Cette semaine, la Torah nous parle de Yokheved, la mère de Moïse. Son histoire est fascinante, mais je voudrais m’arrêter sur un détail. Lorsque le petit Moïse est recueilli dans le Nil par la fille du Pharaon, celle-ci tente de le faire allaiter par des nourrices égyptiennes, mais le bébé refuse de s’alimenter. C’est alors que sa sœur, la petite Myriam, suggère qu’il soit allaité par une femme juive, et c’est finalement sa vraie maman, Yokheved, qui va allaiter Moïse.
Pendant neuf mois, une maman nourrit son bébé dans son ventre avec son sang. Après la naissance, elle le nourrit de son lait, issu de la transformation de son sang. Si le sang est la vie même de la mère, la force d’« être », le lait est la force vitale qu’elle projette à l’extérieur d’elle-même, la force de « devenir ».
Ce passage du sang au lait symbolise les deux étapes de la naissance et de la destinée du peuple juif.
La sortie d’Égypte – la naissance – est associée au verset d’Ézéchiel (16,6) : « Je te vis t’agiter dans ton sang [comme un nouveau-né], et Je te dis : “Vis par ton sang !”, et Je te dis : “Vis par ton sang !” » Deux « sangs » ont en effet marqué la naissance du peuple juif : celui du sacrifice pascal et celui de la circoncision.
Le don de la Torah – la destinée – est associé au verset du Cantique des Cantiques (4,11) : « …du miel et du lait coulent sous ta langue », ces deux substances désignant les secrets de la Torah, révélés au Sinaï.
Tout comme la naissance est un acte miraculeux, de même l’est la transformation du sang en lait. Celle-ci symbolise la transformation de l’exil en délivrance, de la difficulté de la servitude en Égypte à la clarté des secrets de la Torah, de la longueur l’exil actuel aux nouveaux secrets de la Torah que Machia’h nous révélera très prochainement. Le « devenir » du peuple juif.
Moïse nourrisson ne s’y trompait pas et exigea du « lait casher » : il voulait un judaïsme authentique, avec une véritable perspective de délivrance. Bébé, il était déjà le Rédempteur. Celui qui allait amener le peuple à son destin, qui allait le « faire devenir ».
Nous aussi, sachons apporter cette même authenticité et cette même perspective à nos enfants pour les faire devenir des Juifs vraiment libres. Donnons-leur – matériellement, intellectuellement, moralement et spirituellement – du « lait casher ».
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