Peut-être plus que tout autre livre de la Torah, le Livre du Lévitique traite du service de l’homme envers D.ieu. Le livre est plein de mitsvot et de leçons sur des sujets allant de la façon d’apporter une offrande à D.ieu à la façon de traiter son prochain. Le mot « adam » – « homme » – est le premier mot suivant l’ouverture du livre. Il est donc frappant qu’en ce qui concerne les lois de la pureté rituelle, la Torah ne traite des lois relatives aux personnes qu’après avoir abordé la pureté des animaux.

À la fin de la lecture de la semaine dernière, Chemini, la Torah aborde les lois de la viande casher et décrit les cas dans lesquels un animal devient une source d’impureté, terminant par :

Telle est la loi concernant les quadrupèdes, les oiseaux, toutes les créatures vivantes qui se déplacent dans l’eau et toutes les créatures qui rampent sur le sol, afin qu’on distingue l’impur d’avec le pur, et l’animal qui peut être mangé de l’animal qui ne peut pas être mangé.1

C’est seulement ensuite, dans la paracha de cette semaine, que nous lisons les lois de la pureté rituelle concernant les humains.

Si le livre s’adresse principalement à l’espèce humaine, pourquoi les lois de la pureté humaine ne sont-elles écrites qu’après les lois de la pureté animale ?

Selon le Midrash, l’ordre des lois de pureté suit l’ordre de la création. Étant donné que l’homme fut créé après les animaux, les lois de pureté rituelle le concernant furent énoncées après les lois relatives aux animaux.2

Ceci, cependant, conduit à une autre question : pourquoi les animaux furent-ils été créés avant les êtres humains ?

Le Talmud offre deux explications possibles :3

  1. L’homme fut créé en dernier pour que, s’il devenait trop arrogant, on lui dise que « même un moustique t’a précédé », ce qui implique que l’homme est inférieur au reste de la création.
  2. Pour que l’humanité bénéficie d’un monde entier préparé juste pour elle. Comme le dit le Midrash : « L’homme a été invité au banquet une fois que le repas était déjà préparé. »

Ces deux raisons semblent être diamétralement opposées. Alors que la première indique que l’humain est inférieur aux animaux, la seconde indique qu’il est supérieur à tous les animaux, et que c’est précisément pourquoi il a été créé à l’étape finale de la création.

Alors laquelle des deux est juste ? Sommes-nous inférieurs au moustique ou sommes-nous le joyau de la création ?

Les deux sont vraies.

Seule l’homme, parmi toutes les créatures de l’univers, est capable de défier son Créateur. Toutes les autres créatures doivent suivre la nature et les instincts que D.ieu leur a donnés. En cela, l’homme est en effet inférieur à tous les animaux, comme nous le lisons dans Tanya :

Car la pulsion de convoitise dans son âme animale est capable de convoiter même des choses interdites, qui sont contraires à la volonté de D.ieu… En cela, il est inférieur et plus répugnant et abominable que les animaux impurs, les insectes et les reptiles.4

Pourtant, il y a plus que cela dans l’histoire de l’homme.

L’homme est également unique dans sa capacité à choisir de s’élever par-delà ses instincts. L’homme a reçu la capacité intellectuelle, la liberté spirituelle et le courage de s’éclairer et de s’améliorer. Seul l’homme a la capacité de prendre le matériel spirituellement le plus bas – le matériel capable de défier le Divin – et de le développer et de l’élever. L’homme est capable de se transformer lui-même et le monde qui l’entoure en un lieu hospitalier au Divin.

L’homme a été créé en dernier parce qu’il est inférieur au moustique dans sa capacité à choisir le mal. Pourtant, cette infériorité est la source même de sa supériorité ! Quand l’homme se travaille, quand il laboure et plante le sol de son cœur, il devient en effet supérieur à toutes les créatures.

Car lui seul est capable de choisir. Lui seul a la capacité de surmonter ses instincts et sa nature. Lui seul peut planter la terre de son cœur et y faire pousser la sainteté.

Nous devons comprendre que D.ieu ne recherche pas la perfection, Il cherche le pouvoir transformateur du labeur. Plus précisément parce que nous avons été créés spirituellement inférieurs aux animaux, lorsque nous choisissons le bon chemin, nous nous élevons aux plus hauts sommets spirituels.5