Dans la lecture de la Torah de cette semaine, il est fait mention des éléments nécessaires à l’assemblage du Michkane, le Sanctuaire dans le désert : « [Ils feront...] les piquets du Tabernacle, les piquets de la cour et leurs cordages » (Exode 35,18). Rachi explique que ces piquets étaient enfoncés dans le sol pour maintenir les tentures en place et que les cordages servaient à les attacher solidement, afin qu’elles ne s’agitent pas sous l’effet du vent.

Au-delà de la description technique, cet agencement nous offre une métaphore puissante de l’Histoire juive. Les générations qui nous ont précédés sont comparables aux bâtisseurs du Michkane lui-même : elles ont posé les fondations, érigé les structures et tissé les tentures. Quant à nous, nous appartenons à la dernière génération avant la venue de Machia’h. Notre rôle ? Nous sommes ceux qui attachent les cordages aux piquets, stabilisant l’édifice et l’empêchant de vaciller.

À première vue, cette tâche peut sembler minime en comparaison avec les accomplissements des géants spirituels du passé. Comment notre humble contribution pourrait-elle égaler les réalisations des grandes âmes qui nous ont précédés ? Pourtant, c’est précisément cette ultime étape qui finalise l’ensemble. Sans ces derniers nœuds, même le plus majestueux des sanctuaires resterait inachevé.

Nous vivons à l’ère du « talon », la dernière phase de l’exil avant la venue de Machia’h. Nos actions peuvent paraître simples, mais elles portent en elles la responsabilité de concrétiser les efforts accumulés à travers les âges. C’est par notre engagement quotidien dans la Torah et les mitsvot que nous assurons la présence divine dans le monde matériel, ancrant la spiritualité dans la matière.

Le Talmud enseigne qu’un acte est attribué à celui qui le termine. Ainsi, le mérite de toutes les générations précédentes nous revient lorsque nous menons leur œuvre à son accomplissement. Nous sommes le dernier maillon de cette chaîne millénaire, et c’est par nos mitsvot que le sanctuaire est parachevé, ouvrant la voie à la Délivrance finale.

Machia’h est à portée de main. À nous de faire ce dernier nœud.