De nombreux mystères théologiques ont rendu les savants perplexes au fil des âges, mais les gens du commun ne perdent pas le sommeil à cause de ces énigmes. Il est en revanche difficile de rencontrer quelqu’un qui n’ait pas été dérangé par le fait que D.ieu‎ a permis que les atrocités de la Shoah soient perpétrées contre tant d’hommes, de femmes et d’enfants innocents. La question serait valable quelle que soit l’identité des victimes d’une telle indescriptible cruauté, mais elle est amplifiée par le fait qu’il s’agissait de la nation choisie par D.ieu‎, Son précieux peuple qui Lui était demeuré tenacement fidèle malgré des millénaires d’humiliation et de persécution.

Mais si l’Holocauste est l’un des exemples les plus aigus de souffrances insondables infligées à des victimes innocentes, c’est quotidiennement que nous sommes confrontés à des questions similaires : pourquoi les justes souffrent-ils ? Pourquoi D.ieu‎ permet-Il que des enfants innocents soient victimes de maltraitance ? Quelle peut-être la raison d’un drame comme celui du 11 septembre 2001 ? Où D.ieu se trouvait-Il pendant que Ses enfants étaient méprisés, exilés, persécutés et massacrés pendant 2000 ans ?

Le roi Salomon écrit (Ecclésiaste 2,13) : « J’ai vu que la sagesse a un avantage quand elle vient de la folie, comme l’avantage de la lumière qui émane des ténèbres. » Sur la base de cet adage, les mystiques ont expliqué que plus grande est l’obscurité, plus intense est la lumière qui la suit. Cela peut être comparé à une plus grande appréciation de la vue éprouvée par une personne aveuglée et dont la vue a été restaurée, ou à une bande de caoutchouc qui volera d’autant plus loin qu’elle aura été beaucoup étirée en arrière. Ainsi, l’intense obscurité que notre nation a endurée sera suivie d’une ère brillante que nous savourerons d’autant plus. Dans le même ordre d’idées, les philosophes tentent d’expliquer les souffrances personnelles. Celles-ci sont censées renforcer et sensibiliser la personne qui endure des épreuves. « Pour un court instant Je t’ai abandonnée, et avec une grande miséricorde, Je te rassemblerai » (Isaïe 54,7).

Mais cette réponse est-elle satisfaisante ? Cette explication « pratique » justifie-t-elle toutes les souffrances ? D.ieu‎ a tout créé, y compris toutes les règles de la nature et de la logique. N’aurait-Il pas pu créer un monde où la paix, l’harmonie et la lumière pourraient être pleinement appréciées même sans avoir été précédées par leur contraire ? N’aurait-Il pas pu concevoir des façons que les gens atteignent le raffinement personnel sans passer par la souffrance et la douleur ? Pourquoi notre Père bienveillant soumet-Il Ses enfants à des souffrances inimaginables simplement pour se conformer aux « règles » qu’Il a Lui-même conçues, et qu’Il a certainement la possibilité de modifier et/ou d’accommoder ?

Suivant ce raisonnement, Il n’est absolument aucune explication de la Shoah qui puisse tenir la route. Même dire qu’il existe une raison profonde que seul l’esprit infini du Créateur omnipotent peut comprendre n’est pas suffisant. Du fait même de Son omnipotence, de Son infinité et de Son absence de limites, Il aurait pu faire en sorte que quelles que soient les conséquences positives que ces tragédies devaient engendrer, celles-ci soient menées à bien par d’autres moyens, non douloureux.

En d’autres termes, ce n’est pas que nous ayons un entendement trop limité pour comprendre la raison de la souffrance, mais plutôt qu’il ne peut pas y avoir d’explication valable !

Pourtant, en dépit de tout cela, nous croyons avec une foi parfaite que D.ieu‎ est gentil et bon et que tout ce qu’Il fait est bonté. Bien que cela paraisse parfaitement illogique, nous restons fermement attachés à la croyance que « D.ieu‎ est fidèle et sans injustice ; Il est juste et droit » (Deutéronome 32,4).

Il nous est dit (Isaïe 12,1) : « Et tu diras en ce jour [de la rédemption messianique] : “Je te remercie, ô Seigneur, d’avoir fait éclater sur moi Ta colère !” » Le jour viendra bientôt où nous serons en mesure d’apprécier la manière dont tout ce qui s’est passé était de la pure bonté.

Mais jusqu’à ce jour, D.ieu‎ ne veut pas que nous comprenions Ses voies mystérieuses. La douleur est gérable quand on comprend qu’il y a de bonnes raisons de souffrir. La douleur est impossible à gérer quand elle semble être aléatoire et injustifiée. Si nous comprenions pourquoi nous souffrons, ou même si nous pouvions logiquement supposer qu’il existe une raison au-delà de notre compréhension, cela ne nous ferait pas autant souffrir. Et D.ieu‎ veut que nous criions vers Lui du profond de nos cœurs : « C’est à Ton salut, Tout-Puissant, que nous aspirons ! » Il ne veut pas que nous rationalisions la souffrance ; Il veut que nous exigions la Rédemption.

Frères et sœurs, cela suffit. Tournons-nous vers D.ieu‎ et exigeons qu’Il mette un terme à toutes les souffrances. C’est ce que nous voulons, et c’est ce que D.ieu‎ veut.

Basé sur une allocution publique du Rabbi de Loubavitch. La voix du Rabbi tremblait d’émotion à mesure qu’il prononçait ces mots.