Le peuple juif avait été occupé à inaugurer le Mishkan, le sanctuaire dans le désert qui fut la première demeure officielle de D.ieu sur terre. Une semaine entière de consécrations et d’offrandes avait eu lieu, mais il n’y avait toujours aucun signe d’En Haut. Aaron, le grand prêtre, était amèrement déçu. Dans son humilité, il se dit que c’était de sa faute. Après tout, n’avait-il pas été complice – bien qu’involontairement – du péché du Veau d’or ? Le Tout-Puissant était sûrement mécontent de lui et c’est pour cela qu’il n’y avait aucun signe d’acceptation du ciel.
Moïse, son frère, s’avança et formula une prière spéciale et immédiatement la Chekhina – la Présence Divine – reposa sur Israël. Il bénit ensuite le peuple avec les mots qui allaient devenir le verset final du Psaume 90 : « Puisse la bienveillance de l’Éternel notre D.ieu être sur nous... puisse-t-Il établir pour nous l’œuvre de nos mains. » Tous les enfants d’Israël purent alors constater qu’Aaron était bien l’élu et ils furent ravis que leur travail soit enfin béni par D.ieu. C’est une belle et touchante histoire d’amour fraternel. Pas d’ego, pas de surenchère, pas d’envie – seulement un amour pur et intact entre deux frères.
J’ai entendu un jour le grand rabbin d’Israël Y.M. Lau comparer cet acte aux précédentes rencontres fraternelles dans la Bible. Avec les tout premiers frères sur terre, le monde prit un très mauvais départ, Caïn tuant Abel dans un accès de jalousie. Plus tard, les fils d’Abraham, Isaac et Ismaël, ne se sont pas non plus entendus à merveille, et leur inimitié perdure jusqu’à ce jour ! La génération suivante ne fut pas bien meilleure : Jacob et Ésaü eurent une rivalité fraternelle presque toute leur vie. La saga se poursuivit à la génération suivante avec Joseph et ses frères. Ils faillirent le tuer et ils l’ont finalement « seulement » vendu comme esclave. Il est donc rafraîchissant de constater que Moïse et Aaron se soutenaient mutuellement. Comme c’est doux et beau, comme le chante le psalmiste : « Voici, comme il est bon et agréable que des frères habitent ensemble dans l’unité » (Psaume 133).
Quel message important pour nous aujourd’hui ! Que ce soit en Israël sur le plan politique ou dans nos propres vies communautaires, nous sommes souvent nos pires ennemis. Si Israël et tous les groupes de soutien qui lui sont associés parlaient d’une seule voix, nous serions tellement plus forts dans notre interface internationale. Si les organisations juives pouvaient agir de concert au lieu d’être constamment en concurrence les unes avec les autres – ou pire encore, de se miner mutuellement –, toutes nos communautés seraient en meilleure santé.
S’il plaît à D.ieu, nous allons tous prendre exemple sur Moïse et Aaron et la Présence de D.ieu demeurera sur nous également.
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