Les dix jours de Roch Hachana à Yom Kippour sont appelés les Asséreth Yemei Techouva, soit les Dix Jours de Repentance (littéralement : « les Dix Jours de Retour »).

Lorsque le prophète Isaïe exhorte la nation juive à se repentir de ses péchés, il dit : « Cherchez D.ieu quand Il peut être trouvé ; appelez-Le quand Il est proche. »1 Quel est ce moment ? Les sages enseignent que ce verset se réfère à ces dix jours, au cours desquels D.ieu est particulièrement proche de nous.

Les sages décrivent cette période comme une période où « les portes du ciel sont ouvertes et J’écouterai vos prières ».

Maïmonide2 explique :

« Même si la repentance et l’appel à D.ieu sont toujours opportuns, pendant les dix jours allant de Roch Hachana à Yom Kippour, cela est extrêmement approprié et accepté immédiatement [en haut]. »

« C’est pourquoi, poursuit Maïmonide, il est de coutume que tout Israël donne à profusion à la charité, accomplisse de nombreuses bonnes actions et s’affaire à l’observance des commandements de D.ieu depuis Roch Hachana jusqu’à Yom Kippour dans une plus grande mesure que pendant le reste de l’année. »3

Pourquoi cette période est-elle unique ? Rabbi Chmouel Eliezer Eidels (Maharsha, 1555-1631) explique que notre destin pour l’année à venir est décidé à Roch Hachana, mais qu’il n’est pas scellé avant Yom Kippour. En conséquence, c’est le moment de revenir vers D.ieu et de Le supplier d’améliorer le jugement.4

Dans la prière

Pendant ces dix jours, un certain nombre de modifications sont apportées à la prière quotidienne :

● Pendant les offices du matin, après la bénédiction de Yichtaba’h, il est d’usage de dire le Psaume 130 : Chir hamaalot mima’amakim etc.

● Trois fois par jour, dans la Amida (la prière silencieuse prononcée debout), à la place de haE-l hakadoch (« le D.ieu saint »), nous disons haMelekh hakadoch (« le roi saint »), et à place de Melekh ohev tsédaka oumichpat (« Roi qui aime la droiture et la justice »), nous disons haMelekh hamichpat (« le Roi du jugement »). Il y a un certain nombre d’autres insertions instituées par les sages médiévaux que l’on peut trouver dans le livre de prières.

● À la suite de la Amida et des Ta’hanoun (les prières de supplications) qui suivent, nous ajoutons la prière complète d’Avinou Malkénou.

● Comme nous le faisons depuis le début du mois d’Eloul (et ce, jusqu’au septième jour de Souccot, Hochaana Rabba), nous disons le Psaume 27 à la suite des prières du matin et de l’après-midi (ou du soir).

Les deux coutumes suivantes ne sont pas observées chez ‘Habad :

● Dans le Kaddich, certains ont l’habitude de dire léeila ouléeila (« au-delà et plus haut encore »), en référence à la grandeur de D.ieu, au lieu de l’habituel léeila (« au-delà »). (Chez ‘Habad, cette formulation est réservée à la prière de Néilah à Yom Kippour).

● La coutume répandue est de réciter des seli’hot spéciales (prières pénitentielles) avant l’aube. Chez ‘Habad, elles ne sont dites que lors du jeûne de Guédalia, au milieu de l’office du matin.

Pratiques générales

Idéalement, pendant cette période, nous diminuons notre implication dans les affaires matérielles (presque comme lors de la période de « demi-fête » de ‘Hol Hamoed) et nous augmentons notre étude de la Torah et nos dons charitables.

En ces jours qui précèdent Yom Kippour, certains veillent à régler toutes leurs dettes de manière à arriver au jour saint avec une ardoise vierge.

C’est le moment de faire son maximum dans l’observance de toutes les mitsvot. Par exemple, une personne qui ne s’abstient généralement pas de consommer du pain casher mais cuit par des non-juifs devrait s’efforcer pendant cette période de ne manger que du pain cuit uniquement par des Juifs.

Jours particuliers

Le jour suivant Roch Hachana est le Jeûne de Guédalia, lors duquel nous pleurons la mort de Guédalia, le chef du peuple juif en Terre Sainte après la destruction du Premier Temple en 3338 (423 avant l’ère commune).

Le Chabbat entre Roch Hachana et Yom Kippour est appelé Chabbat Chouva, « le Chabbat du Retour ». Ce nom provient de la Haftara (lecture des prophètes) de ce Chabbat, qui commence par les mots : « Reviens, Israël, vers l’Éternel ton votre D.ieu. »5 Avec Chabbat Hagadol (le Chabbat précédant Pessa’h), c’est l’une des deux occasions annuelles où les rabbins ont l’habitude de prononcer (plus longtemps que d’habitude) des discours sur des sujets d’actualité. Comme à Roch Hachana, nous trempons notre ‘hallah dans du miel au début des repas du Chabbat.

Le jour qui précède Yom Kippour est l’un des jours les plus chargés de l’année juive. Aux petites heures du matin, il est de coutume de célébrer la cérémonie des Kapparot avec un poulet ou de l’argent, au cours duquel nous disons : « Ceci est mon remplaçant, ceci est mon substitut, ceci est mon expiation ; ce poulet mourra et j’aurai une vie longue, bonne et paisible. » Étant déjà dans une ambiance de fête, le Ta’hanoun est exclu des prières et nous prenons deux repas de fête, l’un à midi et l’autre, juste avant le jeûne, qui commence au coucher du soleil. Parmi les aliments traditionnels, il y a le lekakh (gâteau au miel) et les kreplach (sortes de raviolis fourrés de viance). Le Talmud déclare : « Quiconque mange et boit le neuf [Tichri] est considéré comme s’il avait jeûné le neuf et le dix. »6

Une perspective kabbalistique

Le maître kabbaliste Rabbi Isaac Louria (le « Arizal ») a enseigné que les sept jours entre Roch Hachana et Yom Kippour (qui comprennent toujours un dimanche, un lundi, etc.) correspondent aux sept jours de la semaine, chaque jour représentant tous ces mêmes jours de l’année : le dimanche représente tous les dimanches, le lundi représente tous les lundis, etc. Veillons à mettre ces jours à profit avec sagesse.