Ce qui est drôle avec les services client, c’est qu’ils ne servent souvent pas le client. « Pour eux, je ne suis pas une personne, juste un numéro client », se plaignent souvent les gens. Et il n’y a rien d’aussi froid que d’être traité comme un numéro.

De manière frappante, le quatrième livre de la Torah, Bamidbar, est appelé le Livre des Nombres. Au début du livre, un an après que les Juifs aient quitté l’Égypte, D.ieu ordonne à Moïse de faire le recensement du peuple d’Israël, des premiers-nés et des Lévites. Et à la fin du livre, en l’an 40 de l’errance dans le désert, D.ieu ordonne une fois de plus à Moïse de compter le peuple. D’où le nom de « Livre des Nombres », ou en hébreu, ‘Houmach ha-Pekoudim.

Pourquoi tous ces comptes ?

Pourquoi tous ces comptes ? Les commentaires expliquent que le compte exprime l’amour de D.ieu et Sa préoccupation pour Sa nation. Cela semble contre-intuitif. Un recensement vous donne juste un tas de chiffres pour chaque tribu et chaque groupe, rien de personnel. En quoi est-ce de l’amour et de la préoccupation ?

Le mot hébreu standard pour compter est ‘hechbone ou minyane. Mais tout au long de la Torah, un mot différent, pekoudim, est utilisé. Ce mot et ses dérivés sont utilisés avec différents sens tout au long de la Torah et des Prophètes. Parmi ceux-ci, on trouve :

  1. Se souvenir, comme dans « D.ieu s’est souvenu (pakad) de Sarah... et Sarah conçut et enfanta un fils à Abraham »,1 ou dans la promesse de D.ieu de faire sortir le peuple juif d’Égypte : « D.ieu se souviendra de vous (pakod yifkod) et vous fera sortir de ce pays. »2
  2. Être vide, comme dans la célèbre haftarah au sujet de David et Jonathan : « La place de David était vide (vayipakeid). »3
  3. Assigner, comme dans les responsabilités des Lévites : « Et la tâche assignée (pekoudat) à la famille de Merari. »4
  4. La destinée, comme dans la rébellion de Kora’h : « si la destinée (pekoudat) de tous les hommes sera la leur. »5
  5. Comptabilité, comme lorsque Moïse rend compte de tous les dons destinés à la construction du Tabernacle : « Ceci est la comptabilité (pekoudei) du Tabernacle. »6
  6. 6. Commander (en hébreu moderne).
Personne n’est laissé-pour-compte

Pourquoi tant d’usages pour ce mot ? Je crois qu’il y a une définition unificatrice : « prendre en considération. » Quand D.ieu se souvient de Sarah, Il la prend en considération et la bénit par la naissance d’un enfant. Quand D.ieu prend en considération le peuple juif, Il envoie Moïse pour les sortir d’Égypte. Quand David est absent de la table du roi Saül, son absence est prise en considération. Les Lévites sont pris en considération pour leur affectation et leur rôle spécial dans le Tabernacle. Il en va de même d’un commandement : vous prenez en considération la personne à qui vous adressez ce commandement.

Quand D.ieu demande à Moïse de compter la nation juive, D.ieu dit pekod, pas meneh. D.ieu ne veut pas simplement d’un nombre à inscrire dans son tableau comptable. D.ieu veut que Moïse prenne chaque Juif en considération. Parce que D.ieu aime et se préoccupe de chaque individu. Personne n’est laissé-pour-compte.

Le ‘Houmach ha-Pekoudim – un livre entier dans lequel D.ieu prend en considération le peuple juif. Quel grand amour.