En passant devant un restaurant non-casher, un rabbin n’a pas pu s’empêcher de remarquer qu’un membre éminent de sa congrégation entrait à l’intérieur. Il a jeté un coup d’œil par la fenêtre pour voir s’il était vraiment en train de s’asseoir pour manger. Et c’est ce qui s’est passé. Le rabbin attendit patiemment de voir ce qu’il allait commander. Au bout d’un moment, un serveur apporte un chariot avec un plat sous une énorme cloche et dévoile... un cochon rôti avec toutes les garnitures, jusqu’à la traditionnelle pomme dans la bouche.
Le rabbin est choqué. Il se précipite à l’intérieur et accoste son fidèle. « Vous ? Comment avez-vous pu ?! »
« M. le Rabbin », répond l’homme calmement, « c’est un restaurant très chic. Je n’ai demandé qu’une simple pomme et ils en ont fait tout un plat ! »
S’il est un aliment qui fait bouillir le sang juif, c’est bien le cochon. Saviez-vous qu’il existe même des lois de la Torah interdisant de les élever ?1 Et pas seulement en Israël, mais partout. En fait, le Talmud a prononcé une malédiction contre les éleveurs de cochon.2 Le cochon répugne à des millions de Juifs, y compris à ceux qui n’observent pas les autres lois de la cacherout. Je l’ai moi-même entendu si souvent au fil des années : « M. le rabbin, je ne mange pas strictement casher, mais je ne mangerais jamais de porc ! »
Mais pourquoi s’en prendre au pauvre cochon ? D’un point de vue halakhique, un cheeseburger est en fait « pire ». Si nous pourrions, dans certaines circonstances, tirer un avantage financier du cochon, cela nous est interdit d’un mélange cuit comprenant de la viande et du lait.
Il fut un temps où les porcs étaient considérés comme sales et où l’on pensait qu’ils propageaient toutes sortes de maladies horribles comme la trichinose. Mais aujourd’hui, le cochon est considéré comme étant la prochaine source de greffes de cœur humain. Alors pourquoi sont-ils encore si méprisés ?
Nous savons que pour être casher, un animal doit ruminer et avoir des sabots fendus. Le cochon est unique en ce sens qu’il a des sabots fendus mais ne rumine pas.3 Les sages ont donc considéré le cochon comme un modèle de malhonnêteté flagrante. En se vautrant sur le dos et en exhibant ses sabots fendus, le porc semble vouloir montrer son « look casher ». Il se fait passer pour casher alors qu’il est absolument taref. Le cochon est ainsi comparé à Ésaü, qui posait régulièrement à son père des questions halakhiques qui le faisaient passer pour un érudit pieux, alors qu’il était en réalité un meurtrier et pire encore.
Pourquoi [Rome, descendant d’Ésaü] est-elle comparée à un cochon ? Pour t’apprendre que, comme le cochon, lorsqu’il se couche, présente ses sabots et dit : « Regardez, je suis casher ! » – de même le royaume de Rome vole et extorque, tout en donnant l’impression de tenir sa cour et de se conduire avec justice.4
En d’autres termes, ce n’est pas seulement que le cochon n’est pas casher. Beaucoup d’animaux ne le sont pas. Mais plutôt qu’il s’efforce de donner l’impression qu’il est casher !
C’est la tromperie et la duplicité qui le rendent si détestable. En hébreu, nous l’appellerions un « tsavoua », quelqu’un qui se fait passer pour un homme pieux alors qu’il n’est qu’une canaille. Tout comme Ésaü.
Un homme politique s’est présenté aux élections et, lors de sa campagne électorale, il a promis de réduire les impôts. Mais une fois élu, il les a augmentés. Lorsqu’on l’a confronté au fait qu’il avait promis de faire le contraire, il a dit : « Pour vous dire la vérité, j’ai menti. » Les gens furent très impressionnés. Ils n’avaient jamais rencontré un homme politique aussi honnête !
La Torah veut que nous soyons religieux, mais elle attend aussi de nous que nous soyons honnêtes et que nous ne fassions pas de fausses impressions.
Ainsi, plus que le fait d’être simplement non casher, la malhonnêteté et l’hypocrisie du cochon sont ce qui le rend si abominable. Il donne une impression de sainteté alors qu’il est aussi impie que possible.
Je suppose que c’est le sens de l’adage : « Mieux vaut un ennemi que l’on connaît qu’un ennemi qui se déguise en ami ». Il y a des terroristes en tenue de camouflage, mais il y a des terroristes bien plus dangereux en costume-cravate !
S’il plaît à D.ieu, nous serons tous des juifs cashers, non seulement dans nos cuisines, mais aussi dans la façon dont nous menons nos vies.
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