« Kora’h, fils de Yitshar... s’assemblèrent contre Moïse et contre Aaron... »

—Kora’h 16,1-3

Cette paracha soulève une question évidente : comment se fait-il qu’une partie entière de la Torah de D.ieu porte le nom d’une personne telle que Kora’h ? Après tout, Kora’h fut un homme corrompu qui ne s’est pas repenti, même avant sa mort. L’Écriture dit : « Le nom du méchant pourrira » (Proverbes 10,7), et nos sages interprètent cela comme signifiant qu’il ne faut pas mentionner le nom des méchants. Pourtant, la Torah commémore le nom de Kora’h pour toutes les générations en donnant son nom à toute une paracha ! Nous devons en conclure que Kora’h devait avoir une vertu particulière.

L’histoire de la rébellion de Kora'h montre qu’il était motivé par la jalousie de la position d’Aaron. Aaron était le Grand Prêtre, et Kora’h n’était qu’un Lévite. Kora’h voulait être Grand Prêtre, comme il est dit : « et tu cherches aussi la prêtrise » (Kora’h 16,10 ; et voir Rachi sur 16,6, selon lequel il a exigé la grande prêtrise). Il voulait être plus qu’un Juif moyen ou même qu’un Lévite. Il recherchait le niveau de Grand Prêtre, dont il est dit : « Aaron a été séparé pour être sanctifié comme saint des saints... pour offrir devant D.ieu, pour Le servir et pour bénir en Son nom à jamais » (I Chroniques 23,13).

Le désir même de devenir Grand Prêtre témoigne d’une noble aspiration de la part de Kora’h. En d’autres termes, il s’agissait d’un homme aux aspirations élevées et sacrées en matière d’accomplissements spirituels. Cet aspect constitue assurément un modèle à imiter.

En outre, le ‘hassidisme explique la rébellion de Kora'h dans le contexte de la rédemption future. Dans les prophéties d’Ézéchiel qui traitent de l’ère messianique, on trouve une expression qui laisse perplexe : « Hakohanim-Haleviyim – les prêtres-Lévites » (Ézéchiel 43,19 et 44,15), fusionnant, pour ainsi dire, ces deux concepts distincts en un seul. Rabbi Isaac Louria explique cette expression en affirmant qu’à l’ère messianique, les Lévites seront élevés au statut supérieur de kohanim (prêtres).

Kora’h voulut en bénéficier à son époque, et il chercha à atteindre ce statut prématurément. Là encore, ce désir et cette aspiration sont essentiellement bons et louables et, en principe, devraient être imités par chaque Juif. Cependant, Kora’h commit une erreur en assemblant une faction pour qu’elle se révolte contre Moïse. Il pensait qu’en agissant ainsi, il pourrait, pour ainsi dire, forcer l’avènement de la rédemption avant son temps. Il ne comprenait pas que la rédemption ne peut pas se produire avant que le raffinement du monde ne soit achevé.

En donnant à la paracha le nom de Kora’h, la Torah approuve ses traits de caractère louables, à savoir l’aspiration à des objectifs nobles et la recherche d’une rédemption immédiate. Il s’agit d’objectifs intemporels pour chacun d’entre nous, même si nous restons conscients de nos limites sur le plan pratique.