Le Maguid de Mézéritch portait une affection toute particulière pour son disciple, le Baal Hatanya. Cette affection n’était pas fortuite, comme en témoigne cette lettre du Maguid, adressée à son fils Rabbi Abraham, datée de l’hiver 5530 (1769) :
« Hier nuit, après minuit, mon saint maître, Rabbi Israël Baal Chem Tov se révéla et s’adressa à moi en ces termes : “Sache, mon fils Béréniou, que dans la vigne que tu as plantée se trouve un pied de vigne qui n’a pas eu son semblable dans le peuple juif depuis plusieurs siècles. Il est encore jeune, mais a déjà mérité par deux fois que le prophète Élie se révèle à lui face à face et non pas dans un rêve. Il faut donc que tu prennes conscience de ce que tu as sous tes yeux et que tu saches comment te comporter envers lui ...” Je fus alors rempli de crainte et je demandai à mon maître quel était son nom. Celui-ci me répondit qu’il se nommait Chnéour Zalman. Mon corps se mit à trembler pour deux raisons : d’abord, parce que mon saint disciple Zalmina m’avait caché la chose ensuite, du fait que, tout au long de notre histoire, pas plus que quatre ou cinq hommes d’une sainteté exceptionnelle ont mérité la révélation du prophète Élie avant quarante ans. Après ces paroles, mon maître disparut. Aussi, mon fils, cher à mon cœur, je peux dire que j’ai eu le privilège d’avoir un tel disciple et que tu as eu le mérite que je te le choisisse pour frère... Il faut donc que tu lui témoignes un grand respect et que, dorénavant, tu accomplisses toutes ses paroles... N’aie, à D.ieu ne plaise, jamais aucun doute sur leur bien-fondé. Il ne faut cependant, en aucun cas, révéler sa personnalité... Telle est la volonté de ton père qui t’écrit avec enthousiasme, émotion, et joie... »
Dans une autre lettre datée de l’automne 5532 (1772), le Maguid ajoute :
« Le premier point de vue émis par mon éminent et saint disciple, Rabbi Zalmina, auteur du Code de Lois, est une petite prophétie et il faut donc que tu accomplisses tout ce qui sort de sa bouche. Car, s’il se trouvait dans la génération de mon maître, le Baal Chem Tov, il se serait aussi distingué... Tu l’écouteras dans tous ses chemins, car sa sagesse, sa compréhension, et sa connaissance1 sont sans limites. »
Montée de l’opposition
Vers l’année 5530 (1770), l’opposition au mouvement ‘hassidique se renforça, du fait du comportement irresponsable de certains ‘Hassidim qui avaient mal assimilé les enseignements de leur maître, disciple du Maguid de Mézéritch. En 5532 (1772), les ‘Hassidim furent conviés par leurs opposants à un débat public dans la ville de Chklov. Le Maguid de Mézéritch délégua à cet effet le Baal Hatanya et Rabbi Abraham de Kalisk pour défendre le mouvement ‘hassidique.
Ceux-ci répondirent avec clarté à toutes les questions qui leur furent posées, mais ne purent malheureusement pas justifier le comportement de ces ‘Hassidim, surnommés ‘Hassidim de Talak, qui dansaient dans les rues en faisant des galipettes et dénigraient les érudits.
Les opposants au ‘Hassidisme insistèrent sur ce comportement et le présentèrent au Gaon de Vilna2 comme celui de tous les ‘Hassidim. S’appuyant sur les dires de ces hommes qu’il pensait impartiaux, le Gaon déclara le mouvement ‘hassidique hérétique pour leur mépris des paroles des Sages et leur humiliation des érudits. Il ajouta que les galipettes devaient être l’expression d’un culte idolâtre que, sans doute, tous les ‘Hassidim devaient pratiquer. Il appliqua à ce mouvement le passage d’un Midrach qui parlait d’« impies nommés ‘Hassidim » et conclut que les ‘Hassidim étaient passibles de mort selon la loi juive.
Le comité de Chklov rédigea alors un manifeste contre le mouvement ‘hassidique. Ce document fut signé par de nombreux maîtres du judaïsme lituanien, parmi lesquels le Gaon de Vilna lui-même et son tribunal rabbinique, le 5 Nissan de l’année 5532 (1772). À cette époque, fut aussi publié un pamphlet diffamant, intitulé « Zamir Aritzim », contre les maîtres du ‘Hassidisme, pamphlet qui fut malheureusement largement diffusé dans les communautés d’Europe Centrale et de l’Est.
