J’ai écouté à la radio un débat sur le harcèlement à l’école. Selon le présentateur, les données suggèrent qu’il existe une corrélation entre le fait d’avoir été une victime de harcèlement dans son enfance et celui de devenir soi-même un agresseur. Les auditeurs appelaient pour parler de leur expérience de souffre-douleur dans la cour de récréation et dire si elles estimaient que cela avait eu un impact sur leur vie ultérieure. C’était une discussion réellement intéressante, qui donnait beaucoup à réfléchir.
Incidemment, un type a admis qu’il avait été un bourreau quand il était enfant. Il a raconté quelques histoires sur ce qu’il faisait pour terroriser ses camarades de jeu, et comment il en était lentement venu à prendre conscience de combien son comportement était mauvais. Il semblait fier à juste titre de ne plus ressentir le désir de persécuter les victimes innocentes.
J’ai été très impressionné par lui, jusqu’à ce qu’il laisse échapper qu’il gagnait actuellement sa vie en mettant des PV de stationnement. Je suppose que certaines choses ne changent jamais.
Ou peut-être que si, en fait ? Peut-on vraiment se libérer du mal que d’autres ont fait, et se résoudre à agir avec générosité et compréhension envers les autres ? Sommes-nous condamnés à répéter aveuglément les expériences de notre enfance, sans espoir et sans recours pour un avenir meilleur, ou avons le libre-arbitre en la matière ? Quelle horrible perspective ce serait si les épreuves du passé devaient nécessairement déterminer notre comportement futur envers autrui. Mais comment une victime peut-elle s’assurer de ne pas devenir un agresseur ?
Se libérer
Les Juifs étaient des esclaves en Égypte. Ils furent victimes de brutalité pendant des décennies et souffrirent d’indignité leurs vies durant. Ils étaient abattus et démoralisés, soumis jour après jour à la cruauté de leurs bourreaux. Soudain, Moïse et Aaron apparurent, apportant la promesse de la liberté et du libre arbitre. Ils allaient bientôt être libérés de leur servitude, et pourraient agir comme ils le souhaiteraient. Auraient-ils la force émotionnelle de dépasser leurs difficultés passées, ou allaient-ils traiter les autres comme eux-mêmes l’avaient été ?
« L’Éternel parla à Moïse et à Aaron et Il leur donna une mission à l’égard des Enfants d’Israël. »1 Le Talmud de Jérusalem2 explique que ce premier commandement que les enfants d’Israël reçurent de D.ieu était la directive selon laquelle un esclave juif doit être libéré au bout de six ans.
À première vue, cela semble tout à fait incongru. De toutes les mitsvot de la Torah, était-ce l’instruction la plus importante que Moïse et Aaron devaient communiquer à ce moment ? Il y avait certainement des questions plus pressantes à leur faire connaître. Quel drôle de timing que de les instruire sur le traitement de leurs serviteurs, alors qu’ils étaient eux-mêmes encore des esclaves !
Les commentateurs expliquent que la raison pour laquelle un Juif n’a pas le droit d’asservir son prochain à perpétuité est parce que D.ieu seul est notre Maître, et nous ne pouvons appartenir à personne d’autre que Lui. Même dans les rares cas où un homme vend ses services, se soumettant à l’autorité d’un autre, ce pouvoir n’est que temporaire et doit être exercé avec précaution.
En introduisant ce commandement alors qu’ils étaient encore asservis, D.ieu montrait aux Juifs un moyen de sortir du cycle de violence et d’intimidation qui sont le lot habituel de ceux qui ont été une fois maltraités. Même dans les moments sombres, il leur fut rappelé que tout vient de D.ieu et qu’Il est la source de tout. En se connectant avec une puissance plus élevée, ils réussirent à surmonter leur amertume et à substituer la bonté à la cruauté.
Même les personnes les plus maltraitées peuvent avoir la capacité de surmonter leur souffrance. En se connectant à D.ieu et en se soumettant à Sa mission, on peut effectuer l’exode de la cruauté de son passé et accéder ainsi à sa propre rédemption.
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