Une nouvelle vie pour tous
Chers amis,
Il y a un mois de cela, ma collègue, la Rabbanit Chani Benjaminson vous demandait de prier pour moi, qui avais subi un AVC à l’âge de 44 ans.
Je vous écris aujourd’hui pour vous dire que D.ieu a écouté vos prières, vos souhaits et vos bons sentiments et vous en remercier du fond du cœur, ainsi que pour les messages que certains d’entre vous ont gentiment envoyés à la rédaction. Je suis actuellement en convalescence et ne souffre pas de séquelles invalidantes, D.ieu merci.
Cette expérience et tout ce qui l’accompagne me font cependant m’interroger sur le sens de cette « nouvelle vie » de survivant qui commence pour moi. En effet, avoir bénéficié d’un miracle médical force à l’introspection. Car la question se pose : pourquoi ? À quoi bon ? Cet effrayant et douloureux épisode n’a-t-il pour résultante que de reprendre exactement la même vie qu’avant ?
Impossible.
J’en veux pour preuve le Chabbat très particulier que nous allons tous vivre cette semaine : Chabbat Ha’Hodech. « Parachat Ha’Hodech » est la dernière des « Quatre Parachiot » que nos Sages ont instauré de lire à la synagogue lors du mois d’Adar dans un second rouleau de la Torah après la paracha régulière de la semaine. (De fait, ce Chabbat, nous sortirons et lirons non pas deux, mais trois rouleaux de la Torah, car c’est également Roch ‘Hodech.)
Parachat Ha’Hodech relate le premier commandement du Judaïsme donné aux Israélites alors qu’ils étaient encore retenus en Égypte : la fixation du Nouveau Mois d’après le cycle de la lune, ce qui permit ensuite de définir les dates constituant les étapes de la Délivrance d’Égypte : la préparation de l’agneau pascal, son abattage, puis sa consommation avec des Matsot et des herbes amères lors de la nuit de la Plaie des Premiers-nés.
Cette sanctification de la néoménie, nous enseignent nos Sages, est liée au fait que le peuple juif est comparé à la lune. Celle-ci est toujours présente, mais connaît pourtant des phases de rapprochement et d’éloignement du soleil qui font varier son apparence à nos yeux. Lorsque la lune est la plus proche du soleil, elle nous est complètement voilée. Puis sa lumière surgit de nouveau, une nouvelle lumière jaillit dans l’obscurité, lumière qu’elle nous relaye bien sûr du soleil et qui permet de voir une nouvelle réalité, une réalité rédemptrice.
Ainsi le peuple juif, malgré les difficultés qui ont jalonné son histoire, a toujours su se renouveler après avoir semblé s’éteindre, et renouveler son apport au monde.
C’est ainsi que la parachat Ha’Hodech nous invite à aborder la prochaine fête de Pessa’h dans cet esprit : notre sortie d’Égypte personnelle n’a pas pour seul objet de nous affranchir de toutes les servitudes avec en premier chef celle du mauvais penchant, mais de faire de nous des « êtres libres », à même d’imprégner le monde de la liberté d’entrer en contact avec D.ieu.
Telle est l’esprit qui mène ma réflexion suite à ma maladie : comment, après ce « reboot », puis-je hisser ma vie personnelle, professionnelle, familiale, sociale à un « autre niveau », à la fois en restant qui je suis, et en devenant quelqu’un de radicalement nouveau.
Je vous souhaite à tous une fête de Pessa’h cachère et joyeuse et de vous renouveler vous aussi à la faveur de ce Chabbat Ha’Hodech pour que votre âme inonde votre entourage de sa lumière divine comme jamais elle ne l’a fait.
Je m’associe également aux prières pour la guérison de tous nos chers malades, pour lesquels vous pouvez demander la bénédiction du Rabbi de Loubavitch en cliquant ici.
Puissions-nous n’avoir jamais que de bonnes nouvelles à échanger.
Emmanuel Mergui
Rédacteur-en-Chef, Fr.Chabad.org