Le nom de la paracha, Metsora, signifie : « une personne atteinte de tsaraat ».
La tsaraat, que nous avons rencontrée dans la paracha précédente, Tazria, était une affection par laquelle une personne contractait une impureté rituelle qui lui interdisait de pénétrer dans le Temple, de participer à ses divers rituels ainsi qu’à la vie sociale de la communauté. Ainsi séparé du Temple – lieu de vie et de divinité (qui est la source de vie) – et de la vie sociale, le metsora est, selon les paroles de nos Sages, une métaphore de la mort.
Bien que le mot metsora soit effectivement l’un des premiers de la paracha, le sujet du premier tiers de celle-ci évoque le processus par lequel le metsora est guéri de la tsaraat, c’est-à-dire de la négation de la situation d’être un metsora. Le sujet du second tiers de la paracha est la tsaraat qui affecte une maison et de quelle manière une maison peut en être purifiée. La troisième partie de la paracha traite de deux autres formes d’impureté, non liées à la tsaraat, et de leur purification.
Compte tenu de la nature dégradante de la tsaraat, il semble étonnant qu’une paracha consacrée aux moyens de guérir une personne de cette affliction porte le nom de celui qui en est affecté. Toutefois, l’explication qui est donnée du nom de la paracha précédente, Tazria, peut servir à expliquer le nom de cette paracha-ci. Tazria désigne l’acte « d’ensemencement », le fait de s’engager de façon optimiste dans un processus qui mène à une nouvelle vie et à une nouvelle croissance, bien que l’essentiel de la paracha traite des détails de la maladie de la tsaraat, l’antithèse de la vie, car celle-ci n’est pas conçue comme un châtiment, mais un nouveau départ, une incitation à réaffirmer la vie. En tant que telle, elle peut et doit être perçue comme l’« ensemencement » d’un degré plus élevé d’existence.
De la même manière, la paracha de metsora est appelée du nom d’une personne atteinte de cette maladie, bien qu’elle traite essentiellement de la manière d’en délivrer celui qui en souffre, parce que le processus de purification est en soi un prolongement de l’affection elle-même. Ce n’est que l’étape suivante du processus de réhabilitation qui a commencé en contractant la maladie.
L’un des termes par lesquels les Prophètes décrivent le processus messianique, et même le Machia’h lui-même, est celui de « germination ».
« Car, de même que la terre fait jaillir ses pousses, de même qu’un jardin fait germer ses semences, ainsi D.ieu fera pousser la justice et la louange devant toutes les nations. »1
Voici que des jours viennent, dit D.ieu, où Je ferai s’élever un juste plant de David, un roi qui régnera et prospérera et qui exercera le droit et la justice dans le pays. »2
En outre, les Sages du Talmud disent que le qualificatif du Machia’h est « le Metsora de la Maison de Rabbi Yéhouda le Prince », citant le verset3 : « En vérité, ce fut nos maladies qu’il endurait et nos souffrances qu’il portait, mais nous le considérions comme un metsora, frappé par D.ieu et affligé. »4
Le Talmud relate même un épisode dans lequel le Machia’h apparut sous l’aspect d’un metsora :
Rabbi Yéhouda ben Lévi rencontra le prophète Élie qui se tenait à l’entrée de la grotte de Rabbi Chimone bar Yo’haï. Il demanda à Élie : « Quand le Machia’h viendra-t-il ? »
Élie répondit : « Va et demande-lui toi-même. »
– Où se trouve-t-il ?
– À l’entrée de la ville.
– Et par quel signe pourrais-je le reconnaître ?
– Il est assis parmi les pauvres affligés de tsaraat. Mais, alors que les autres défont tous leurs bandages puis [après avoir soigné leurs plaies] les rattachent tous, il défait et refait ses bandages un par un, en se disant : « Peut-être serai-je appelé [pour me révéler comme le Machia’h et, s’il en est ainsi,] je ne peux être retardé [en ayant à refaire de nombreux bandages.] »5
Dans ce contexte, il est possible d’interpréter les noms des deux parachiot traitant de la tsaraat comme exprimant le processus messianique : Tazria, qui signifie « ensemencer », désigne les efforts que nous faisons pour que la Rédemption « germe ». Metsora désigne le Machia’h lui-même. C’est ainsi que la phrase Tazria-Metsora signifie : « Sème les graines de la Rédemption messianique. »
La plupart des années, les deux parachiot de Tazria et Metsora sont lues ensemble. Dans le contexte allégorique que nous venons de mentionner, cela nous enseigne que nous devons considérer nos efforts pour raffiner le monde à travers l’étude de la Torah et l’accomplissement des Mitsvot, non uniquement comme une fin en soi – ce qu’ils sont, eu égard à notre obligation d’accomplir les commandements divins par soumission absolue –, mais également comme les moyens de hâter la venue du Machia’h. Nous ne devons pas dissocier notre Tazria, notre ensemencement, de Metsora, son but messianique.
Plus encore, nous devrions considérer nos efforts et leur finalité, c’est-à-dire le fait de vivre notre vie en accord avec les commandements de la Torah d’une part et la Rédemption messianique d’autre part, non pas comme deux entités distinctes, mais comme une continuité.
D’une part, vivre une vie de Torah conduit naturellement à la Rédemption, et d’autre part la Rédemption n’est rien d’autre que la pleine éclosion de la Torah et des commandements que nous aurons connus au cours de notre exil. La Torah des temps messianiques sera la même Torah que celle que nous avons actuellement à la différence près que ses dimensions les plus profondes nous seront entièrement révélées. De même que nous continuerons à observer les commandements de la Torah, mais de la manière la plus complète qui puisse être, aussi bien quantitativement, tels que les commandements qui ne peuvent être accomplis que le Temple existe et que l’ensemble de la nation juive se trouve sur sa terre, que qualitativement, lorsque la réalité se défera du matérialisme grossier qui occulte actuellement la plupart des révélations divines qui résultent de notre pratique des mitsvot, ainsi que de l’orientation matérialiste naturelle de notre conscience, qui cèdera la place à une conscience élevée de D.ieu.
En lisant dans la Torah l’odyssée du metsora et le processus de sa rédemption de l’ostracisme, de son « exil » social, nous lisons en même temps l’odyssée de nos crises et de nos rédemptions spirituelles personnelles ainsi que notre odyssée collective à travers l’exil, qui nous mène vers notre Rédemption finale.6
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