Dans quelle mesure une personne est-elle vraiment libre ? On pourrait penser que nous sommes simplement le produit de nos origines et de notre environnement : nos parents, notre éducation et notre instruction, sans parler des traumatismes que nous avons pu subir dans notre jeunesse. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’enseignement juif met l’accent sur l’importance de l’éducation à chaque étape de la vie, en commençant par les plus jeunes.
Cependant, cette perspective est contrebalancée par un principe contraire, qui ne perd jamais de son importance : la liberté totale dont jouit une personne, quelle que soit sa situation.
La lecture de la Torah de cette semaine, ‘Hayé Sarah,1 en donne un exemple. Nous lisons le récit de la quête d’une épouse pour le fils d’Abraham, Isaac. La recherche aboutit et l’on trouve la belle et jeune Rébecca. Elle est gentille et généreuse, avec de profondes qualités spirituelles, convenant à l’épouse du principal diffuseur de la foi de la génération, car c’est ce qu’Isaac était destiné à être. En outre, les chefs spirituels juifs ont généralement travaillé en tandem, mari et femme. Ce fut le cas d’Abraham et de Sarah, et cela allait être particulièrement vrai d’Isaac et de Rébecca.
Ce qui est intéressant, c’est que, contrairement à son mari, Rébecca était née dans une famille d’idolâtres, et avait vécu dans une société marquée par l’idolâtrie et d’autres types de comportements négatifs. Cependant, malgré son environnement, elle avait su maintenir sa pureté et son individualité. Lorsqu’Éliézer, le serviteur d’Abraham, lui proposa d’épouser Isaac, elle fut ravie à l’idée d’intégrer la famille qui adorait le D.ieu Unique, Créateur du Ciel et de la Terre. Ces sentiments furent rendus manifestes lorsque, à la question de sa famille si elle voulait vraiment partir tout de suite pour aller épouser Isaac plutôt que de rester à la maison une année de plus comme c’était la coutume, elle répondit sans hésiter par l’affirmative. Oui, elle voulait partir immédiatement.2
La réponse de Rébecca fut si catégorique que les Sages la considèrent comme une indication pour tous les futurs mariages qu’un homme ne peut pas épouser une femme contre sa volonté. Son consentement est absolument requis.3
Le Midrash4 qualifie Rébecca de « rose parmi les ronces ». Cela caractérise également la vie de chaque individu. Nous avons tous une âme divine qui recherche la sainteté et le bien, comme Rébecca. Mais cette belle « rose » est également entourée des « ronces » de l’âme animale, les désirs parfois indisciplinés de plaisirs matériels, et les éventuelles influences négatives de l’environnement dans lequel nous vivons.
Chacun d’entre nous doit relever le défi de défendre sa propre individualité, celle de l’âme divine qui est en nous, d’une manière positive et saine. La paracha ‘Hayé Sarah nous dit que, comme Rébecca, nous sommes capables de le faire. D.ieu accorde à chacun d’entre nous la liberté morale et spirituelle.
Les histoires de vie d’Abraham et de Sarah, eux-mêmes issus d’un environnement idolâtre, et, un peu plus tard dans la Torah, de Rachel et de Léa, les nièces de Rébecca qui furent élevées dans la même famille, sont très similaires.
Chacun de nous, homme et femme, hérite des patriarches et, surtout, des matriarches, le pouvoir d’être libre et de choisir sa propre voie. De même, au niveau collectif, le peuple juif possède le pouvoir d’être soi-même, quel que soit l’environnement où il se trouve, et notre objectif est d’apporter une véritable liberté spirituelle à toute l’humanité.5
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