En dehors d’être l’une des nombreuses mitsvot du judaïsme, l’obligation de circoncire un enfant juif à l’âge de huit jours exprime une vérité religieuse profonde et fondamentale inhérente à l’ensemble des mitsvot.

C’est l’une des raisons pour lesquelles la première mitsva donnée à notre ancêtre Abraham fut celle de la Brith Mila (la circoncision).

Il a d’ailleurs été dit que la Brith Mila est la mitsva la plus universellement acceptée et pratiquée par les Juifs de toutes les tendances du judaïsme. Et, en effet, à travers les générations, malgré les pires persécutions, les Juifs ont observé la mitsva de la Brith Mila avec un dévouement, une abnégation et une joie incroyables.1

L’obligation de circoncire un enfant à l’âge de huit jours, exprime une profonde vérité religieuse inhérente à toutes les mitsvot

Peut-être peut-on dire que l’extraordinaire message exprimé par la circoncision est ce qui lui a valu d’être en première ligne de la liste des rituels que nos ennemis ont cherché à éradiquer à maintes reprises tout au long de notre histoire ? Peut-être qu’eux aussi reconnaissent la puissance de son message ?

Mais quel est ce message unique ?

Question de timing

La puissance du message de la Brith Mila réside autant dans son timing, à l’âge de huit jours, que dans l’acte lui-même.

L’importance du moment imparti à cette mitsva et de son accomplissement en temps et en heure peut être apprise d’un épisode biblique surprenant qui décrit le voyage de Moïse de Madian en Égypte pour sauver sa nation de la captivité.

« Quand il était sur le chemin, à l’auberge, D.ieu le rencontra et chercha à le tuer. »2

Le Midrach3 explique ce qui conduisit à cette rencontre :

« L’ange chercha à tuer Moïse car il n’avait pas encore circoncis son fils Eliezer... [Moïse] dit : Vais-je circoncire l’enfant et me mettre en route ? Voyager est dangereux pour l’enfant pendant trois jours après la circoncision. Vais-je le circoncire et attendre trois jours ? Le Saint béni soit-Il m’a pourtant ordonné : “Va, retourne en Égypte !”... Pourquoi, alors, Moïse fut-il puni de mort ? Parce qu’il s’est préoccupé d’abord de son hébergement, au lieu de procéder immédiatement à la circoncision... »

Cela signifie que la mission monumentale de délivrer le peuple de D.ieu, ainsi que la vie de Moïse, étaient moins importants que le fait qu’une circoncision soit réalisée dans les temps !

Parti pris

Au moment où j’écris ces lignes,4 un projet de loi est examiné par la Commission Mixte des Affaires Judiciaires de l’État du Massachusetts visant à  interdire toute circoncision effectuée sur toute personne de moins de dix-huit ans sans son consentement exprès, sauf nécessité médicale impérieuse. Le projet de loi interdit spécifiquement la circoncision motivée par des raisons religieuses. Cette loi – qui semble heureusement avoir peu de chances d’être adoptée – punirait la circoncision « illégale » d’une amende, d’un emprisonnement maximal de quatorze ans, ou des deux.

Le consentement d’un enfant ne devrait-il pas être nécessaire avant qu’il ne soit opéré ?

Malheureusement, un couple en Finlande qui avait fait circoncire leur bébé par un rabbin britannique a récemment été reconnu coupable de « complot en vue de commettre des blessures corporelles » par le tribunal d’Helsinki. Le tribunal a ordonné aux parents de payer à leur enfant 1 500 euros en indemnité pour la souffrance subie !

Quelque chose au sujet de ces titres de presse rappelle étrangement l’ancienne Perse ou la Grèce Antique...

Mais les adversaires de la circoncision n’ont-il pas raison sur un point ?

Le consentement d’un enfant ne devrait-il pas être nécessaire avant qu’il ne soit opéré ?

Bien que la chirurgie soit parfois nécessaire ou souhaitable, dans le cas de la circoncision, comment savons-nous que tel est le désir de l’enfant ?

