaux auxquels il participa, il joua un rôle déterminant dans la compilation et la publication du Sefer Haminhaguim ‘Habad sur la base des gloses et des instructions du Rabbi, qui devint l’une des sources les plus fiables sur les coutumes propres aux ‘Hassidim ‘Habad. Dans sa jeunesse, lui et ses pairs de la yeshiva s’étaient habitués à poser au Rabbi les questions qui survenaient au cours de leur étude. Dans les années à venir, il demeura un disciple engagé, écoutant attentivement les nombreux allocutions et discours du Rabbi, suite auxquels il lui adressait parfois des questions.
Pendant de nombreuses années, le Rav Groner fut également enseignant à l’école de filles Beth Rivkah. Mais en 1977, le Rabbi subit une crise cardiaque. Le Rav Groner s’engagea alors à travailler à plein temps comme assistant du Rabbi, sentant que le besoin d’un soutien supplémentaire serait désormais plus grand.
Dans les dernières années en particulier, le Rav Groner était là où et quand le Rabbi apparaissait, prêt à aider, geste qu’il entreprit en signe de la respectueuse attention qui sied à la stature d’un si grand chef du peuple juif. Suivant à peine quelques pas derrière lui, il était là chaque fois que le Rabbi entrait dans la synagogue principale au 770, que ce soit pour participer à la prière commune, diriger un farbrenguen ou délivrer des mots d’inspiration lors d’un rassemblement de jeunes enfants. Il était également là pour aider le Rabbi quand il passait de nombreuses heures à distribuer des dollars aux milliers de personnes qui faisaient la queue chaque dimanche.
En tant que l’un de ces rares individus ayant une telle proximité et un accès régulier au Rabbi, il était naturel qu’il devienne à la fois un intermédiaire et un gardien. Les gens lui adressaient toutes sortes de sollicitations pour qu’il demande conseil et bénédiction au Rabbi en leur nom, et il les transmettait tout en veillant à protéger l’espace, le temps et la vie privée du Rabbi. Lorsque le nombre des personnes qui demandaient des conseils au Rabbi augmenta de façon exponentielle, le Rabbi recourut moins au format de correspondance classique et inscrivait ses réponses sous forme de brèves notes directement sur la lettre qui lui était adressée. Les réponses étaient ensuite relayées par téléphone (et par la suite par fax) au correspondant. Le nombre de lettres et de notes qui sont passées de cette manière entre les mains du Rav Groner n’est pas quantifiable.
Ces dernières années, le Rav Groner a beaucoup voyagé pour rendre visite à de nombreuses communautés dans lesquelles servent les émissaires du Rabbi, inspirant le public par ses souvenirs des nombreuses choses spéciales dont il eut le mérite d’être témoin.
Il laisse dans le deuil son épouse Yehoudit (née Gourevitch), qu’il épousa en 1954 ; ses fils, le Rav Yossef Its’hak Groner (Charlotte, Caroline du Nord), le Rav Mena’hem Mendel Groner (Kiryat Gat, Israël) et Aharon Groner (Monsey, NY) ; ses filles, Gitty Levin (Ft. Lauderdale, FL), Chaya Sandhaus (Crown Heights, Brooklyn, NY), Sarah Tennenbaum (Crown Heights, Brooklyn, NY) et Shaina Wilhelm (Crown Heights, Brooklyn, NY) ; et de nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants.

Commencez une discussion