Le venin du serpent africain mamba noir est l’un des poisons les plus mortels que l’on connaisse. Sa morsure est d’abord ressentie comme une légère piqûre, puis provoque un picotement. En quelques minutes, le système nerveux central commence à défaillir, aboutissant à la paralysie, des convulsions et une mort par étouffement.
Les chercheurs ont récemment découvert que ce venin mortel contient également deux analgésiques puissants appelés mambalgines qui sont aussi efficaces que la morphine. En outre, contrairement à la morphine, les mambalgines n’induisent pas de dépendance et n’ont pas d’effets secondaires dangereux. Le même serpent qui provoque une mort affreuse détient également la clé d’un incroyable soulagement.
L’un des poisons les plus mortels que l’on connaisseDe la même manière, dans la lecture de la Torah de cette semaine, lorsque les Enfants d’Israël furent attaqués par des serpents venimeux, D.ieu dit à Moïse de fabriquer un serpent de cuivre et de le disposer dans le camp. Tous ceux qui regardaient le serpent seraient guéris. (Ceci est la source de l’enseigne médicale bien connue d’un serpent sur un pieu.)
Comment l’agent de destruction peut-il devenir l’agent de guérison ?
La raison en est qu’il n’y a pas de mal absolu. Chaque mal possède, caché en son sein, un potentiel de bien. Un exemple de cela est que la guematria (valeur numérique) du mot hébraïque pour « serpent », na’hach, est équivalente à celle du mot Machia’h. Machia’h mettra fin à l’exil et réparera les dommages causés au monde par le péché de l’Arbre de la Connaissance, qui fut causé par un serpent.
« C’est magnifique, pourriez-vous dire, mais je ne le vois pas. Je vois un monde rempli de mal et de souffrance. Pourquoi D.ieu crée-t-il du mal juste pour le potentiel du bien ? »
Je pourrais dire que la souffrance nous ennoblitJe pourrais dire que la souffrance nous ennoblit, nous rend plus compatissants et sensibles à la souffrance d’autrui. Je pourrais prétendre que la souffrance procure le contraste qui nous permet d’apprécier le bien. Je pourrais affirmer que nous avons besoin de descendre pour pouvoir ensuite nous élever. Et je pourrais même affirmer que la souffrance n’est en fait qu’une forme cachée et sublime de bien.
Mais vous ne seriez pas satisfait. « D.ieu est le maître de l’univers, diriez-vous. Il a conçu ce monde et tout ce qu’il renferme. Il aurait pu nous permettre de connaître l’élévation sans la descente, le raffinement sans la souffrance, la rédemption sans l’exil. Ce fut Son choix de créer le mal, ou au moins ce que nous percevons comme étant du mal. Il a créé le venin, et Il a créé l’antidote. »
Et je ne saurais quoi vous répondre.
Lorsque le Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, de mémoire bénie, a discuté de ce concept lors d’un rassemblement ‘hassidique, sa voix s’est étranglée de larmes : « Pourquoi devons-nous avoir cette détresse... la Chekhina est en exil... Machia’h est en exil... chaque Juif est en exil, sans qu’on en voie la fin ?... »
Le Rabbi conclut que nous ne pouvons pas comprendre la souffrance parce que D.ieu ne veut pas que nous la comprenions. Il ne veut pas que nous l’acceptions, la justifiions ou la rationalisions d’aucune façon. Il veut que nous protestions à son encontre et que nous nous employions à y mettre un terme. Et s’il nous était possible de comprendre la souffrance, même un tant soit peu, cela réduirait notre motivation à l’éliminer.
Il est écrit dans le livre d’Isaïe que, lorsque Machia’h viendra, nous dirons : « Merci, D.ieu, d’avoir été en colère contre moi. »1 En d’autres termes, nous nous rendrons alors compte que les événements douloureux que nous avons connus, les manifestations de la colère de D.ieu, étaient en réalité un bien suprême.
Il est encore trop tôt pour l’apprécierMais il est encore trop tôt pour l’apprécier. Tant que la souffrance se poursuit, tant qu’il existe une créature vivant dans la douleur ou en exil, nous ne sommes pas prêts à remercier D.ieu pour la souffrance. C’est seulement lorsque l’exil s’achèvera que nous aurons la possibilité de regarder en arrière et de rendre grâce à D.ieu pour toutes les bénédictions cachées. Pour l’instant, nous pouvons seulement exiger de D.ieu d’accomplir Sa promesse d’« avaler la mort à jamais, et d’essuyer les larmes de tous les visages. »2
(Basé sur un discours du Rabbi, Hochaana Rabba 5744.)
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