Les disciples du Maguid de Mézéritch et leur maître furent profondément affectés par les calomnies dont ils étaient l’objet et gardèrent une certaine rancœur envers les érudits lituaniens qui s’acharnaient contre eux.
Malgré cela, le Baal Hatanya commença une action envers les opposants aux ‘Hassidim qui allait porter ses fruits à long terme. Dans un climat d’hostilité, il se déplace de ville en ville pour acquérir les cœurs des opposants, souvent incognito.
Lors de l’assemblée des disciples du Maguid de Mézéritch qui se tint à Ravna, il plaida la cause des opposants au ‘Hassidisme devant son maître. Il donna un compte-rendu de la situation des communautés lituaniennes et fit l’éloge de la grande érudition, mais aussi de la crainte de D.ieu des Juifs de cette région. Il conclut en disant qu’il était du devoir des disciples du Maguid de montrer leurs connaissances en matière talmudique avec éclat afin de soulever l’admiration de ces érudits qu’ils pourront par ce biais gagner à leur cause. Car, malgré leur grande crainte de D.ieu, ils n’avaient pas encore compris la beauté de la tradition ésotérique amenée par la pensée ‘hassidique.
Dans la discussion qu’il eut avec son condisciple, Rabbi Nahum de Tchernobyl, en présence de Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev et de Rabbi Mechoulam Zoussia d’Anipoli, à propos de la différence entre les Juifs de Wolhynie et ceux de Lituanie, on peut se rendre compte à quel point un érudit était cher à ses yeux et jusqu’où il était prêt à aller pour le rapprocher du ‘Hassidisme. Ce qu’il n’avait pu dire devant son maître, le Maguid et encore moins devant ses condisciples qui s’opposaient avec vigueur au fait de trouver la moindre circonstance atténuante à ceux qui les persécutaient, le Baal Hatanya le révéla à ses trois amis les plus proches. Il affirme devant eux qu’avec l’accord de leur maître et le mérite du Baal Chem Tov, il désirait s’investir de toutes ses forces dans cette mission fondamentale à ses yeux.
Il transparaît clairement dans son discours que le Baal Hatanya était conscient des difficultés qu’il allait rencontrer, lorsqu’il déclare à Rabbi Zoussia d’Anipoli :
« Il nous faut, dans un premier temps, cacher la lumière profonde que nous apportons, il nous faut être patients. Nous devons avoir beaucoup de courage et être prêts à nous surpasser. »
Et, avec la permission de son maître, le Maguid de Mézéritch, le Baal Hatanya continua sa mission qui l’amena de ville en ville pour prodiguer son enseignement. Dans les lettres qu’il adresse à son maître et au fils de son maître, Rabbi Abraham, il relate ses voyages et les discussions en matière d’étude qu’il a eues avec les érudits de différentes villes. Ces discussions se limitent toujours au domaine du Talmud et il se garde de parler de ‘Hassidisme ou même d’ésotérisme.
Sans ménager ses forces, le Baal Hatanya suit le chemin qu’il s’est tracé : s’investir entièrement pour le bien de l’autre afin de le rapprocher de la lumière du ‘Hassidisme. En cela, il commence à construire un nouvel édifice du ‘Hassidisme qui abritera bientôt de nombreux disciples qui suivront son exemple. Le Baal Hatanya se déplace ça et là au nom du ‘Hassidisme qui devient sa seule préoccupation. Car il est intimement persuadé que, grâce aux enseignements du Baal Chem Tov et du Maguid, il pourra revivifier le monde des érudits qui s’était desséché en donnant une importance exagérée aux valeurs intellectuelles. C’est cette persuasion qu’il met dans la voie du ‘Hassidisme intellectuel qu’il a tracée et par laquelle il a éclairé et vitalisé des milliers de disciples au cours des générations.
