Il y a des moments forts dans la vie, de merveilleux moments de joie et de sentiment d’accomplissement. Il y a aussi des moments bas et sombres, des moments d’obscurité. Des moments où de magnifiques édifices sont détruits et où tout semble perdu. Pourtant, là encore, la roue de la vie continue de tourner et, de nouveau, le soleil brille, de nouveau, nous ressentons la plénitude, le bien-être et la joie. Ce passage cyclique de l’obscurité à la lumière s’exprime en ce Chabbat, le Chabbat qui suit le 9 Av, le jeûne qui commémore la tragédie de la destruction des premier et second Temples de Jérusalem.

Le haftarah qui suit la lecture de la Torah du Chabbat reflète généralement un sujet de cette lecture. L’élément principal de la lecture de cette semaine, Vaet’hanane,1 est les Dix Commandements.2 Pourtant, la haftara est tirée d’Isaïe,3 et traite de consolation : « Consolez mon peuple, consolez-les... », dit D.ieu aux prophètes. Après la destruction vient la renaissance et la reconstruction. Après la destruction du premier Temple vint la construction du second. Après la destruction du second Temple viendra l’avènement du Messie et la construction du troisième Temple. Le sentiment de consolation après l’obscurité de la destruction est si fort que ce n’est là que la première d’une série de sept haftarot qui seront lues semaine après semaine, portant toutes sur le thème de la promesse de la rédemption.

Le sentiment de plénitude restaurée s’exprime aussi par le fait que le 15 Av tombe toujours à proximité de Vaet’hanane. La Michna4 nous dit que « les plus grandes fêtes pour le peuple juif étaient Yom Kippour et le quinze Av ». Elle décrit la coutume des jeunes filles de Jérusalem d’emprunter des robes blanches, de sorte que même la plus pauvre d’entre elles ne soit pas gênée d’en emprunter une, et de danser ensemble dans les vignobles de Jérusalem. Le Talmud, expliquant la Michna, donne plusieurs raisons pour ces festivités. La plupart de ces raisons sont liées, d’une manière ou d’une autre, avec l’idée de réparer un tort.5

Les sages nous disent que le quinzième jour de chaque mois juif est important, parce que, conformément au calendrier lunaire, la lune est pleine ce jour-là. La lune représente le peuple juif, ainsi que la Présence Divine, la Chekhinah, qui a une qualité féminine. Mais le 15 Av a un potentiel de joie particulier qui dépasse celui du quinzième jour de tous les autres mois, du fait de la si terrible descente du 9 Av qui le précède. La lumière et la joie qui suivent l’obscurité ont une puissance redoublée.

Le Rabbi de Loubavitch souligne que cette idée peut nous aider même si nous sommes encore à l’étape de la descente dans les ténèbres. L’obscurité et la désolation ne doivent pas être une cause de désespoir : au contraire, elles soulignent la grande joie qui va suivre. Plus grande est l’obscurité, plus grande seront la lumière et la joie qui suivront. Être conscient de cette vérité fondamentale nous permet de trouver de la joie au moment le plus sombre. Cet enseignement s’applique à nous en tant qu’individus, hommes et femmes, et également en tant que peuple juif dans sa globalité.

Le cycle de consolation est également visible dans la lecture de la Torah de cette semaine. Moïse décrit au peuple juif comment, quarante ans auparavant, ils ont entendu les Dix Commandements de D.ieu. La lecture ne le mentionne pas, mais ils savaient – et nous savons – qu’après les Dix Commandements, ils firent le Veau d’or, puis beaucoup d’autres erreurs qui entraînèrent leur errance de quarante ans dans le désert. Mais maintenant les voilà sur le point d’entrer dans la Terre Promise. Moïse leur rappelle les Dix Commandements de D.ieu, et ils sont maintenant en mesure de les entendre avec une innocence restaurée.6 Eux et nous, après notre long voyage, comme individus et comme peuple, avons quitté le royaume des ténèbres, et sommes sur le point d’entrer dans la lumière...7