– Que faites-vous de votre vie ces derniers temps ?, demanda le Rabbi à son visiteur, un rabbin âgé d’Australie.
– Je suis à la retraite.
– Hein ?, fit le Rabbi.
– Je suis à la retraite, dit le rabbin, un peu plus fort qu’avant.
– Hein ?, répéta le Rabbi, cette fois en plaçant sa main derrière son oreille.
– JE-SUIS-À LA RETRAITE !, cria le rabbin, et pour que les choses soient parfaitement claires, il ajouta : « Je ne suis plus le rabbin de ma shoul. Je ne fais plus le travail que je faisais. Je ne suis plus payé. Je suis à la retraite ! »
En secouant fermement la tête, le Rabbi rejeta totalement l’idée de la retraite. « Ce n’est ni rationnel ni sain. Une personne doit avoir un but dans la vie et une raison de se lever le matin. Vous n’êtes pas obligé de faire la même chose qu’avant, expliqua le Rabbi, et vous n’avez même pas nécessairement besoin d’être payé pour vos efforts, mais vous devez avoir un plan quinquennal. »
« J’ai un plan quinquennal », affirma le Rabbi, alors âgé de plus de 80 ans, « et j’élabore actuellement un plan pour les cinq années suivantes. Une personne doit se fixer des objectifs et vivre sa vie pour les atteindre. Vous devez avoir un plan quinquennal. »
Je me suis souvenu de cette histoire en lisant le récent débat dans mon pays sur le relèvement de l’âge de la retraite de 65 à 70 ans. Les avancées dans le domaine de la santé publique signifient que l’on vit plus longtemps et qu’il n’est plus économiquement viable de mettre les gens à la retraite pendant des décennies. Les gens seront à la retraite beaucoup plus longtemps que par le passé, et il y aura moins de travailleurs qui soutiendront chaque retraité.
La plupart des commentaires que j’ai vus portent sur les aspects économiques de la retraite, sur la question de savoir s’il est juste de refuser la pension aux personnes qui ont cotisé tout au long de leur vie professionnelle, et si nous avons le droit d’imposer aux générations futures la responsabilité de payer pour notre mode de vie actuel. Pourtant, je n’ai pas vu beaucoup de discussions sur le but de la retraite et sur la question de savoir si abandonner le travail en étant toujours valide est en soi quelque chose de sain.
L’être humain a un besoin intrinsèque de se sentir utile. Nous aspirons à une activité pleine de sens et nous nous sentirions intellectuellement et socialement diminués si nos efforts devaient ne pas être récompensés. Se relaxer et ne rien faire peut sembler agréable, mais use rapidement une personne en pratique. Les vacances ne sont agréables que parce que nous savons que nous reviendrons finalement à la vraie vie.
Vous n’avez pas besoin d’être payé, mais vous devez vous sentir utile. Vous pouvez donner des conférences, faire du bénévolat, publier vos mémoires ou vous occuper de vos petits-enfants, mais vous devez avoir un plan et une raison de vous lever le matin. Rester assis à la maison à regarder la télévision ou vagabonder sur un terrain de golf est un chemin qui mène à mourir d’ennui.
La lecture de la Torah de Be’houkotaï commence par : « Si vous marchez dans mes voies et gardez mes commandements, alors je vous bénirai. »1 Les voies de D.ieu sont agréables et vous ne regretterez jamais de vivre votre vie selon Son plan. Mais même ceux qui ont déjà connu des décennies d’épanouissement dans leur vie personnelle, professionnelle et spirituelle ont besoin de continuer de « marcher » et de progresser.
La vie est comme remonter un escalator qui descend : si vous restez immobile, vous reculez. Alors ne perdez pas de temps avec les temps morts. Si vous voulez vraiment être béni, continuez à travailler et à marcher dans les voies de D.ieu.
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