Mission à Chklov
Dans un de ses discours, le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak, relate la visite que le Baal Hatanya avait faite, à la demande de son maître, à la ville de Chklov :
« C’était en l’année 5531 (1770), un soir d’hiver. Dehors, il faisait très mauvais et, dans la maison d’étude des “pérouchim”», Rav Yossef Calbo, qui se distinguait par son érudition, étudiait depuis déjà plusieurs heures un passage du Talmud avec une grande concentration, en s’approfondissant sur le commentaire de Rachi3 sur ce passage.
Rav Yossef Calbo était déjà célèbre dans toute la Lituanie et à Minsk et, à Vilna4, on lui avait même décerné le titre de « notre maître et notre guide » lorsque l’on mentionnait son nom sans qu’il soit présent.5 Sa grande érudition était déjà connue jusque chez les maîtres du judaïsme allemand bien qu’il fut encore jeune puisqu’il n’avait pas encore quarante ans.
Cet érudit donnait une grande importance au respect dû à ceux qui étudiaient et se comportait comme un homme conscient de ses qualités qui apparaissaient lors de son étude.
Ce soir-là, alors qu’il était plongé dans son étude, un jeune homme entra dans la synagogue, un sac sur son épaule. Il se dirigea tout droit vers le poêle allumé pour s’y réchauffer. On sentait qu’il avait très froid et que le long chemin qu’il venait sans doute de faire l’avait beaucoup fatigué.
Après un court instant, Rav Yérou’ham Dov, le pécheur et poissonnier, se dirigea vers le jeune homme pour lui souhaiter la bienvenue et, par la même occasion, pour lui demander s’il avait où manger ainsi que pour le tester sur son niveau de connaissance. Car Rav Yérou’ham Dov était un grand érudit et un homme d’une grande hospitalité. Il avait installé une chambre réservée aux érudits dans sa maison.
Rav Yérou’ham Dov exerçait son métier de poissonnier les mercredis et jeudis. Quand il était encore jeune et que ses enfants étudiaient à la Yéchiva, il allait lui-même pêcher le poisson dans les rivières avec les autres pêcheurs. Sur le chemin, il répétait par cœur les traités talmudiques sur les lois du mariage. Maintenant que ses enfants s’étaient associés à son commerce, il les laissait aller pêcher à sa place et ne travaillait que deux jours par semaine, le reste de son temps étant entièrement consacré à l’étude.
Au cours de ses vingt années d’études studieuses, Rav Yérou’ham Dov avait acquis une solide connaissance en matière de Talmud. Or, depuis déjà plusieurs jours, il avait du mal à comprendre le sens du commentaire de Rachi sur un passage du traité Arakhine du Talmud. Il avait fait part de sa question à plusieurs grands érudits de la ville mais personne n’avait pu lui donner de réponse satisfaisante.
Malgré le grand respect qu’avait Rav Yérou’ham Dov pour Rav Yossef Calbo, il n’aimait pas lui poser les questions qu’il rencontrait dans son étude. C’est donc par cette question qu’il décida de tester le niveau de connaissance du jeune homme qui venait d’entrer.
Lorsque Rav Yérou’ham Dov lui indiqua le passage sur lequel portait sa question, le jeune homme, sans attendre que Rav Yérou’ham Dov la formule, se mit à réciter tout le passage mot à mot, comme s’il étudiait pour lui-même en traduisant en Yiddish les paroles du Talmud.
Rav Yérou’ham Dov fut fortement impressionné par l’érudition du jeune homme et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il s’aperçut que la traduction des paroles de Rachi que celui-ci donnait rendait sa question complètement caduque. Il demanda alors au jeune homme de prendre ses affaires et de bien vouloir le suivre chez lui. Là-bas, il pourrait l’honorer à la mesure de son érudition.
Le jeune homme répondit qu’il ne pouvait malheureusement pas accéder à sa requête car il devait reprendre son chemin au petit matin.
Un grand tumulte s’éleva peu à peu dans la maison d’étude car Rav Yérou’ham Dov avait raconté que toutes les réponses que les grands maîtres de la ville avaient données à sa question n’avaient pas trouvé grâce à ses yeux alors que le jeune homme qui venait d’arriver l’avait résolue par sa simple traduction.
Lorsque Rav Pessa’h Ber le studieux et d’autres érudits encore entrèrent dans la maison d’étude, Rav Yérou’ham Dov leur relata de nouveau l’événement. Rav Pessa’h Ber se dirigea alors vers le jeune homme pour lui souhaiter la bienvenue et fut bientôt suivi d’autres érudits qui entamèrent une discussion talmudique avec le visiteur.
