Une matrone romaine demanda un jour à Rabbi Yehochoua : « Que fait votre D.ieu depuis la Création ? »

« Il arrange des mariages », répondit le sage.

« Mais n’importe qui peut faire cela », répliqua la matrone.

« En êtes-vous sûre ? », rétorqua le sage.

La matrone entreprit alors de prouver son point de vue. Elle prit mille de ses esclaves et mille de ses servantes et les mit en couple, s’attendant à leur avoir donné un bonheur durable. Cependant, dès le lendemain matin, tout avait basculé. Il y eut des disputes, des cris et un chaos absolu.

Manifestement, il y a quelque chose de divin dans le fait d’unir un couple.

Mais les maintenir unis est tout aussi important et, peut-être, tout aussi divin. Ce n’est pas un hasard si le taux de divorce dans les foyers pratiquant la Torah est considérablement inférieur à la moyenne nationale. Ce n’est pas parce que le divorce est tabou. Au contraire, la Torah le permet – et dans certains cas, l’encourage. C’est simplement que dans les foyers pratiquant la Torah, les fondements du mariage sont différents et la vie quotidienne du foyer favorise la communication et l’engagement entre les époux.

Paracha ‘Hayé Sarah

La lecture de la Torah de cette semaine détaille la description des fiançailles et du mariage d’Its’hak et de Rivka, relatant les miracles qui montrèrent que D.ieu l’avait destinée à être l’épouse d’Its’hak. Elle se conclut en déclarant : « Its’hak la fit entrer dans la tente... elle devint son épouse et il l’aima. »

Par cette dernière phrase, la Torah nous enseigne l’approche fondamentale que nous devrions avoir envers l’amour et le mariage. L’amour vient après le mariage, non avant.

Car l’amour véritable a peu de ressemblance avec l’amour romantique dont nous entendons parler dans la société actuelle. La plupart des manifestations de ce type d’amour ont l’autosatisfaction pour but. De ce point de vue, lorsque nous cherchons une personne à aimer, nous recherchons quelqu’un qui nous fera nous sentir bien. Notre motivation est égoïste : nous recherchons ce que nous voulons et ce dont nous avons besoin.

L’amour véritable, nous disent nos Sages, ne dépend d’aucun facteur particulier. Il ne vient pas parce que le partenaire est attirant, que les intérêts sont partagés ou que l’on passe des moments agréables ensemble. Il ne dépend pas de ce que nous pouvons tirer de la relation. Au contraire, l’amour véritable implique le dépassement de soi, le fait d’aller au-delà de ses propres désirs et besoins pour se consacrer à l’autre personne.

C’est pourquoi l’amour véritable implique le mariage, un engagement sans limites. Le mariage est une relation à trois partenaires, un lien entre un homme, une femme et D.ieu. Si D.ieu en est exclu, l’homme et la femme entreront dans une relation basée sur ce que chacun peut en tirer, chacun marchandant avec l’autre, donnant et prenant de façon conditionnelle. À long terme, l’engagement est envers soi-même et non envers l’autre personne.

En revanche, lorsqu’un couple se marie et voit D.ieu comme partie intégrante de leur mariage, leur relation repose sur un fondement de dépassement de soi. Comment deux personnes peuvent-elles ne faire qu’un ? Parce qu’elles vont au-delà de leurs identités individuelles et se concentrent sur le noyau spirituel qu’elles partagent. Chaque âme est une partie réelle de D.ieu. Lorsque nous mettons en lumière la divinité au sein de nos âmes et en autrui, nous pouvons regarder au-delà des préoccupations mesquines qui créent des conflits et des discordes, et nous connecter au noyau spirituel qui nous est commun à tous.

Lorsque l’amour suit le mariage, c’est un engagement adulte et mûr. Chaque partenaire prend soin de l’autre, non pas pour ce qu’il peut obtenir, mais pour ce qu’il peut donner. Ils se consacrent à une vie qui dépasse leur intérêt personnel. C’est pourquoi ils construisent un foyer et une famille, montrant que leur relation ne se limite pas à eux-mêmes, mais sert de source d’influence positive pour leurs enfants et pour tous ceux qui visitent leur foyer.

De plus, ce type d’amour n’est pas moins satisfaisant que l’amour romantique. Certes, il lui manquera les hauts et les bas des montagnes russes que procure la romance, mais l’engagement sera plus profond, plus impliquant et plus authentique. Par conséquent, il sera aussi plus épanouissant. Lorsque deux personnes construisent ensemble un foyer de cette manière, elles connaissent la joie tranquille qui vient du fait d’être simultanément en contact avec soi-même et de se transcender.

Vers l’horizon

Le concept de l’amour avant le mariage et de l’amour après le mariage trouve des parallèles dans notre relation avec D.ieu. Il est expliqué que D.ieu et le peuple juif sont décrits par l’analogie de l’homme et de la femme. Le don de la Torah représente l’étape des fiançailles et le mariage aura lieu à l’ère de la Rédemption.

À présent, notre observance de la Torah et de ses mitsvot comporte un certain élément d’intérêt personnel. Une personne pratique parce qu’elle veut se connecter à D.ieu ; elle veut progresser spirituellement. Certes, ce ne sont pas là des formes ordinaires d’intérêt personnel. Néanmoins, son amour pour D.ieu et son service envers Lui tournent autour de sa personne. Elle cherche à réaliser ses désirs spirituels et à progresser dans son raffinement.

À l’ère de la Rédemption, la divinité dans le monde et dans nos âmes sera manifeste et nous n’aurons plus soif ni désir ardent d’un lien avec Lui. Au contraire, la connexion sera ressentie comme un fait constant de notre existence. Elle ne sera plus recherchée, car elle sera la réalité permanente. Dans cet environnement chargé spirituellement, l’homme accomplira les mitsvot pour D.ieu et non pour lui-même. Nous aurons intégré le fait que chaque mitsva est un moyen d’attirer la divinité dans le monde et, de cette façon, d’amener le monde à son accomplissement ultime.

Nous n’avons toutefois pas besoin d’attendre la venue de Machia’h pour que cet état d’esprit s’affirme. Sachant que c’est la vérité, qu’en fin de compte, le lien entre le monde et la divinité sera révélé, nous pouvons commencer à vivre de cette manière dès maintenant, en agissant de manière tournée vers l’extérieur, en faisant les choses pour les autres et pour D.ieu, et non pas seulement pour nous-mêmes.