La plus célèbre des prières juives est le Chéma.

La première partie du Chéma apparaît dans la Paracha de cette semaine (Deutéronome 6, 4-9). Les seconde et troisième parties en sont respectivement les versets 11, 13-21 et 15, 37-41.

C’est une mitsva de prononcer la déclaration du Chéma matin et soir. Celle-ci apparaît aussi à quelques autres endroits dans le livre de prières. Ainsi, outre le Chéma dans la prière du soir, il y a également la récitation du Chéma avant de s’endormir la nuit. C’est l’un des premiers textes juifs enseignés à un jeune enfant, et il est également récité lorsqu’une personne quitte le monde.

L’affirmation clé de la première ligne du Chéma est que « D.ieu est Un ». Le Talmud parle d’« allonger » la façon dont on prononce le mot « Un » : É’had. « Quiconque allonge É’had voit ses jours et ses années s’allonger »1 Les enseignements ‘hassidiques expliquent que cela signifie qu’il faut réfléchir ou méditer sur le sens profond du mot.

L’idée que « D.ieu est Un » ne signifie pas seulement qu’il y a un D.ieu unique, mais que D.ieu et l’ensemble de la création ne sont qu’un. Il n’y a rien en dehors de D.ieu. Rien n’existe en dehors de Lui : tout ce que nous percevons, chaque particule de l’existence, n’est qu’une manifestation voilée de D.ieu.

C’est pourquoi tout dans l’univers est totalement dépendant de D.ieu à chaque instant. D.ieu créa l’univers il y a très longtemps, mais Il le maintient continuellement en existence. Les Sages parlent d’un courant d’énergie émanant de l’essence infinie de D.ieu, qui fait exister l’univers. S’Il retirait cette force vitale du monde, celui-ci n’existerait plus.2 Comme le dit Maïmonide : D.ieu peut exister sans le monde, mais le monde ne peut exister sans D.ieu.3

C’est avec cette idée en tête que l’on déclare le Chéma de tout son être.

L’unicité

Les lettres hébraïques ont des valeurs numériques, qui nous aident à comprendre le sens de la Torah et des prières.

Le mot « un » dans le Chéma, é’had, est composé de trois lettres : Aleph, ‘Heth et Daled. Aleph, qui a la valeur numérique « un », fait référence à D.ieu lui-même. ‘Heth, dont la valeur numérique est « huit », représente les sept cieux et la terre, c’est-à-dire « en haut » et « en bas », le plan vertical, ce qui inclut toutes les dimensions spirituelles. La troisième lettre est Daled, de valeur numérique « quatre », qui désigne les quatre directions du plan horizontal : nord, sud, est, ouest.

Nous pouvons maintenant comprendre ce que le Talmud entend par « allonger » la façon dont nous disons « é’had ». Cela signifie qu’il faut prendre le temps de réfléchir à la signification du mot : le monde dans toutes ses dimensions – spirituelles et physiques, et partout dans le monde et à travers l’univers matériel tout entier – est en réalité l’expression de l’unicité infinie de D.ieu.

Le peuple juif est lui-même décrit comme étant é’had, « Une nation dans le monde ».4 Cela implique non seulement que nous sommes uniques dans le monde, mais que nous sommes la nation qui communique à toute l’humanité le concept de l’unicité de D.ieu. De plus, en respectant les commandements de D.ieu dans notre vie quotidienne, nous faisons entrer l’Unicité Divine dans le monde, dans chaque détail de notre existence physique. Et comme le dit le Talmud, D.ieu nous récompense en nous accordant une vie longue et pleine de sens.5