Lorsque Rav Yossef Calbo s’aperçut qu’un cercle s’était formé autour du poêle et que tous écoutaient les paroles d’un homme, il s’approcha lui aussi et vit, à son grand étonnement que c’était un simple jeune homme qui tenait en haleine l’assistance sur un passage du traité ‘Houline.
La discussion se prolongea pendant plusieurs heures et tous ceux qui étaient présents et, en particulier, Rav Yossef Calbo, furent remplis d’aise par ce qu’ils avaient entendu.
Ceux qui fréquentaient la maison d’étude se divisaient en deux catégories : ceux qui restaient jusqu’au milieu de la nuit et ceux qui se levaient avant l’aube pour étudier. Quelques personnes y étudiaient aussi du milieu de la nuit jusqu’à l’aube.
Quant à moi, raconte Rav Pin’has Reizes, le fils du Rav de la ville, Rav ‘Hanokh Henikh Schick,6 je faisais partie de ceux qui se levaient tôt. Lorsque j’arrivai cette nuit-là pour étudier comme de coutume, je trouvai une nombreuse foule dans la maison d’étude. Autour de la table qui se trouvait près du mur sud de la maison d’étude étaient assis Rav Yossef Calbo, Rav Zalman Yé’hiel l’enseignant, Rav Pessa’h Ber le studieux, Rav Chmouel Nahum l’ermite, Rav Yérou’ham Dov le pêcheur, Rav Abraham Chemaya le silencieux et presque tous ceux qui étudiaient habituellement jusqu’au milieu de la nuit seulement. Près de la table, se trouvait un étranger qui m’était inconnu. Celui-ci écoutait avec attention les paroles de Rav Zalman Yé’hiel l’enseignant.
Deux fois par semaine, Rav Zalman Yé’hiel l’enseignant donnait un cours à un groupe d’étudiants qui avaient déjà atteint le niveau de tirer par eux-mêmes des enseignements des paroles du Talmud. Ce soir-là, il était en train de répéter le cours qu’il avait donné dans l’après-midi et qui contenait un grand nombre de nouveautés. Lorsqu’il eut fini, le jeune homme lui dit que son analyse du texte était très fine et beaucoup de points intéressants en ressortaient mais que, pour sa part, il étudiait d’une autre façon. Il se mit alors à réciter le passage du Talmud avec ses commentaires et s’arrêta sur un commentaire des Tossaphistes7 sur lequel il disserta pendant plus de trois heures, devant une assistance qui buvait littéralement ses paroles, en reliant chaque détail avec les conséquences juridiques qu’il impliquait.
Rav Yossef Calbo ne trouvait pas de mots pour faire la louange de l’exposé qu’il venait d’entendre. Il affirma que c’était une analyse véritable qui élargissait l’esprit et qui tranchait avec leur façon habituelle d’étudier qui était limitée.
Lorsqu’on demanda au visiteur d’où il venait et quelle était sa fonction, il garda le silence. Devant l’insistance de ceux qui étaient là, il répondit qu’il n’était pas un Rav mais qu’il se consacrait simplement à l’étude.
Après qu’ils aient prié aux premières lueurs de l’aube, le jeune homme se prépara à prendre la route. Mais Rav Yérou’ham Dov insista pour qu’il lui donne le mérite de le recevoir chez lui et affirma que s’il se dérobait à sa demande, il endurerait de grandes souffrances.
Le jeune homme refusa d’abord mais devant la sincérité de Rav Yérou’ham Dov, il finit par accepter. Rav Yérou’ham Dov conduisit avec joie le visiteur à sa maison et l’installa dans une chambre qu’il réservait aux érudits, remplie de toutes sortes de livres. Comme on était mercredi et que Rav Yérou’ham Dov devait aller travailler, le jeune homme resta seul.
La nouvelle de la venue d’un grand érudit qui se trouvait maintenant chez Rav Yérou’ham Dov se répandit comme un traînée de poudre dans la ville de Chklov. La chambre réservée aux érudits de la maison de Rav Yérou’ham Dov était renommée dans toute la ville. On savait que les plus grands du peuple juif y avaient leur place.
