Quand toutes les Parachas sont lues séparément, la Haftarah de Pin’has est empruntée au premier livre des Rois. Cette Haftarah parle du prophète Élie qui, comme Pin’has, lutta pour le triomphe de D.ieu et de la Torah avec zèle et un oubli total de soi. Mais quand les Parachas Mattot et Massei sont jointes, la Haftarah de Pin’has est empruntée à Mattot. C'est le premier chapitre de Jérémie.

Pourquoi cette Haftarah ? Parce que ce Chabbat tombe au milieu des « Trois Semaines » (du 17 Tammouz à Tichea beAv). C'est une période triste qui comporte une très sérieuse leçon. Nous avons ici la première des trois « Haftaroth de Blâme » qui sont lues avant le 9 Av, anniversaire de la destruction du Beth-Hamikdache (elles sont suivies de sept « Haftaroth de Consolation » qui closent l’année, la dernière étant lue le Chabbat précédant Roch Hachana).

Jérémie vécut au temps de la Destruction du Temple. Sa première prophétie (dans cette Haftarah) fut effectivement un avertissement : Babylone conquerrait et détruirait le Royaume de Judah parce que celui-ci s’était éloigné de D.ieu.

Après que la terrible prophétie s’est réalisée, Jérémie change de ton et parle dans les termes consolants d’un père, redonne courage, foi et espoir au peuple éprouvé. De cela aussi nous avons un écho dans cette Haftarah : le prophète reçoit l’ordre « d'aller crier aux oreilles de Jérusalem » que D.ieu n'oubliera jamais la foi et la fidélité des enfants d’Israël à leur départ d’Égypte. Le prophète compare cette dévotion à celle d'une épouse aimante, suivant en toute confiance son bien-aimé dans le désert.

« Israël est la part sacrée de D.ieu, les premiers fruits de Sa récolte »

dit le prophète. Car, si la récolte entière est chère au fermier qui a tellement peiné pour la produire, « les premiers fruits » sont ceux qui lui tiennent le plus à cœur ; aussi les consacre-t-il à l'Éternel.

Ainsi est Israël parmi les nations vouées au service de D.ieu. Aussi, malheur à celles qui attaquent Israël, car :

« Tous ceux qui le dévorent seront considérés coupables ; ils auront le mal en partage, dit D.ieu ».

Ce qui est vrai de la nation l’est aussi de l'individu. Aucun mal n’arrivera à celui qui avec sincérité et désintéressement consacre sa vie au service de D.ieu. C'est ainsi que l’Éternel promet paix et protection aussi bien à Pin’has dans la Paracha qu’au prophète Jérémie dans la Haftarah. Il faut y voir le lien spécial qui relie la Paracha et la Haftarah.