Voir et révéler

Le Rabbi précédent de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak, fit le célèbre récit suivant :

Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi avait l’habitude d’officier en tant que lecteur de la Torah dans sa synagogue. Une année, le Rabbi était en voyage le Chabbat au cours duquel la paracha de Ki Tavo (Deutéronome 26-29) est lue. En l’absence du Rabbi, quelqu’un d’autre fit la lecture.

Ki Tavo contient « la Réprimande », une description sévère des calamités ou « malédictions » destinées à frapper le peuple juif s’il abandonne les commandements de la Torah. Cette semaine-là, le fils de Rabbi Chnéour Zalman, DovBer, âgé d’environ douze ans à l’époque, fut tellement affecté par les « malédictions » de la Réprimande qu’il eut un malaise cardiaque. Trois semaines plus tard, lorsque Yom Kippour arriva, il était encore si faible que son père hésitait à lui permettre de jeûner.

Lorsqu’on demanda au jeune DovBer : « Mais n’entends-tu pas la Réprimande chaque année ? », il répondit : « Quand Père lit, on n’entend pas de malédictions. »

Cette histoire fait l’objet d’un article dans notre magazine cette semaine.

Je voudrais l’observer sous un autre angle. Nous avons vu il y a quelques semaines un récit du Maguid de Mézeritch duquel il ressortait que la capacité à ne voir que le bien n’est pas de ce monde.

Cela semble contredire le récit présent !

Cependant il n’y a pas de contradiction : Rabbi Chnéour Zalman était l’élève du Maguid, et il avait le devoir de faire progresser son enseignement de la vérité divine plus avant. C’est ainsi qu’il fit descendre dans notre monde cette perception. Certes, il fallait pour cela que ce soit un Rabbi qui lise la Torah et un futur Rabbi qui l’entende, mais la chose était bien présente ici-bas.

C’était il y a 7 générations.

Entre temps, les différents Rabbis ont encore fait progresser et descendre les choses vers nous, jusqu’au Rabbi actuel qui nous a imparti la tâche de révéler D.ieu au sein même du monde de l’exil, et nous a demandé de le faire de nos propres forces, de façon autonome, au point même de le faire sans bénéficier de sa présence visible.

En ce jour de ‘Haï Eloul, jour de révélation où nous pouvons non seulement préparer la nouvelle année qui approche, mais également rectifier tout ce qui a besoin de l’être dans l’année qui s’achève, sachons prendre toute la dimension des forces qui nous sont données, et les mettre dès maintenant à l’œuvre avec résolution et joie !

Avec nos vœux d’être inscrits et scellés pour une bonne et douce année.

Chabbat Chalom !


Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org