Vous est-il déjà arrivé de perdre le contrôle de vous-même et à la dernière seconde de réussir à vous retenir ? Les batailles intérieures de cette sorte sont souvent associées avec les feux de la circulation, les contractuelles et autres représentants de l'administration. Quelquefois, elles se rencontrent également sur le front domestique…

La Paracha Kédochim (Lévitique 19-20) commence avec l’idée que nous devons être saints. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Le commentateur Rachi explique que le terme « saint » implique la retenue personnelle. Dans la vie, nous sommes confrontés à de nombreuses tentations. Être saint signifie avoir l’aptitude à contrôler ses impulsions immédiates.

Un autre commentateur, Na’hmanide, souligne que cette retenue peut parfois conduire la personne à un point se situant au-delà de la simple lettre de la loi. La loi juive autorise l’homme à manger de la nourriture cachère. Mais cela signifie-t-il que l’on puisse se comporter comme un glouton ? Selon cette vision, même si la nourriture est aussi cachère que faire se peut, la retenue est la puissance. Elle montre que l’on est réellement libre comme individu, plutôt qu’esclave de son appétit.

Vous rappelez-vous l’histoire de Jacob, Essav et du plat de lentilles ? L’une des manières de comprendre cette histoire est de voir que Essav était prêt à vendre son droit d’aînesse, le bien le plus précieux de sa vie, contre un plat de nourriture. L’on pourrait s’exclamer : « C’est pathétique ! » D’autres pourraient même aller jusqu’à ressentir de la sympathie pour quelqu’un à qui il arrive d’être l’esclave de ses sens. Ils pourraient arguer qu’après tout telle est notre humaine condition. Néanmoins, de nombreux individus aspirent à être maîtres de leur propre être. Un être humain, oui. Un animal : non.

Une grande partie de la Paracha est consacrée à donner des directives à propos de cette espèce de contrôle de soi, dans des domaines différents de la vie. Le thème central en est celui des relations humaines. Le point d’orgue est le fameux enseignement : « Aime ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18). Rabbi Akiva en disait que c’est là le grand principe de la Torah ; il concerne tous les autres aspects de la pensée juive. La Paracha nous instruit également de ne pas se venger ni de garder rancune. Cela nécessite très certainement la maîtrise de soi : dans nos actions, nos paroles et même dans nos pensées.

Mais une personne qui parvient à ce contrôle existe-t-elle ?

Nous pouvons imaginer qu’elle serait un individu simple, naïf ou inspiré, qui ne voit jamais de mal en quiconque. Ou nous pouvons imaginer un homme puissant qui a atteint un véritable contrôle de sa personne.

Qu’est-ce que la puissance ? Pendant longtemps, les gens ont pensé qu’il s’agissait d’acquérir la domination sur les autres. Mais désormais nous réalisons qu’il s’agit en fait de la maîtrise de soi-même.

La vie quotidienne nous met face à de nombreux exemples de ces batailles dont parle la Paracha : dans les relations avec nos parents, dans les domaines professionnels, dans les questions de charité, dans les limites entre les hommes et les femmes et également dans notre comportement quand nous sommes réellement en situation de domination sur les autres, en tant que juges. C’est la raison pour laquelle la Paracha nous demande d’être droits dans le jugement du riche comme du pauvre.

Kedochim nous met face au défi de la retenue dans la puissance, pour construire un monde de bonté pour le futur, un monde qui sera entièrement rempli de sainteté.