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Mots connexes: instruction הוראה, guide מורה
La Torah en Cinq Livres
Le mot Torah signifie littéralement « instruction », c’est-à-dire une forme d’orientation dans la vie.
Mais lorsque les Juifs disent « Torah », ils ont probablement en tête les Cinq Livres de Moïse, qui constituent le fondement de toute instruction et de tout orientation juive. Nous l’appelons aussi le ‘Houmach, de l’hébreu ‘hamech qui signifie cinq, tout comme le titre, pas-si-juif et quelque peu archaïque, de Pentateuque, vient du préfixe grec penta signifiant également cinq.
Souvent, lorsque les gens parlent d’« une Torah », ils font référence à un rouleau de parchemin comprenant les Cinq Livres de Moïse qui est conservé dans l’arche de la synagogue et qui est sorti pour être lu pendant les offices.

La Torah en 24 livres
Les Cinq Livres de Moïse sont une section d’une collection de textes également appelée « Torah », mais autrement connue sous le nom de Tanakh (תנ"ך).
TaNaKh est l’acronyme des mots :
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Torah : le ‘Houmach (les Cinq Livres de Moïse) – décrit ci-dessus.
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Nevi’im (les Prophètes)
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Ketouvim (les Écritures, tels que les Psaumes, les Lamentations ou les Proverbes).
Il existe cependant une distinction.1 Bien que tous les livres de la Torah soient vénérés comme des œuvres divines, le ‘Houmach occupe une place unique. La raison en est que le ‘Houmach est l’œuvre de Moïse, et que la véracité de la prophétie de Moïse est fondée sur une expérience nationale : l’événement survenu au mont Sinaï, au cours duquel la nation tout entière fut témoin de la communication de D.ieu avec elle.
Jusqu’à ce moment-là, le peuple ne pouvait pas être entièrement certain que ce que Moïse lui disait venait vraiment de D.ieu. Ils n’avaient aucune preuve empirique, si ce n’est que Moïse accomplissait des miracles – mais que démontrent les miracles ? Seulement une capacité d’accomplir quelque chose de surnaturel. Ils ne sont pas la preuve que D.ieu vous a parlé à ou a parlé à qui que ce soit d’autre. C’est pourquoi ce n’est que lorsque les Enfants d’Israël virent et entendirent par eux-mêmes qu’ils n’eurent plus de doutes.
Toutes les autres prophéties du Tanakh, qu’il s’agisse de Samuel, d’Isaïe ou de Daniel, sont le témoignage d’un seul individu. On ne les croit que parce que Moïse nous a ordonné – au nom de D.ieu – de croire et d’obéir aux prophètes qui remplissent les critères qui ont été clairement fixées dans la Torah. Une personne qui parle au nom de D.ieu mais qui ne remplit pas ces conditions doit être sévèrement punie, quels que soient les miracles qu’elle peut accomplir.2
Il est donc évident qu’aucun prophète ne peut ajouter ou retrancher quoi que ce soit à ce que Moïse a enseigné, puisque leur crédibilité repose entièrement sur son autorité.3 Les prophètes ne viennent que pour expliquer, développer et exhorter le peuple à observer « la Torah de Moïse », comme l’a dit le dernier d’entre eux, Malachie : « Souvenez-vous de l’enseignement de Mon serviteur Moïse, à qui J’ai ordonné à Horeb des lois et des règles pour tout Israël. »4
Pour lire l’exposé de Maïmonide sur cette distinction, cliquez ici et lisez les trois chapitres suivants.
Le Tanakh est parfois désigné par le reste du monde comme « la Bible hébraïque ». Les Juifs ont écrit de nombreux autres livres d’histoire, de sagesse et de prophétie, mais aucun d’entre eux n’était considéré comme divin et éternel au point d’être inclus dans le Tanakh.
Je pourrais donc aussi dire : « Le Cantique des cantiques est un livre de la Torah », même s’il ne fait pas partie des Cinq Livres de Moïse.