À cette époque, les villes de Lituanie appliquaient avec zèle le commandement qui demande d’honorer les érudits en Torah. Chklov comptait parmi les villes les plus importantes de Lituanie. Elle regorgeait de grands érudits ainsi que de gens fortunés qui ne ménageaient ni leurs efforts ni leur fortune pour marquer leur respect envers les érudits.
Lorsqu’un érudit renommé venait dans cette ville, le trésorier de la charité donnée mensuellement allait le faire savoir au président du tribunal rabbinique.8 Celui-ci réunissait immédiatement les responsables communautaires pour décider de la marque de respect que l’on allait lui attribuer : selon son niveau, on l’invitait à prononcer un discours dans la grande maison d’étude ou à la table du président du tribunal rabbinique ou encore à celle de la maison communautaire.
Tel était le processus pour un érudit renommé. Mais lorsque celui-ci était inconnu, la coutume voulait que le trésorier se rende d’abord avec lui auprès du président du tribunal rabbinique.
Lorsque Rav Yérou’ham Dov revint chez lui sur le coup de midi, il trouva de nombreux érudits auprès de son invité, dans la chambre qu’il lui avait attribuée.
Quant à moi, raconte Rav Pin’has Reizes, j’avais une leçon quotidienne de Code de Loi Juive avec mon père, juste après la prière du matin. Ce jour-là, je lui fis part de tout ce qui s’était passé pendant la nuit à la maison d’étude.
Mon père fut très heureux d’apprendre la présence d’un grand érudit à Chklov et me dit que celui-ci viendrait sans doute le voir, selon la coutume, en compagnie de Reb Moché David le trésorier. Je répondis à mon père que j’en doutais fort car le visiteur voulait quitter la ville au petit matin et ce n’est que devant l’insistance de Rav Yérou’ham Dov qu’il avait accepter de rester un peu plus. Aussi, je conseillai à mon père de se déplacer chez Rav Yérou’ham Dov s’il voulait avoir une chance de rencontrer le visiteur.
Comme mon père était très pointilleux sur les temps d’étude et plus particulièrement sur ceux qu’il me consacrait, il préféra d’abord étudier avec moi comme chaque jour. Lorsqu’il finit son cours, il reçut la visite de Rav Zalman Yé’hiel l’enseignant qui lui rendit compte de ce qui s’était passé la nuit précédente. Il ajouta que Rav Pessa’h Ber le studieux et lui-même avaient pensé qu’il serait adéquat que le visiteur donne le cours de Talmud quotidien aux érudits de la ville mais qu’ils ne voulaient pas prendre cette décision sans son accord car il était le Rav de la ville. Il ajouta qu’il serait profitable que le Rav l’invite à sa table pour rencontrer les membres du tribunal rabbinique.
Durant toute la journée, de nombreux érudits vinrent rendre visite au jeune homme et repartirent comblés par les réponses que celui-ci avait données à leurs questions.
Quand j’arrivai chez Rav Yérou’ham Dov, raconte Rav Pin’has Reizes, je trouvai la chambre réservée aux érudits noire de monde. Le visiteur était en train d’expliquer à des érudits de la ville comment ils devaient s’y prendre pour analyser les textes talmudiques. À leur demande, il donna un cours sur le début du troisième chapitre du traité Baba Bathra. Ce cours remplit de satisfaction l’assistance car, malgré sa durée, l’exposé était d’une clarté qui le rendait facile à suivre.
Le soir, le jeune homme rendit visite à mon père qui l’attendait en compagnie des plus grands érudits de la ville. Leur discussion se prolongea tard dans la nuit et les invités regagnèrent leurs demeures, enchantés par la soirée qu’ils venaient de passer et pleins de respect pour ce jeune inconnu.
Rav Yé’hiel ne voulut pas abandonner l’idée d’inviter le jeune homme à donner la leçon talmudique quotidienne devant les érudits de la ville. Devant sa détermination, l’invité finit par accepter. Le jeudi matin, après la prière, celui-ci commença sa leçon qui dura cinq heures et qui tint en haleine une assistance émerveillée.
Le soir, le visiteur quitta la ville. Quelques jours plus tard, on apprit que c’était le Baal Hatanya. »
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