La Torah fait un piètre livre d’histoire : d’importants événements historiques y sont complètement omis, alors que des incidents apparemment insignifiants sont relatés en long et en large. Et pour rendre les choses un peu plus confuses, la Torah a le chic pour raconter des événements hors de la séquence chronologique.
C’est qu’en fait, la Torah, bien qu’elle soit présentée sous forme de récit, n’est pas du tout un livre d’histoire. Chaque épisode biblique est une « actualité », applicable à notre vie quotidienne. Ainsi, la Torah ne relate que des histoires dont les messages sont intemporels, et ces histoires elles-mêmes sont « éditées », ne conservant que les détails pertinents à ses messages éternels, et présentées d’une manière qui véhicule le message de manière optimale.
Étudier la Torah sans chercher à y déceler les messages contemporains revient à ignorer l’âme de la TorahAinsi, étudier la Torah sans chercher à y déceler les messages contemporains revient à ignorer l’âme de la Torah. Par exemple, lorsque nous nous sentons débordés et submergés par les soucis de la vie, nous puisons de l’inspiration chez Noé. Quand nous sommes forcés à lutter contre le mal, que ce soit la tentation à l’intérieur ou l’opposition à l’extérieur, nous lisons l’histoire de Jacob et d’Ésaü, et nous y apprenons comment réagir. L’histoire de l’Exode nous apprend à affronter notre asservissement à nos pulsions, à notre nature et/ou à nos addictions.
Le Livre du Deutéronome regorge de propos de Moïse décrivant la prochaine conquête du pays de Canaan ainsi que ses promesses que les Israélites seront victorieux dans la bataille. Le texte suivant, extrait de la paracha de cette semaine, est l’une de ses nombreuses déclarations à ce sujet :
Peut-être te diras-tu : « Ces nations-là sont plus nombreuses que moi ; comment pourrai-je les déposséder ? » Ne les crains pas !... Ne tremble donc pas devant elles, car l’Éternel ton D.ieu, qui est au milieu de toi, est un D.ieu grand et redoutable. (Deutéronome 7,17-21)
Moïse s’adressait à une nation qui était aussi habituée aux miracles que nous le sommes à la nature. Avec Moïse à leur tête, les Israélites venaient de vaincre les deux puissants royaumes des Emorites et des Bashanites. Leur régime alimentaire quotidien consistait en manne céleste et en eau qui jaillissait miraculeusement d’un rocher. Pourtant Moïse sentit leur crainte et leur appréhension, et il sut qu’il devait les rassurer. Ils étaient pleinement conscients qu’une fois rentrés en Canaan, ils seraient livrés à eux-mêmes : D.ieu n’enverrait pas dix plaies sur les Cananéens, et Moïse ne serait pas là non plus pour manipuler la nature à sa guise. Et livrer bataille aux 31 rois cananéens sur un pied d’égalité était une perspective effrayante.
Et Moïse ne contesta pas que l’ennemi fût redoutable. Mais il assura les Enfants d’Israël que, bien que D.ieu ne serait pas directement manifeste dans leur guerre, Il serait néanmoins en coulisses, leur assurant la victoire. Reconnaissant l’importance du moral, Moïse inspira la confiance aux Israélites, leur disant qu’ils devaient seulement accomplir leur part sur le champ de bataille et D.ieu assurerait la victoire.
D.ieu veut que nous luttions et que nous peinions, mais quand nous le faisons, Il garantit personnellement notre victoireNous aussi, nous devons livrer bataille tous les jours. Et souvent l’ennemi semble redoutable et invincible. Le maître ‘hassidique Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev s’adressa une fois ainsi à D.ieu : « Maître de l’Univers, Tu as placé toutes les tentations terrestres sous nos yeux, tandis que les bienfaits spirituels et les récompenses pour accomplir Ta volonté, Tu les as relégués dans les livres que nous étudions. C’est tout à fait injuste ! Renverse la situation : inonde nos sens de perception de la spiritualité et confine tous les avantages et les plaisirs matériels aux étagères des bibliothèques. Vois, alors, combien de personnes pécheront ! »
Il serait imprudent de sous-estimer la bataille à laquelle nous sommes confrontés jour après jour, et nous pouvons manquer des moyens nécessaires pour réussir de nos seules propres forces. Pourtant, Moïse nous enjoint de nous rappeler que nous ne sommes pas seuls sur le champ de bataille. D.ieu veut que nous luttions et que nous peinions, mais quand nous le faisons, Il garantit personnellement notre victoire.
« L’Éternel, ton D.ieu, chassera ces nations de devant toi, petit à petit... » (Deutéronome 7,22)
La bataille est lente, et on ne devient pas des gens spirituels du jour au lendemain. Mais avec persistance, détermination et l’aide d’En Haut, nous finirons par devenir les personnes spirituelles et raffinées que nous aspirons tellement à être.
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