Dans la lecture de la Torah de Lekh Lekha, D.ieu promet à Abraham : « Je donnerai à tes enfants ce pays. »1 Le Midrash commente2 : « Alors qu’Abraham voyageait à Aram Naharayim… il observa les habitants manger, boire et agir de manière frivole et obscène. Il dit : “Je ne souhaite pas avoir de part dans cette terre.” Lorsqu’il arriva à l’entrée de Tsour, il les observa en train de désherber… de cultiver… Il dit : “Je souhaite avoir ma part sur cette terre.” D.ieu lui dit : “Je donnerai à tes enfants ce pays.” »

Il est compréhensible qu’Abraham ait voulu avoir sa part parmi des gens qui travaillaient dur et se comportaient correctement, plutôt que parmi des gens qui ont passaient leur vie de manière frivole.

Cependant, la promesse de D.ieu selon laquelle « Je donnerai à tes enfants ce pays » signifiait que le peuple juif hériterait du pays et le conquerrait tout entier. Pour quelle raison la promesse de D.ieu fut elle liée à la conduite des habitants de la terre à l’époque d’Abraham ?

L’importance du labeur et de l’effort apparaît dans le verset : « L’homme est né pour le labeur. »3 Pourquoi le travail et l’effort sont-ils si importants ? De plus, puisque D.ieu est l’Essence du Bien et qu’il est dans la nature de celui qui est bon d’agir de manière agréable et bienveillante, il semble étrange qu’il ait rendu nécessaire le travail de l’homme.

Il est vrai que la nature de l’homme est telle qu’il tire du plaisir de ce qui est accompli par le travail et l’effort, conformément à l’expression suivante4 : « Une personne désire une mesure de ce qui est à lui, plus que neuf mesures de ce qui appartient à son prochain. »

Cependant, nous ne pouvons pas dire que c’est la raison pour laquelle D.ieu fit que l’homme doive travailler, car la nature de l’homme d’apprécier les fruits de son travail n’existe que parce que D.ieu l’a lui a conférée.

La question de départ demeure donc : pourquoi D.ieu créa-t-Il l’homme de telle sorte que sa plus grande joie passe par le travail ? Pourquoi ne pas le créer avec la capacité d’être heureux dans l’oisiveté, par exemple ?

L’accomplissement ultime d’un être humain ne réside pas seulement dans la réalisation de son potentiel, mais aussi dans l’atteinte d’un niveau tel qu’il ressemble pour ainsi dire à son Créateur, conformément au dicton5 : « Il devient un partenaire de D.ieu dans la Création. »

C’est pour cette raison que D.ieu a établi le monde de manière à ce que les choses dont l’homme a besoin pour son existence ne soient pas d’emblée disponibles. Car c’est grâce au travail et à l’effort que l’homme est capable de s’élever, non seulement au plus haut niveau de « receveur » – le degré le plus élevé auquel un être créé puisse accéder –, mais au niveau de dispensateur et de « créateur ».

C’est pourquoi l’homme ne tire pas de plaisir des choses acquises sans effort, mais en a honte. Le travail et l’effort sont la marque des efforts de l’humanité pour améliorer le monde, il peut ainsi devenir un « partenaire de D.ieu ».

Le travail qui implique la reconnaissance de D.ieu et la foi en Lui en tant que Créateur et Celui qui prodigue6 conduit au « labeur dans la Torah »,7, par lequel les individus élèvent le monde entier à un niveau au-delà de lui-même. Ce faisant, on « crée » une nouvelle entité.

Dans le même esprit, le travail du peuple juif en Erets Yisrael consistait à travailler à « créer » une terre sainte de Torah à partir de ce qui était auparavant profane. Les premiers pas dans cette direction constituèrent un prélude approprié à la promesse de D.ieu selon laquelle « Je donnerai à tes enfants ce pays ».


Basé sur Likoutei Si’hot, vol. XV, pp. 93-998