Changement de vêtements

Dans la lecture de la Torah de cette semaine, la paracha « A’harei Mot », nous lisons que lorsque le Cohen Gadol – le Grand Prêtre – pénètre dans le Saint des Saints à Yom Kippour pour réaliser les rites expiatoires les plus élevés, il ne porte pas sa tenue sacerdotale habituelle constituée de huit vêtements. En effet, ceux-ci contiennent de l’or, et, comme une partie de la finalité de son entrée dans le Saint des Saints est de racheter la faute du Veau d’or, il ne convient pas de porter le matériau même qui fut à l’origine de cette faute, en vertu du principe « l’accusateur ne peut se faire défenseur ». Au lieu de cela, il revêt seulement quatre vêtements blancs semblables à ceux d’un prêtre ordinaire et fabriqués en pur lin.

La paracha nous informe qu’à l’issue de ce service dans le Saint des Saints : « Aharon viendra dans la tente d’assignation, et quittera les vêtements de lin dont il s’était vêtu en entrant dans le sanctuaire, et les y déposera. » (Lévitique 16,23). Selon le Talmud, cela signifie que ces vêtements devaient être enfouis pour ne plus jamais être utilisés (Yoma 24a).

Il semble curieux de distinguer ces habits des autres tenues du Grand Prêtre, qui ne sont pas soumises à des limitations d'utilisation, alors que ceux-ci ne doivent pas être portés l’année suivante.

Le Rabbi de Loubavitch donne une interprétation profonde de cette règle :

L’essence du service du Grand Prêtre lors de Yom Kippour est la techouva, le repentir et le retour à D.ieu, afin d’expier les fautes des enfants d’Israël.

La puissance de la techouva réside dans sa capacité d’amener la personne à un véritable renouveau : elle devient capable de déraciner sa réalité antérieure, souillée par le péché, pour se forger une nouvelle réalité. Elle peut alors affirmer : « Je ne suis plus la personne qui a commis ces actes ! »

Cela montre la grandeur de la repentance même en comparaison au service divin des tsadikim, les justes, car bien que ceux-ci s’élèvent spirituellement de manière constante, cette progression ne constitue pas un changement radical et ne les ouvre pas à une nouvelle réalité. Les justes sont en évolution, et celui qui fait techouva opère sur lui-même une révolution, ce qui implique la révélation de forces profondes de l’âme qui, d’ordinaire, ne se manifestent pas.

C’est la raison pour laquelle le Grand Prêtre, qui représente l’ensemble du peuple juif, n’entre pas dans le Saint des Saints avec les mêmes vêtements qu’il a portés l’année précédente : son entrée dans le lieu le plus sacré de l’univers n’a pas pour objet de l’élever à un degré supérieur, mais d’opérer un renouvellement complet de sa réalité, de sorte que, d’une certaine façon, il n’est plus le même Grand Prêtre qui est entré dans le Saint des Saints l’année précédente.

Et cela donnait la capacité à chaque membre du peuple de faire également une véritable techouva et de devenir une autre personne, débarrassée de ses entraves intérieures, à même de révéler en soi et dans le monde entier la véritable essence qui est l’Essence divine.

Puissions-nous puiser dans les forces de notre âme pour réaliser cela et mériter la venue de Machia’h sans plus attendre.

Chabbat Chalom !


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