Rav Na'hman bar Its'hak appartient à  la cinquième génération des Amoraïm de Babylonie. Il vécut il y a environ 1600 ans. Après la mort de Rava, Recteur de la Yechivah de Me'hoza, le centre de la culture se déplaça, revenant à son point de départ, Poumbeditha, où Rav Na'hman fut nommé à la tête de l'Académie.

Dans sa jeunesse, bien que condisciple de Rava, il s'asseyait toujours une rangée derrière lui. Plus tard, il étudia sous la direction de Rav 'Hisda. A l'époque du rectorat de Rav Joseph bar 'Hiya à Poumbeditha, et de celui de Rava à Me'hoza, Rav Na'hman bar Yits'hak fut Rêche Calah (maître de cours) sous Rava, et déjà son érudition remarquable et sa grande piété lui valaient une grande réputation.

Du vivant de Rabbi Na'hman bar Yits'hak, la situation des Juifs en Terre Sainte ne faisait qu'empirer. Au point que les Yechivoth qui s'y trouvaient durent fermer leurs portes. Tandis qu'en Babylonie elles fleurissaient au contraire, et les Amoraïm entreprenaient la rédaction des explications et des enseignements commencés au temps où la Michnah fut publiée et complétée par Rabbi Yéhouda HaNassi (le Prince).

Rav Na'hman fut l'un des plus importants parmi les érudits de son temps qui assumèrent la lourde tâche de réunir cette énorme masse du savoir judaïque, laquelle plus tard, éditée et complétée, devait devenir ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Guémara ou Talmud.

Un jour, alors qu'il discutait avec Rav Na'hman, Ravina lui demanda des précisions sur l'autorité de ses décisions, à lui, Rav Na'hman. Ce dernier lui répondit : « Ni ma sagesse, ni mes connaissances ne sont suffisamment grandes pour que je me permette de me baser sur mes opinions propres; et je n'ai garde d'appuyer mes déclarations sur l'autorité d'un seul érudit. J'enseigne seulement ce que j'ai appris à la Yéchivah, où j'avais l'habitude de présenter dans l'ordre qu'il fallait les opinions des Sages. C'est ainsi qu'on enseignait à la Yéchivah ». Se référant aux enseignements et aux lois recueillis auprès de ses collègues plus âgés et de ses maîtres, et conscient de l'importance de l'exactitude en pareille matière, il ne manquait jamais de les citer avec un scrupule extrême et un souci de fidélité rigoureuse à l'égard des termes employés par les auteurs.

Le Talmud contient beaucoup d'enseigne­ments de Rav Na'hman, tant dans le domaine de la Halakha (Loi) que de la Hagadah. L'une de ses maximes les plus célèbres sur l'étude de la Torah était la suivante : « Pourquoi les paroles de la Torah sont-elles comparées à un arbre, dans le verset “Elle est un arbre de vie pour ceux qui s'en saisissent” (Proverbes 3,18) ? Car de même qu'un petit bout de bois en allume un gros, ainsi le jeune étudiant aiguise l'esprit de l'érudit plus âgé. »

Quand Rava déclara un jour : « Un peu d'orgueil ne sied pas à un érudit », Rav Na'hman se hâta de répondre : « Ni l'orgueil, ni même une petite parcelle d'orgueil ! » Ceci témoigne de sa grande modestie. Il fut un homme doté de plus hautes qualités de caractère, et s'attacha à enseigner à ses élèves à améliorer constamment le leur. Il condamnait avec une sévérité particulière l'irritabilité et la colère, et aimait à répéter que les qualités les meilleures dans l'homme perdent toute valeur dans une nature irascible.

Rav Na'hman devait sa profonde piété à sa mère. Le Talmud nous raconte qu'un astrologue avait prédit un jour à celle-ci que son fils deviendrait un voleur. Aussi redoubla-t-elle d’attention et veilla de façon particulière à ce que ce dernier eût la tête entièrement couverte en permanence. Et elle lui répétait souvent : « Mon fils, couvre complètement ta tête, aie la crainte de D.ieu et prie constamment pour qu'Il ait compassion de toi. Ainsi tu ne céderas Jamais à ton mauvais penchant. » Ce qu'il fit. Et, loin de devenir un voleur, il fut l’un des plus grands Maîtres de sa génération.