Le livre du Lévitique consacre beaucoup d’espace aux korbanot, c’est-à-dire aux sacrifices offerts d’abord dans le Tabernacle, puis par la suite dans les deux Temples de Jérusalem. Sachant que la Torah est éternellement pertinente, et que le troisième Temple n’a pas encore – au moment où ces lignes sont écrites – été construit, il y a lieu de se demander quelle peut être la pertinence des korbanot à un niveau personnel aujourd’hui ? Après tout, nous avons déjà la possibilité d’imprégner nos vies de divinité à travers l’étude de la Torah, la prière et les mitsvot, ce qui implique l’intellect, les émotions et l’action soit toute la gamme de l’expression humaine. Qu’est-ce que les korbanot peuvent ajouter à notre relation avec D.ieu ?

Considérons le texte qui, dans le Lévitique, introduit le sujet des korbanot.1 Si nous prenons en compte que le terme korbane signifie littéralement « approcher », et non « sacrifier », cela donne la traduction littérale suivante :

« Quand une personne approchera – de vous – un rapprochement à D.ieu, des animaux, du gros ou du menu bétail vous approcherez votre rapprochement. »

Le mot korbane signifie littéralement « approcher » et non « sacrifier »

Ce verset traite du cas d’une offrande volontaire, et il nous enseigne une idée fondamentale au sujet des korbanot : si vous voulez vous rapprocher de D.ieu, cela doit provenir « de vous ». Ceci fait, apportez aussi votre mouton.

Si nous cherchons à nous rapprocher du divin, à trouver du sens et de la profondeur dans toutes les activités ordinaires de la vie, il nous faut rapprocher en particulier notre « animal ». Celui-ci représente tous les aspects de la vie que nous partageons avec toute créature : l’alimentation, l’habitat, la sécurité, le souci de notre progéniture, les loisirs, etc.

Mais qu’est-ce qui vient « de vous » qui soit réellement « vôtre » ? De fait, toutes les catégories évoquées ci-dessus – la Torah, la prière et les mitsvot – constituent des obligations. Elles sont des commandements de D.ieu. Cependant, dans nos vies, nous passons la plupart du temps au travail, dans les transports, à faire les courses, à faire la cuisine, à réparer des choses, à remplir des formalités, etc. Une grande partie de ces activités ne sont pas des obligations en tant que telles, on peut donc dire qu’elles sont « de vous ».

La clé pour rendre l’ensemble de notre vie « proche » est de comprendre que toute obligation dans le judaïsme est constituée des composantes de la vie quotidienne. La charité est alimentée par l’activité économique, les ressources matérielles que nous utilisons pour le Chabbat sont issues du travail de la semaine, et le cerveau que nous utilisons pour l’étude de la Torah est alimenté par le glucose qui provient de notre alimentation. Dès lors, nous pouvons aborder notre activité ordinaire en étant conscients de la puissance qu’elle recèle.

Par exemple :

Notre préparation et notre consommation de nourriture nous sustentent et nous donnent la force de vivre comme D.ieu nous le demande.

Notre travail fournit les ressources nécessaires pour aider les autres et éduquer nos enfants.

Voir le potentiel de sainteté dans ce que nous faisons est en soi quelque chose de saint.

Nos loisirs nous procurent calme et répit, nous permettant d’avoir la patience et l’énergie dont nous avons besoin pour utiliser notre esprit, nos émotions et notre corps tel que la Torah nous le demande.

Si nous sommes conscients de tout cela lorsque nous nous livrons à ces activités, l’ordinaire cesse d’être ordinaire et devient partie intégrante du sacré. L’« animal » – par exemple les transports, le travail, la traversée d’un aéroport au pas de course, le montage d’un meuble en kit – devient une fin en soi, profonde et pleine de sens. Parce que voir le potentiel de sainteté dans ce que nous faisons est en soi quelque chose de saint.

En étant conscients du potentiel de nos actions jusque ici ordinaires – cet acte de korbane personnel –, nous transformons toutes les parties de nous-mêmes et de notre vie qui semblaient n’être rien d’autre qu’une route menant quelque part, en une fin en soi. Elles conduisent certes à des mitsvot etc, mais c’est une « route panoramique ». Le voyage lui-même est exaltant.