Tous les sept ans, le peuple juif tout entier était rassemblé dans la cour du Temple pour écouter le roi lire la Torah.

Durant des générations – depuis la destruction du Temple de Jérusalem – la Mitsva de Hakhel était restée théorique.

On en parlait, on en étudiait tous les détails, on l’évoquait avec nostalgie. Mais dans notre génération, Hakhel a pris une toute autre dimension : Hakhel, c’est aujourd’hui ! Hakhel c’est maintenant ! Hakhel peut et doit être un phénomène tangible à notre époque ! Une année de Hakhel – comme cette année – est l’occasion de réunir les Juifs ensemble, quelle que soit l’occasion, chaque Juif et tous les Juifs, hommes, femmes et enfants !

Dans ma communauté de Conejo en Californie, je suis particulièrement proche d’un médecin qui a trois fils. L’un d’entre eux, Matt, poursuit ses études à l’Université d’Arizona. Là il est devenu un visiteur régulier du Beth ‘Habad de Rav Yossef Winner et il y participe à de nombreuses activités.

Comme vous le savez, chaque année, un grand « Chabbat plein » est organisé dans le quartier de Crown Heights, à Brooklyn, pour les étudiants de toutes les universités américaines qui ont eu des contacts avec les émissaires Loubavitch de leurs campus. Là, ils ont droit à des conférences de haut niveau, ils sont hébergés dans des familles et passent un Chabbat extraordinaire.

Bref, Matt s’inscrivit pour ce Chabbat plein. En arrivant, il regarda par curiosité la liste des noms de tous les participants. Quelle fut sa stupeur en constatant qu’une jeune fille venue de Caroline du Nord – avec le groupe de Rav Zalman Bluming – portait le même nom de famille que lui, un nom assez rare d’ailleurs.

Son prénom était Sasha. Il se renseigna, demanda à droite et à gauche et finit par la trouver. Il se présenta : Je suis Matt... d’Agoura en Californie, j’étudie à l’Université d’Arizona et j’ai remarqué que nous portons le même nom. Je me demande si nous ne sommes pas en famille...

Tous deux se mirent à raconter ce qu’ils savaient de leurs familles paternelles respectives. Il s’avéra que le père de Matt, le docteur, avait un frère qui, pour une raison depuis longtemps oubliée, s’était brouillé avec ses parents. Il avait carrément coupé tout contact avec eux. Le père de Matt crut bon alors de faire la morale à son frère : « Si tu continues à causer tant de peine à nos parents, alors moi aussi je ne t’adresserai plus la parole ! »

Vous l’avez compris, les deux frères ne s’étaient plus parlé depuis pratiquement vingt ans. Et par le plus grand des « hasards » - ces deux jeunes gens se rencontraient pour la première fois à Crown Heights : des cousins germains qui, jusque-là, avaient même ignoré l’existence l’un de l’autre !

Tous deux décidèrent que cette querelle de famille n’avait que trop duré. Ils décidèrent d’agir concrètement. Matt informa Sasha que son grand frère allait se marier d’ici quelques mois : « Ce sera le moment idéal. Viens au mariage, je t’invite ! »

Le vendredi soir précédant le mariage, la famille avait prévu d’inviter les amis et les proches à passer Chabbat ensemble au Beth ‘Habad. Juste avant que la prière ne commence, cette jeune fille de dix-neuf ans entra dans le Beth ‘Habad, se dirigea vers une vieille dame assise sur une chaise roulante et dit : « Grand-mère ! Je suis ta petite-fille Sasha ! »

Soudain, de l’autre côté de la Me’hitsa (la paroi qui sépare les hommes des dames) j’entendis des sanglots. Des pleurs déchirants. Une vieille dame avait le bonheur d’embrasser sa petite-fille pour la première fois de sa vie ! C’est un des moments les plus émouvants auxquels il m’a été donné de participer.

Au cours des dix mois qui suivirent cette mémorable rencontre, les deux branches de la famille ont pris les mesures qui s’imposaient, ont resserré leurs liens : mère et fils, frère et frère etc… D.ieu soit loué, tout est revenu en ordre !

Un Chalia’h (émissaire du Rabbi) en Caroline du Nord, un Chalia’h en Arizona, un Chalia’h en Californie, un Chabbat plein à Crown Heights… Tel est le réseau en action…

Le Rabbi nous demande de sortir et d’apporter de l’inspiration à d’autres Juifs… Souvent nous agissons en ignorant l’implication de ce à quoi nous touchons… Tout ce que nous savons, c’est que nous devons contribuer au grand Hakhel, contacter encore un Juif et encore un autre. Les bénédictions et les miracles suivent ! 

Extrait du discours prononcé par le Rav Moshe Bryski au Congrès International Annuel des Chlou’him du Rabbi