La lecture de la Torah de cette semaine décrit la consécration du Sanctuaire dans le désert. En écho à ce récit, la Haftara décrit comment l’Arche fut amenée à Jérusalem par le roi David en préparation de la construction du Temple.
En accompagnant l’arche, le roi David fut transporté de joie : la présence divine allait demeurer dans la cité qu’il avait édifiée. En conséquence, « le roi David dansait avec exultation et bondissait devant D.ieu ».
Sa femme, Michal, fille du roi Saül, regarda par la fenêtre et fut consternée par l’attitude de son époux. Quand il rentra chez lui, elle lui reprocha : « Quelle gloire aujourd’hui pour le roi d’Israël, qui s’est découvert aujourd’hui [...] comme l’un de ces hommes de rien qui se découvre sans pudeur ! »
David lui répondit avec fermeté : « C’est devant D.ieu qui m’a choisi plutôt que ton père [...] que je m’humilierai encore davantage. »
Pourquoi l’Écriture fait-elle référence à Michal comme « la fille du roi Saül » et pourquoi David mentionne-t-il le choix de D.ieu en sa faveur plutôt que Saül ? Car c’est là le cœur du problème. David signifiait clairement à Michal que sa capacité à s’abandonner, à se donner entièrement à D.ieu sans aucune retenue était la raison pour laquelle D.ieu l’avait élu, lui et non Saül. Saül avait agi selon sa propre logique. Bien sûr, Saül s’était certes voué à accomplir la volonté divine, mais seulement dans la mesure de sa compréhension. Il fut incapable d’aller complètement au-delà de lui-même. Pour David, en revanche, cette capacité constituait l’essence même de sa relation avec D.ieu : il ne connaissait pas de contraintes ; il se vouait entièrement à D.ieu.
De là jaillit sa félicité sans bornes. Sa danse n’exprimait pas une joie personnelle ; son allégresse ne provenait pas de la réalisation de la grandeur de ce qu’il avait accompli. À vrai dire, toute pensée l’avait quitté à ce moment. Il était en présence de D.ieu et se livrait à une célébration sans entraves. Car tout comme D.ieu est infini et transcende toute définition, de même, le service de l’homme envers Lui ne saurait connaître de limites. Il était bien au-delà du calcul de ce qui constituait « une tenue digne et bienséante ». Son « moi » s’effaçait totalement – il ne faisait qu’un avec la Divinité, devant Laquelle il n’est pas possible pour un mortel de se considérer grand.
Maïmonide l’exprime de façon très concise : « Quiconque se montre orgueilleux, recherchant son propre honneur [...] dans de telles situations, il est un pécheur et un sot. À ce sujet, Salomon a mis en garde : “Ne recherche point la gloire en présence du Roi.” [À l’inverse,] quiconque s’abaisse et fait peu de cas de sa personne [...] est véritablement une personne grande, digne d’honneur. »
Quand on se réjouit de cette manière, alors – pour citer à nouveau Maïmonide : « La joie avec laquelle une personne devrait se réjouir dans l’accomplissement des mitsvot et l’amour de D.ieu qui les a commandées est véritablement un grand service. »
Regard vers l’horizon
La Torah met l’accent sur le fait que la consécration du Sanctuaire se déroula le huitième jour. Pourquoi le huitième ? Parce que l’ordre naturel du monde repose sur une structure de « sept », comme l’indiquent les sept jours de la semaine. « Huit » représente la transcendance de la nature. Par conséquent, le Sanctuaire où la présence de D.ieu – une révélation de la Divinité transcendant la nature – se manifestait, fut consacré le huitième jour.
Le chiffre huit résulte de l’addition de sept et un. « Un » désigne la transcendance de D.ieu, mais tel qu’Il existe seul, au-delà de ce monde. Le chiffre huit illustre la manière dont le « un » imprègne le « sept ». Contrairement à « un », il ne fait pas référence à une pure transcendance qui ne laisse aucune place au naturel. Au lieu de cela, il indique une fusion du transcendant et du naturel, comment Sa transcendance imprégnera et pénétrera l’ordre naturel symbolisé par sept.
Pour cette raison, nos Sages associent le nombre huit à l’ère messianique, affirmant que la harpe qui sera jouée dans le Temple à cette époque aura huit cordes (plutôt que la harpe à sept cordes jouée dans les générations précédentes), car la conscience nouvelle qui se fera jour à l’ère de Machia’h effacera la dichotomie entre le physique et le spirituel. En ces temps, notre conscience spirituelle imprégnera nos activités physiques, leur conférant une profondeur et une signification intérieures.
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