L’auteur vit  à Ashkelon et travaille pour le centre ‘Habad-Loubavitch de la ville. Ses observations au cours de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza nous aident à nous rendre compte de ce qu’est la vie sous la menace constante des missiles. Il habite un appartement en étage, bien loin du premier abri antiaérien.

Jeudi 8 janvier 2009, 2h45 du matin

Juste avant minuit, il y a eu une sirène. Je suis resté au lit.

À 2h30, il y en a eu une autre. Je me suis dit que le temps d’enfiler un sweat et de me rendre suffisamment “présentable” pour courir jusqu’à la porte et descendre les escaliers, les missiles auraient déjà frappé. C’est exactement ce qui s’est passé.

Tu attends là, allongé dans ton lit, en murmurant quelques prières personnelles pour toi-même et pour tes concitoyens.

Tu entends le boom, et tu te rendors.

7h57

La sirène s’est mise à sonner peu après 7h ce matin, au moment où j’entamais ma première tasse de café tout en parcourant les emails que j’ai reçus pendant la nuit. Quelques 20 minutes plus tard, de nouveau la sirène.

J’ai couru à la fenêtre de ma cuisine et j’ai regardé en bas. Des gens dans la rue couraient en direction des immeubles.

L’armée dit d’attendre cinq minutes, mais nous nous sommes habitués au fait que ce qui doit frapper le fait en général au cours des 30 secondes qui suivent l’arrêt de la sirène. Alors on compte.

Vous entendez quelques booms, attendez quelques secondes après 30, et puis vous sortez de l’endroit où vous vous êtes réfugié pour vous protéger.

On dirait que tout le monde fait la même chose. Vous regardez en l’air, mais vous ne savez pas ce que les autres voient : c’est peut-être un autre missile qui arrive, ou peut-être qu’ils lèvent les yeux au Ciel pour remercier d’avoir survécu celui-là.

Et puis vous essayez de reprendre le fil de votre journée, jusqu’à ce que le suivant arrive.

12h33

Nous venons d’avoir une nouvelle alerte, après plusieurs heures de calme.

Je vais sortir faire un tour avec mon appareil photo et mon portable.

13h07

Est-ce que je sors ou pas ? