Les meilleures années de Jacob
Quand le Tséma’h Tsedek était un jeune garçon, son professeur du ‘Héder lui enseigna le verset : « Et Jacob vécut en terre d’Égypte pendant dix-sept ans »1, lui expliquant que ce furent les meilleures années de la vie de Jacob. Le Tséma’h Tsedek demanda à son grand-père, Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi :
Comment était-il possible que les meilleures années de la vie de Jacob se soient passées en Égypte, un pays dépravé ?
Rabbi Chnéour Zalman lui répondit :
« Avant même qu’il n’arrive, Jacob avait envoyé Judah en Égypte pour y établir une Yéchiva.2 Quand on étudie la Torah, on se rapproche de D.ieu. Cette proximité permet de vivre une véritable vie, y compris en Égypte. »3
Effectivement, la dépravation de l’Égypte éleva la vie de Jacob.
Car la transformation de l’obscurité révèle une qualité de lumière supérieure.
Le fait que Jacob ait établi une vie de Torah au sein de l’obscurité de la société égyptienne, révéla la qualité intrinsèque de la vie qu’il mena et qu’il transmit à ses enfants.
Vivre avec la Torah
Une vraie vie ne peut être attribuée qu’à D.ieu, comme il est écrit « Et l’Éternel ton D.ieu est vrai ; Il est le D.ieu vivant. »4
Tout comme la vérité est ininterrompue et inchangée, la vie est également, par essence, une qualité immuable et éternelle.
Ainsi nos Sages ne qualifient un cours d’eau d’« eau vive » que lorsqu’il coule en permanence, sans période d’assèchement.5
L’existence mortelle, en revanche, est éphémère et sujette au changement.6
Néanmoins, en se rapprochant de D.ieu par l’étude de la Torah, l’homme peut accéder à une certaine dimension de l’éternité divine, comme il est écrit « Et vous qui vous attachez à D.ieu êtes tous vivants aujourd’hui. »7
Tel fut le moteur de la vie de Jacob tout au long de son existence.
Quand la Torah définit la nature de sa personnalité, elle le décrit comme « un homme simple, résidant dans les tentes »8, c’est-à-dire les tentes de Chem et Ever9, les principaux centres d’étude de cette époque.
C’est là-bas que fut forgé et façonné son caractère.
Et pourtant, Jacob ne demeura pas indéfiniment dans ces lieux d’étude.
Sa vie fut jalonnée d’épreuves et de défis divers qu’il sut surmonter, montrant que le lien qu’il avait établi avec D.ieu à travers l’étude de la Torah, était réel.
Et à travers toutes ces situations difficiles, il maintint son lien avec la Torah.
La lumière dans l’obscurité
Jacob connut l’apogée du voyage de sa vie en Égypte.
Il y rencontra des épreuves de nature différente de celles qu’il avait connues au préalable, car il y vécut dans une immense richesse au sein d’une société décadente.
Mais, comme nous l’avons dit plus haut, même avant de pénétrer en Égypte, Jacob avait résolu ces difficultés en envoyant devant lui Judah pour y établir une Yechiva.
Par cet acte, il détermina la tournure de son devenir en Égypte.
Qui plus est, non seulement Jacob s’adonna-t-il alors à l’étude de la Torah, mais il y impliqua ses enfants et ses petits-enfants.
Plutôt que d’accepter les valeurs de la culture environnante, les descendants de Jacob se joignirent à lui dans l’étude. Pour eux, la descente en Égypte constituait une transition radicale : la plus grande partie de leur vie adulte s’était passée en Terre d’Israël, dans une atmosphère de sainteté.
Et pourtant, motivés par l’exemple de Jacob et sous sa direction, ils furent capables d’imprégner l’Égypte de la sainte atmosphère de la Terre Sainte à travers l’étude et le service de D.ieu.
L’engagement indéfectible et sans compromis de Jacob pour la Torah dans toutes les circonstances de son existence est l’expression de la vie véritable dont la Torah l’a animé.
Sa relation avec D.ieu, englobait toute sa vie et pénétrait dans chaque aspect de son être et de sa personalité.
Jacob vit toujours
Ce qui précède permet de comprendre pourquoi cette Paracha est appelée Vaye’hi, « Et il vécut », bien qu’elle parle de la mort de Jacob.
Comme le montrent les événements relatés dans la Paracha, la vie de Jacob fut marquée par une relation à D.ieu qui transcendait les limites physiques.
Et puisqu’il partagea cette qualité avec ses descendants, elle fut perpétuée dans sa postérité au-delà de sa vie mortelle.
Comme le disent nos Sages : « Jacob, notre ancêtre, n’est pas mort. De même que ses descendants sont en vie, il est également vivant. »10
Ce concept ne s’applique pas seulement aux descendant directs de Jacob, mais aux les Juifs de toutes les époques.
La vitalité qui anime un Juif dans son service divin aujourd’hui reflète la vie de Jacob, notre Père.11
Et, inversement, le lien avec la Torah que Jacob entretint est une source de vie pour tous ses descendants à travers les générations.
Il est vrai qu’au cours de l’histoire juive, il y a toujours eu des Juifs qui, du moins en apparence, ne conduisent pas leur vie selon les directives de la Torah. Mais ce n’est là que l’expression de leur réalité extérieure. La vérité profonde est qu’ils sont intrinsèquement vivants et que cette vitalité découle de la Torah et de ses Mitsvot.12
Nos Sages établissent, « Bien qu’un Juif faute, il reste un Juif »13 et le Rambam déclare, « Une personne dont le penchant négatif l’oblige à refuser l’observance d’une Mitsva ou à commettre un péché ... espère [toujours] faire partie du Peuple Juif et désire accomplir toutes les Mitsvot et se séparer du péché. C’est seulement son [mauvais] penchant qui la force [à agir autrement]. »14
Quelle que soit son comportement, chaque membre de notre peuple reste un Juif et possède un lien avec la Torah dans sa totalité. « La Torah que Moïse nous a ordonnée est un héritage de la maison de Jacob. »15
C’est là l’héritage spirituel que Jacob nous a légué, le signe de la perpétuation de sa vie et de notre propre vitalité.
L’Égypte n’est pas définitive
Bien que la faculté de créer un centre de Torah pour ses descendants en Égypte fût une caractéristique de la vie de Jacob, elle ne constitue pas le summum de ses actes.
Car la résidence ultime pour Jacob et ses descendants n’est pas l’Égypte, mais la Terre d’Israël.
C’est pourquoi, Jacob rassembla ses fils avec l’intention de leur révéler le moment de la Rédemption.16
Et il les assura qu’ils seraient sauvés d’Égypte, promettant que « D.ieu sera avec vous et Il vous ramènera vers la terre ancestrale. »17 Car c’est en Terre d’Israël – et plus particulièrement dans la Terre d’Israël de l’ère de la Rédemption messianique – que la vie de Jacob et de ses descendants prospèrera réellement.
Force et encouragement
Ce Chabbat est appelé « Chabbat ‘Hazak » de par la coutume18 de proclamer ‘Hazak, ‘Hazak, Venit’hazèk (« Sois fort, sois fort et que nous soyons renforcés ») à la conclusion de la lecture de la Torah, en reconnaissance pour avoir achevé le Livre de Béréchit – la Genèse.
La conscience nourrie par la lecture de Vaye’hi génère de la force.
Quand un Juif sait qu’on lui a attribué en héritage une vie intrinsèque qui s’exprime dans son lien avec la Torah, et que viendra un temps où cette relation connaîtra une dimension parfaite, il acquiert la force intérieure de relever les défis de son environnement.
En mettant en valeur l’expression de ce potentiel dans l’ensemble notre peuple, nous hâtons le temps lors duquel il atteindra son point culminant dans l’Ère de la Rédemption.
Puisse-t-elle avoir lieu dans le futur immédiat.
Adapté de Likoutei Si’hot vol. 10 p. 160 et suiv.
et Si’hot Chabbat parachat Vayé’hi 5751.
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