La section Vayichla’h de la Torah se termine par une courte liste des rois d’Édom – les descendants d’Ésaü – et leurs lieux d’habitation. Elle est suivie de la section Vayéchev, dans laquelle on nous raconte comment Jacob s’installa en Canaan, et où est relatée en détail l’histoire de sa descendance.
Le lien entre Vayéchev et la conclusion de Vayichla’h est expliqué par nos Sages par la parabole suivante1 :
« Cela ressemble à un roi qui possédait une perle enfouie dans la terre et les ronces. Le roi dut sonder la terre et les ronces afin de retrouver la perle. L’ayant récupérée, il se défit de la terre et des ronces pour ne plus s’occuper que de son trésor. »
Ici également, il était impossible de décrire l’établissement de Jacob en Canaan et de raconter l’histoire de ses enfants sans d’abord résumer la section concernant Édom, les descendants d’Ésaü.
Pourquoi, en effet, un tel préambule était-il nécessaire ? De plus, la parabole semble suggérer que Jacob était « caché » parmi les descendants d’Ésaü, alors que presque tous les Édomites n’apparaissent qu’après la disparition de Jacob. En outre, pourquoi la « perle » se trouvait-elle au milieu de la « terre » et des « ronces » ?
Le but de l’établissement de Jacob en Canaan n’était pas seulement que lui et ses enfants puissent habiter en Erets Israël, mais aussi, comme Jacob le dit à Ésaü, qu’il puisse rester à proximité de son frère « jusqu’à ce que je vienne vers [toi], mon seigneur, à Séir »,2 ce qui, comme l’explique Rachi,3 renvoie à l’accomplissement de la promesse « au temps de la venue de Machia’h... où “des libérateurs4 monteront sur le mont Sion pour juger la montagne d’Ésaü” ».
C’est ce que nos Sages suggèrent à travers la parabole de la perle : l’allusion ne concerne pas simplement l’établissement de Jacob en Erets Israël, mais son but final : « venir à Séir ». Puisque cela ne peut être atteint qu’en œuvrant dans les « lieux d’habitation d’Ésaü et de sa descendance », c’est-à-dire en purifiant et en élevant les étincelles de sainteté dissimulées dans la matérialité, la perle de Jacob est décrite comme étant cachée dans la « terre et les ronces » d’Ésaü.
Voilà une leçon essentielle pour les Juifs en exil : le but de tous les exils, et particulièrement de cet exil final, l’exil d’Édom, est de purifier et d’élever les étincelles de sainteté (les perles) qui se trouvent dans les choses matérielles5 – la terre et les ronces.
Au sein de la matérialité même, il existe deux catégories distinctes, auxquelles nos Sages font allusion par « la terre » et « les ronces » :
La « terre » désigne les choses permises qui ne font que voiler les étincelles de sainteté qu’elles contiennent. Un Juif peut, par son service spirituel, purifier ces étincelles et les élever.
Les « ronces », en revanche, font référence aux choses matérielles qui sont interdites, et qui dissimulent si profondément la sainteté qu’elles contiennent que, dans l’ordre naturel des choses, elles doivent être écartées.
De plus, même après qu’une personne « récupère la perle », elle doit « se débarrasser de la terre ». Ainsi, la personne doit manifester que les choses physiques en elles-mêmes n’ont aucune importance. Elle ne s’y consacre que pour avoir accès aux étincelles de sainteté qui y sont dissimulées.
C’est pourquoi « se débarrasser de la terre » est nécessaire pour obtenir la perle : tant que la matérialité elle-même est importante pour celui qui cherche, non seulement il sera incapable d’extraire correctement la perle, mais il est très probable que son attachement aux questions matérielles entraîne sa déchéance spirituelle.6
Ce n’est que lorsque chaque acte physique d’une personne est accompli de manière à ce qu’elle transcende la dimension physique qu’elle pourra élever les étincelles de sainteté enfouies dans la matière. Et par là, la stature spirituelle de la personne elle-même s’en trouve également grandement élevée.
D’après Likoutei Si’hot vol. 15, p. 302-307
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