Nous, le peuple juif, voulons la paix ; nous croyons que la paix est l’un des plus grands objectifs de la vie. Les Sages nous disent que la Torah fut donnée afin d’apporter la paix dans le monde.1 Le concept de paix signifie, bien sûr, une atmosphère agréable et positive, où rien n’est pénible. Et pourtant, le concept de « l’alliance de paix » qui apparaît dans la lecture de la Torah de cette semaine2 était la récompense de Pin’has, le petit-fils d’Aaron, suite à son acte vigoureux à la fin de la lecture de la semaine dernière.
Nous y lisons qu’un prince de la tribu de Chimone cohabitait publiquement avec une femme non juive. Moïse et Aaron pleuraient, se sentant impuissants à remédier à cette situation, mais Pin’has agit. C’était un homme fort, un zélateur. Mais cette action exprime-t-elle la vertu de la paix ? Pourtant, D.ieu dit qu’en récompense de son action « Je lui donne mon alliance de paix ».3
D’un côté, Pin’has jugeait sévèrement les autres, de l’autre, D.ieu lui donne « l’alliance de paix »Les Sages nous disent que Pin’has vécut très longtemps et qu’il est la même personne que nous rencontrons dans le Livre des Rois sous le nom d’Élie,4 qui est le sujet de la haftara de la paracha de Pin’has.5 Dans la haftara, il est également présenté comme un zélateur. Il considère la faiblesse morale et spirituelle du peuple juif de son époque et en est profondément bouleversé. Il traverse le désert pour retourner au mont Sinaï, où la Torah fut donnée, comme pour rencontrer plus directement le Divin, et il déclare que le peuple juif ne respecte pas son alliance avec D.ieu.6
D’une part, Pin’has ou Élie était un juge sévère, qui considérait les aspects négatifs du comportement des gens et essayait de les contrer, comme dans l’histoire de Pin’has ou comme dans le face à face d’Élie avec les prêtres de Baal sur le Mont Carmel.7
D’autre part, D.ieu lui donne l’alliance de la paix, ce qui implique de considérer les gens de manière positive. La Torah dit également que Pin’has se voit confier le rôle de cohen (prêtre). Or, le cohen est décrit comme un homme de bonté, comme Aaron, le premier cohen, qui voyait le bien en chacun.
Il en est de même d’Élie. Les Sages nous disent que du fait qu’Élie s’est plaint que le peuple juif ne respectait pas son alliance, il est à jamais présent à chaque Brit Mila, lorsqu’un garçon juif entre dans l’Alliance de la circoncision. Il est ainsi en mesure de constater que le peuple juif respecte effectivement l’Alliance.8 C’est la raison pour laquelle une chaise est placée pour le prophète Élie lors d’une Brit Mila.
Le Rabbi de Loubavitch commente que, comme Pin’has et Élie, nous devons être capables de combiner deux aspects contraires : d’une part, être capables d’agir avec fermeté lorsque cela est nécessaire, pour redresser ce qui est mauvais ou protéger du danger. De l’autre, être capables de voir le bien d’une personne, son potentiel, ses réalisations positives. Un niveau supérieur est la capacité à associer ces deux approches : en voyant la bonté d’une personne, on l’aide à corriger ce qui doit l’être. Les deux caractéristiques respectives de Pin’has et d’Élie, ne font alors plus qu’une.9
Telle est la voie de la paix véritable. C’est pourquoi les Sages nous disent qu’Élie inaugurera la Rédemption, l’ère de paix ultime, lorsque tout ce qui est négatif sera transformé en bien. Alors l’ennemi de toute sorte – en hébreu, oyev – sera transformé en ohev, ami. Alors, il y aura vraiment la paix...
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