Lorsqu’Il Se présenta au peuple juif au grand événement du Sinaï, pourquoi D.ieu choisit-Il de sous-estimer Ses propres réalisations ?
Car, c’est vrai, en se présentant, D.ieu aurait pu annoncer :
Je suis le Créateur de toute la réalité !
J’ai amené à l’existence ce gigantesque et complexe univers !
J’ai mis en place des galaxies à couper le souffle !
Je suis Celui qui recrée à chaque instant toute la création à partir du néant !
Lorsqu’Il Se présenta au peuple juif au grand événement du Sinaï, pourquoi D.ieu choisit-Il de sous-estimer Ses propres réalisations ?Au lieu de cela, Il a simplement annoncé : « Je suis l’Éternel ton D.ieu qui t’a sorti d’Égypte... » Certes, l’Exode fut un événement impressionnant qui a démontré la toute-puissance de D.ieu, mais il ne s’agit essentiellement que du déplacement d’une toute petite nation de quelques kilomètres vers l’est dans les dunes de sable, pas de façonner un ahurissant univers.
Sans vouloir sembler blasphématoire, cette omission flagrante au Sinaï suggèrerait presque que le Donneur de la Torah au Sinaï n’était en fait pas le Créateur du ciel et de la terre...
Imaginez un monarque de l’ancien temps, redoutable et célèbre, avec une puissante armée et un vaste empire sous sa férule. Nous pouvons diviser la scène en trois parties, comme le font les mystiques :
1) Le roi en personne.
2) Le titre grandiose par lequel est dénommé cet auguste personnage, par exemple « Glorius DCCLXX ».
3) L’extension de ce nom : la réputation du roi qui se propage bien au-delà des frontières de son royaume, suscitant les échanges commerciaux, les traités et les tributs.
Les dirigeants terrestres ne sont que des paraboles pour le Souverain Céleste, nos disent nos sages. Et entre D.ieu et le monde existent trois éléments correspondants :
1) D.ieu Lui-même, l’absolue, indéfinissable et infinie Essence.
2) Le Tétragramme, l’essentiel et ineffable nom de D.ieu dont les lettres décrivent le processus par lequel D.ieu crée un « espace » pour que Ses créations existent, puis les crée et les vivifie.
3) La « réputation » de ce nom, son rayonnement et sa propagation, qui est la puissance et la lumière divine dont émane concrètement l’univers et qui le maintient constamment en existence.
Donc la somme du cosmos, des gigantesques galaxies et de la symphonie du chaos sidéral, l’ordre incroyable qui règne dans le monde de l’infiniment petit de cet univers, avec ses mystères, ses merveilles et sa beauté, y compris les formes de vie complexes recelées dans ses océans, son atmosphère et ses terres – tout ceci n’existe qu’en conséquence d’un lointain rayonnement du nom divin, qui n’est lui-même que le simple écho de l’essence de D.ieu.
En d’autres termes, le nom divin lui-même est infiniment éloigné de la création, ne laissant émaner sa gloire que pour générer et vivifier. S’il en est ainsi, alors D.ieu Lui-même doit être infiniment plus loin !
Puis ce fut le Sinaï.
D.ieu choisit d’« abaisser » Son essence, contractant et condensant l’infini au sein des innombrables détails de Sa loi. La Torah émane non pas d’un rayonnement du nom de D.ieu, ni du nom lui-même, mais de l’Essence divine Elle-même.
Le premier mot de la révélation du Sinaï dit tout : Anokhi. Je suis.Le premier mot de la révélation du Sinaï dit tout : Anokhi. Je suis.
Non, ce n’était pas là « simplement » le Créateur de l’univers qui s’exprimait en lumières réfractées à travers le voile de la création. Car le ciel et la terre sombrent dans l’insignifiance face à la révélation du Sinaï ! C’était là une démarche « personnelle ».
« Je suis l’Éternel votre D.ieu ! » À ce moment incroyable, le protocole de l’existence lui-même fut suspendu, et l’absolu « Je suis » devint pour toujours la force divine personnelle de chaque homme, femme et enfant juif.
Pour répondre à notre question initiale :
Quand D.ieu mentionna l’Exode d’Égypte dans Ses propos introductifs au Sinaï, Il négligea délibérément Son rôle en tant que Créateur. Non, le « Je suis » du Sinaï n’était assurément pas simplement le Créateur.
Au contraire, en entrant dans une alliance éternelle avec D.ieu fondée sur Sa Torah et Ses commandements, le Juif allait commencer là où toute existence s’arrête !
Les réalités spirituelle et physique sont de simples reflets de la divinité, des sous-produits des diffusions secondaires des émanations primaires de D.ieu, pour ainsi dire. La Sagesse et la Loi de D.ieu, en revanche, connectent le Juif directement avec Son essence même, avec l’absolu « Je suis ».
« Je suis l’Éternel ton D.ieu qui t’a sorti d’Égypte ! » Le nom hébraïque de l’Égypte, Mitsrayim, signifie également frontières, limitation, finitude : meitsarim. L’âme juive est née de la divulgation de l’Essence au Sinaï, qui a déclenché un pouvoir qui transcende la création, une force qui lutte avec des anges et des manifestations divines et qui triomphe, et un peuple qui défie à la fois l’histoire, le vieillissement et tout ce que la création peut lui jeter à la figure. Bien au contraire, cette nation redéfinit l’univers lentement mais sûrement, conformément à la révélation au Sinaï du « Je suis » qui est devenu pour chaque Juif « ton D.ieu qui t’a sorti de la finitude » de toute existence.
L’étude et l’observance de la Torah élève une personne au-delà de la terre, au-delà du ciel, et même au-delà de leur origine divine, qui est le niveau qui peut être décrit comme « D.ieu, le Créateur du ciel et de la terre ». Il ou elle s’unit à l’Essence suprême.
Le Sinaï relie le « je suis » du Juif avec l’absolu Anokhi.
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