Nous lisons cette semaine le douloureux épisode du Veau d’or, à la suite duquel Moïse brisa les Tables de la Loi sur lesquelles étaient gravés les Dix Commandements. Il s’ensuivit un processus de supplication du pardon divin puis d’expiation jusqu’à ce que, 80 jours plus tard, le jour de Kippour, Moïse redescende à nouveau avec de nouvelles Tables, mais pas seulement : nos Sages enseignent que D.ieu lui donna alors l’ensemble de la Torah Orale, c’est-à-dire les interprétations, les commentaires, les approfondissements et les secrets mystiques de la Torah Écrite et de ses lois.

Pourquoi ce « bonus » après un tel désastre ? La réponse est liée à une autre question : pourquoi la transgression d’un seul commandement, fut-il celui de l’idolâtrie, donna-t-elle lieu à une crise aussi grave, au point où D.ieu dit à Moïse qu’Il voulait en finir avec ce peuple ? Sachant, de plus, que ce ne fut qu’une petite partie du peuple qui confectionna et adora le Veau d’or, le reste étant seulement coupable de n’être pas intervenu pour empêcher cela.

La raison en est que la Torah nous fut donnée comme un tout unique, comme un ensemble non composite, contenue entièrement dans les Dix Commandements, et fut reçue par un peuple unifié « comme un seul homme, doté d’un seul cœur ». La Torah était une, à l’image de Son Créateur, et reflétait l’essence commune à toute la création. Sa transgression même partielle par seulement une partie du peuple revenait à briser cette unité et donc à la transgresser en totalité, par la totalité du peuple.

En brisant les Tables en morceaux, Moïse sauva le peuple juif. À un peuple retombé dans la fragmentation, il offrit une nouvelle perspective de la Torah, celle d’être non pas seulement l’âme unique et transcendante du monde entier, mais le plan d’architecte de la création qui en reflète toute la diversité dans les moindres détails. Il était désormais possible de réparer ce qui était brisé, tout en préservant et en développant ce qui demeurait entier. La Téchouva était née. Le Tikoun avait commencé.

Machia’h viendra bientôt et les deux aspects de la Torah seront réunis, et alors nous ferons l’expérience de la réalité à la fois comme une seule et unique pensée de D.ieu et comme une infinité d’opportunités de nous lier à Lui. La manière de s’y préparer est d’être justement cela : conscients d’être dotés d’une parcelle transcendante du divin, et s’attelant à sanctifier chaque détail de notre vie en faisant le bien. C’est à notre portée. Le’haïm !