Quand le peuple juif quitta l’Égypte, il fit un grand bond en avant : en un temps très court, ils passèrent d’un esclavage abject à la liberté. Les Sages nous disent qu’ils durent alors s’atteler à une tâche nouvelle et importante : se remettre à niveau.

C’est l’une des explications du « compte du Omer » observé entre Pessa’h et Chavouot. Dès le second soir de Pessa’h, nous commençons à compter les jours. Au bout de sept semaines, soit quarante-neuf jours, nous arrivons à Chavouot, le cinquantième jour, où la Torah fut donnée au mont Sinaï.

Ce compte des jours les uns après les autres représente l’effort de s’améliorer selon un processus graduel, étape par étape. Quitter l’Égypte fut un bond en avant, une percée depuis les plus grandes profondeurs. Mais il y a aussi le besoin de se remettre à niveau, d’acquérir des qualités authentiques et permanentes en tant qu’individus et en tant que nation.

Autrement, la liberté gagnée en quittant l’Égypte pourrait facilement être perdue : au lieu d’être esclave des Égyptiens, on deviendrait esclave d’autre chose.

Les enseignements ‘Habad, basés sur les écrits des kabbalistes, expliquent que les sept semaines représentent sept différents aspects du caractère qui sont les forces émotionnelles constituant la structure de base de l’individu (Amour, Sévérité, Miséricorde, désir de Victoire, Soumission, Dévouement, et Accomplissement). Les sept semaines sont l’occasion d’améliorer cette structure et de la rendre plus stable. Ce n’est qu’après cette période d’amélioration de soi que le peuple juif fut prêt à rencontrer D.ieu au Sinaï et à recevoir Sa Torah.

Cette quête s’applique aussi à l’individu à travers les âges. Après l’expérience édifiante de Pessa’h, le compte du Omer exprime l’effort d’intérioriser cette expérience : se changer d’une manière authentique et permanente afin d’être à la hauteur de son nouveau niveau de liberté spirituelle.

Nous pouvons également appliquer cette idée à la société dans son ensemble à notre époque moderne. Au cours du siècle dernier, nous avons connu un grand bond en avant dans le progrès technologique qui nous a procuré de nombreux types de confort et de liberté. Mais cette liberté et ce pouvoir portent avec eux une dangereuse instabilité. Nous le voyons dans les terribles horreurs d’il y a soixante-quinze ans, et aussi dans les problèmes sociaux d’aujourd’hui.

Notre monde moderne a, lui aussi, besoin de « compter le Omer » pour essayer de progresser étape par étape, en améliorant nos vies intérieures, notre moralité personnelle, l’interaction de nos émotions. Les gens jouissent-ils de liberté, ou bien sont-ils de plus en plus asservis à leurs propres appétits ?

Les enseignements de la Torah donnent des conseils non seulement sur la façon de mener une vie juive, mais aussi sur la façon de construire une société saine et juste. Les sept lois Noa’hides enseignent comment tous les êtres humains devraient chercher à vivre. (Les sept lois Noa’hides commandées par D.ieu à toute l’humanité sont : croire en D.ieu [et ne pas servir les idoles], ne pas blasphémer contre D.ieu, ne pas commettre de meurtre [ce qui inclut l’interdiction de l’euthanasie et de l’avortement, sauf pour sauver la vie de la mère], ne pas voler, ne pas commettre l’adultère, l’inceste et d’autres formes d’immoralité personnelle, ne pas manger le membre d’un animal vivant et mettre en place un système judiciaire [et éducatif] pour appliquer ces lois dans la société.) En appliquant les limites, les contraintes et les devoirs positifs imposés par ces lois dans le contexte de la vie moderne, nous pouvons chercher à rattraper notre propre progrès. En prenant soin de notre structure interne en tant qu’êtres humains, nous pouvons nous préparer, globalement, à rencontrer D.ieu et à découvrir le monde véritablement parfait promis par les Prophètes.