Cette semaine nous achevons la lecture du livre de Béréchit, la Genèse. Celui-ci avait commencé par le récit de la création et se termine par le verset suivant :

« Joseph mourut âgé de cent dix ans... Il fut déposé dans un cercueil en Égypte. » (Genèse 50, 26)

A priori, ces deux événements – la création et le fait que Joseph reposa d’abord en Égypte – n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Pourtant, la tradition juive enseigne que « la fin est ancrée dans le début et le début dans la fin. »

Revenons... au commencement. Sur le verset « Au commencement D.ieu créa le ciel et la terre », Rachi cite l’interrogation de Rabbi Its’hak : pourquoi la Torah qui est la loi de D.ieu nous raconte-t-elle l’Histoire au lieu de débuter par la première loi ? Ce à quoi il répond : « C’est pour enseigner que la terre lui appartient. Si un jour Israël est accusé d’avoir pris la terre des nations, il pourra alors répondre que toute la terre appartient à D.ieu. Il l’a créée et Il l’a donnée à qui bon lui a semblé. C’est par sa volonté qu’Il la donna aux nations de Canaan et c’est par sa volonté qu’Il la leur retira pour nous la donner. »

Il y a ici bien plus qu’un enjeu territorial. En effet, ces nations qui soulèvent une objection reconnaissent la mission spirituelle du peuple juif, mais elles refusent d’admettre que cette mission s’inscrive dans la matérialité du monde, symbolisée par « la terre ».

Or, précisément, cette mission a pour but de montrer que D.ieu est le maître de la réalité dans son ensemble, et de faire en sorte que le matériel devienne imprégné du spirituel, que notre réalité soit porteuse de sens et reflète le bien.

C’est pourquoi l’histoire du livre de la Genèse culmine avec l’indication que Joseph repose en Égypte : le peuple juif s’apprête à sombrer dans l’exil et l’esclavage égyptiens, il souffrira d’atroces persécutions pendant 210 ans avant d’être libéré par l’envoi de Moïse, les Dix Plaies et la traversée de la mer Rouge. Lorsqu’il quittera l’Égypte, le peuple emmènera le cercueil de Joseph pour qu’il soit inhumé en Terre Sainte. Mais, jusqu’à ce moment, Joseph demeure en Égypte, auprès du peuple, afin que sa présence lui donne la force de surmonter cette terrible épreuve, afin qu’il ne soit pas englouti par la matérialité de l’Égypte mais, au contraire, qu’il finisse par en triompher.

De même, nous qui vivons des temps où le matérialisme est à son paroxysme, nous savons que D.ieu est avec nous et qu’il nous est donné d’éclairer notre vie quotidienne par l’étude de la Torah, l’accomplissement des mitsvot et la bienfaisance.

Telle est notre préparation – la nôtre et celle du monde entier – à l’ère messianique, lorsque le spirituel sera visible à l’intérieur même du matériel.