Il mangeait de la viande avec gloutonnerie et buvait de l’alcool à l’excès. Il désobéissait à ses parents à tout bout de champ, se moquant de leurs supplications et de leurs tentatives de le discipliner. Au lieu d’obéir à ses parents, il cherchait à les commander. Il exigeait qu’ils paient pour ses excès, et lorsqu’ils ne le faisaient pas, il volait simplement ce dont il avait besoin.

Se présentant devant le Beth Din, ils déclarèrent que leur fils était un glouton et un ivrogne qui refusait d’obéir à ses parents. La Torah ordonne au Beth Din de condamner ce garçon à mort.1

Bien que cette loi soit inscrite dans la Torah, un tel incident ne s’est, selon une opinion exprimée dans le Talmud, jamais produit dans toute l’histoire juive. C’est un cas purement hypothétique. Elle n’a été écrite dans la Torah – explique le Talmud – que pour que nous puissions « l’étudier et recevoir une récompense ».2

Bien que cette loi soit inscrite dans la Torah, un tel incident ne s’est, selon une opinion exprimée dans le Talmud, jamais produit dans toute l’histoire juive. C’est un cas purement hypothétique

Pourtant, nous savons que chaque mot de la Torah a une pertinence pratique pour nous et doit être instructif dans notre service de D.ieu au quotidien. Cet incident aussi, malgré sa nature purement hypothétique, doit contenir une leçon pour nous. Autrement, il n’aurait pas été inclus dans la Torah.

Un peuple rebelle

Selon les mystiques, ce passage se réfère collectivement à nous, le peuple juif.3

Dès notre naissance, il nous est constamment rappelé que nous partageons une relation spéciale avec D.ieu. On nous dit que notre nation a été choisie pour sa grandeur spirituelle, que chacun d’entre nous est destiné à une vie de sainteté, et que nous sommes dotés d’une sublime étincelle du divin, d’une âme sainte que D.ieu nous a insufflée.

Nous savons qu’en vertu de notre âme, nous sommes connectés à des millénaires d’histoire juive. Nous réalisons que nous partageons une parenté avec des personnages tels que Moïse et Abraham. Nous comprenons que notre destin est intimement lié à celui des géants spirituels qui nous ont précédés.

Nous reconnaissons que leurs sacrifices et leurs réalisations ont tracé notre voie, et qu’ils nous observent avec intérêt pour voir si nous suivrons leurs traces et perpétuerons leur héritage. Nous savons que si nous le faisons, nos vies éphémères laisseront une marque indélébile dans l’éternité.

Nous le savons, mais nous l’ignorons souvent. Nous optons pour une vie de plaisir et de facilité plutôt que pour l’engagement et le sacrifice. Nous choisissons le confort plutôt que la piété, la terre plutôt que le ciel, le corps plutôt que l’âme.

Nous plaçons nos besoins au-dessus de ceux de nos ancêtres, nos intérêts avant ceux de D.ieu. Pour un plaisir temporel, nous rejetons la félicité éternelle et évitons la rencontre avec le destin. Tout comme l’enfant rebelle qui s’alourdit par sa gloutonnerie et laisse son corps dominer son âme, nous investissons dans les plaisirs corporels et laissons ainsi notre âme être dominée par les désirs de notre corps.4

Il nous donne des instructions, et en retour, nous lui donnons des conseils

Tout comme l’enfant rebelle, nous refusons d’être guidés par notre Père céleste. Il nous donne des instructions, et en retour, nous lui donnons des conseils. Au lieu d’apprendre le véritable sens de la vie auprès du Maître du sens de toute chose, nous offrons à D.ieu des suggestions sur la meilleure façon de conduire Ses affaires. Nous croyons vraiment que nous savons mieux que Lui.

La lutte intérieure

Nous savons où est notre place, mais nous n’avons pas la force d’y aller. Nous savons ce que nous désirons, mais nous n’avons pas le courage de l’atteindre. À vrai dire, nous sommes en conflit. D’un côté, nos éléments les plus bas nous poussent à la satisfaction instantanée et à des poursuites creuses qui vident la vie de tout sens. D’un autre côté, notre étincelle divine aspire à quelque chose de plus profond, à quelque chose de plus grand, à une vie qui a plus de sens.

Lorsque nous étudions l’histoire de l’enfant rebelle, cette abstraction supposée qui n’a jamais pris vie, nous réalisons que nous sommes, en fait, devenus ce fils rebelle.

Comment sortir de ce bourbier sans fin ? En suivant les étapes décrites dans la Torah pour l’enfant rebelle.

La solution divine

Le Talmud se réfère aux actions de l’homme comme étant sa progéniture

Nous nous tenons devant D.ieu et témoignons que nos enfants refusent de nous obéir. Qui sont ces enfants ? Le Talmud se réfère aux actions de l’homme comme étant « sa progéniture ». Les enfants sont la progéniture de leurs parents et nos actions sont la progéniture de notre cœur et de notre esprit. Nous essayons de corriger notre comportement, mais nos passions et nos envies nous trahissent. Elles n’obéissent pas à nos instructions et n’écoutent pas notre voix.

D.ieu condamne alors notre progéniture, nos transgressions, « à mort » en nous ordonnant de mettre fin à ce comportement. Le lecteur remarquera qu’il n’ordonne pas à nos passions de cesser, mais seulement à nos actions. En effet, les passions elles-mêmes ne sont pas interdites, seul l’est le fait d’y succomber.

L’expérience de la vie comme une guerre entre deux pulsions est normale. C’est ainsi que D.ieu l’a voulue. Cependant, prendre le dessus dans cette lutte exige un effort surhumain, un acte rendu possible uniquement par la grâce de D.ieu.

C’est peut-être la raison pour laquelle la Torah nous parle de l’enfant rebelle. La Torah enseigne que pour surmonter l’attrait des plaisirs temporels, nous devons rechercher une bénédiction d’origine divine, une infusion de force spirituelle. Nous devons nous présenter devant D.ieu et reconnaître que nous ne pouvons pas y arriver seuls, que nos actions ont dérapé.

D.ieu n’exige pas ce que nous ne sommes pas capables de faire

D.ieu n’exige pas ce que nous ne sommes pas capables de faire. Ainsi, lorsqu’Il nous demande d’améliorer notre comportement et de surmonter nos faiblesses et nos envies, Il nous donne également les forces de le faire. L’ordre lui-même est une source de force. L’exigence elle-même est une bénédiction ; une bénédiction qui a le pouvoir de nous extraire d’un bourbier autrement sans espoir et sans fin.

Une puissante récompense

Cela peut expliquer l’enseignement des Sages selon lequel la partie de la Torah purement hypothétique concernant l’enfant rebelle fut écrite uniquement pour que nous puissions « l’étudier et recevoir une récompense ». Ce passage de la Torah nous ordonne de nous améliorer, et nous donne le pouvoir de nous améliorer. Lorsque nous l’étudions, nous sommes récompensés par ce pouvoir divin, qui est en effet une récompense considérable.5