La Torah Orale – une Torah infinie
Toute œuvre nécessite une connaissance et une compréhension de son contexte pour donner un sens à son contenu, à plus forte raison une œuvre censée transmettre toutes les instructions nécessaires à une nation entière et à chaque individu dans toute situation, et ce, pour toujours.
C’est pourquoi nous avons « la Torah Orale » (en hébreu : Torah chébé’al Peh תורה שבעל פה). Et celle-ci est littéralement sans fin.
Dans les Cinq Livres de Moïse, nous lisons à plusieurs reprises comment Moïse transmettait les instructions de D.ieu au peuple. Mais il est évident que Moïse enseigna beaucoup plus que ce qui pouvait être mis par écrit dans ces cinq livres.
Par exemple, il nous est dit par écrit que l’on doit « se reposer le septième jour », mais il n’y a pas d’explication écrite de la nature de ce repos. Il nous est dit d’abattre les animaux avant de les manger « comme je vous l’ai ordonné »5 – mais il n’y a aucune description de la sorte d’abattage qui est commandée.
Les exemples sont presque infinis. Il y a tellement de manques et d’ambiguïtés que l’on ne peut guère tirer de loi pratique du texte seul.
Ajoutez à cela le fait que la Torah écrite ne contient pas les voyelles nécessaires à la lecture de l’hébreu biblique. Le mot ‘halav qui signifie « lait », par exemple, a les mêmes consonnes que le mot ‘helev qui veut dire « graisse ». Dans de nombreux cas, le seul moyen de connaître la différence est la tradition. Il n’y a pas non plus de ponctuation dans le texte écrit.
(Il n’est donc pas étonnant que lorsque les premiers protestants ont commencé à traduire la Bible hébraïque en langue vernaculaire, ils furent contraints de s’appuyer sur la tradition juive de la ponctuation et des voyelles, ainsi que sur les commentateurs juifs classiques pour connaître le sens simple du texte.)
La Torah ordonne également aux anciens de « garder les enfants d’Israël loin de l’impureté ! »6 Elle dit : « Gardez Mes gardes ! »7 Ce qui signifie que si les dirigeants spirituels constatent que leur génération est plus sujette à la tentation que les précédentes – ou qu’elle ne peut tout simplement pas être aussi prudente qu’avant –, il est temps d’ajouter quelques avertissements pour les tenir davantage à distance de la faute.8 De nombreuses précautions de ce type furent ajoutées au début de l’histoire juive sans être consignées dans un document public.
De plus, de temps en temps, les sages et les dirigeants du peuple ont utilisé les principes d’interprétation transmis par Moïse pour déduire de nouvelles règles, ou retrouver celles qui avaient été oubliées. Ils ont également établi de nouveaux édits pour protéger la loi ou pour l’appliquer à de nouvelles situations lorsqu’elles se présentaient, comme pour Pourim et ‘Hanouka. La Torah elle-même confère une grande autorité aux soixante-dix anciens et aux « prêtres et aux sages qui seront de votre temps » pour répondre à « tout ce qui est difficile pour vous », au point que « vous ne devez pas vous détourner de leurs paroles ni à gauche ni à droite ».9
La Torah Orale est un organisme vivant et croissant qui ne peut être capturé par un filet d’encre sèche sur une page.Ainsi, la majeure partie de la Torah dut être transmise oralement, de père en fils, de maître en élève.10 Elle ne pouvait être transmise que de cette manière, en raison de sa nature même. Alors que la Torah Écrite est un texte sacré lié à un nombre précis de mots, la Torah Orale est un organisme vivant et croissant de sagesse, de profondeur et de connaissance qui prospère dans les eaux d’une relation maître-élève et ne peut être capturée par un filet d’encre sèche sur une page. Pourtant, le noyau essentiel de cette tradition orale finit par être mis par écrit, afin qu’il ne se perde pas.11
Étant donné que cette tradition orale est également une partie essentielle de l’instruction divine, elle est également appelée « Torah » – la Torah Orale. Elle comprend :
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la lecture correcte du texte, sa ponctuation, ses voyelles et sa cantillation, ainsi que le sens des mots.
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la compilation des lois et des règles appelée Michna, ainsi que d’autres compilations acceptées, telles que le Sifri, le Sifra, le Mekhilta, la Braïta et la Tossefta.
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la discussion et le débat sur ce matériel, appelée Talmud ou Guemara,
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les ouvrages ésotériques (souvent connus sous le nom de Kabbale) et les guides éthiques basés sur la Torah et composés par des érudits de la Torah,
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les histoires et leurs leçons rassemblées dans le Talmud et les ouvrages midrashiques,
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tout autre enseignement qui a été accepté par un consensus pérenne de la communauté juive pratiquante, parce qu’il est fermement fondé sur un précédent, ou parce qu’il a été démontré qu’il émerge, par des moyens acceptés, de textes et d’opinions antérieurs.
Comme l’affirme le Talmud, « Écritures, Michna, Talmud et Aggadah (anecdotes et paraboles), même ce qu’un étudiant diligent est destiné à enseigner devant son maître, tout a déjà été dit à Moïse au Sinaï ».12
Alors, oui, un ami pourrait vous dire : « Tu aurais dû entendre l’étonnante Torah que le rabbin a prononcée au nom de son maître ce matin ! »
Si vous lui demandez : « Quel livre de la Torah ? », il pourrait répondre qu’il n’a pas encore été écrit. C’est parce que la Torah Orale est toujours vivante et grandit dans l’esprit et la bouche de ceux qui l’étudient, croient en elle et l’embrassent. Nous expliquerons plus tard comment cela fonctionne exactement.

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