Volonté intérieure

L’extrait suivant d’une lettre du Rabbi jette un peu de lumière sur le sujet :

... Vous m’interrogez sur ma référence à Maïmonide, où se trouvent en substance, bien qu’en des termes différents, les concepts du conscient et de l’inconscient de la psychologie moderne. J’avais en tête un passage dans Hilkhot Guerouchine (fin du chapitre 2) dans son œuvre maîtresse, Yad Ha’hazaka.

Voici l’essentiel de ce passage : Il est certaines choses dans la loi juive, dont l’exécution exige le libre arbitre, et non la coercition. Toutefois, lorsque la loi juive exige certains actes, il est permis de recourir à des mesures coercitives jusqu’à ce que la partie réticente déclare : « Je suis volontaire », et son action est valide et considéré comme volontaire. Il semble y avoir ici une contradiction évidente : s’il est permis de contraindre une action, pourquoi est-il nécessaire que la personne se déclare « volontaire » ? Et si une action contrainte n’est pas valide, à quoi sert qu’une personne se déclare « volontaire » sous la contrainte ?

Et voici le point essentiel de l’explication de Maïmonide :

Chaque Juif, quel que soit son statut et son niveau, veut essentiellement faire tout ce qui est commandé par notre Torah. Cependant, parfois, le Yetser, le mauvais penchant, l’emporte sur son discernement et l’empêche de faire ce qu’il a à faire conformément à la Torah.

Par conséquent, lorsque le Beth Din [tribunal de la loi juive] oblige un Juif à faire quelque chose, ce n’est pas en vue de créer en lui une nouvelle volonté, mais plutôt de le libérer de la contrainte qui avait paralysé sa volonté, lui permettant ainsi d’exprimer sa vraie personnalité. Dans ces circonstances, quand il déclare : « Je suis volontaire », il s’agit d’une déclaration authentique.

Pour formuler ceci dans la terminologie contemporaine : l’état de conscience d’un Juif peut être affecté par des pressions extérieures qui induisent des états d’esprit et même des comportements qui sont contraires à son subconscient, qui est la nature essentielle du Juif. Lorsque les pressions extérieures sont enlevées, cela ne constitue pas un changement ou une transformation de sa nature essentielle, mais, au contraire, ce n’est que la réaffirmation de son caractère inné et véritable... »

Dans une autre lettre, écrite par le Rabbi à un jeune garçon qui avait informé le Rabbi de sa prochaine Bar-mitsva à venir, le Rabbi a ajouté le post-scriptum suivant5 :

En ce qui concerne ce que vous écrivez que « vous provenez d’une famille laïque » : il est certain que cette « laïcité » n’est qu’une condition accessoire et un « vêtement » externe qui recouvre votre fond et votre essence. Car chaque membre de votre famille est le fils d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (et la fille de Sarah, Rebecca, Rachel et Léa) et, après eux, des dizaines de générations d’adeptes de la Torah et de ses commandements.

(Ce n’est que D.ieu a donné à l’homme le choix en ce qui concerne ses actions, mais cependant, celui-ci ne peut en aucune façon changer l’essence, l’âme et sa vraie nature.)

Compte tenu du désir inhérent du Juif d’accomplir la volonté de D.ieu en tout temps, il devient évident que, si on le lui demandait, l’enfant consentirait certainement à accomplir la mitsva de la Brith Mila.

La circoncision, réalisée à un âge où le consentement explicite ne peut être obtenu, révèle le consentement inconscient de chaque Juif de toujours accomplir la volonté de D.ieu

Et ainsi, de toutes les mitsvot, c’est la Brith Mila, réalisée à un âge où le consentement explicite ne peut être obtenu, qui révèle le consentement implicite ou inconscient de chaque Juif de toujours accomplir la volonté de D.ieu.

Serait-ce la raison pour laquelle la circoncision en est venue à symboliser le judaïsme pour nos ennemis et a, au contraire, résonné profondément dans le cœur et l’âme collective juive à travers les âges ?

La leçon pour nous

Parfois, vous pourriez vous demander :

Qui suis-je vraiment ?

Qu’est ce que je veux vraiment de la vie ?

Quelle voix est réellement la mienne ?

Il est temps que vous fassiez connaissance avec vous-même.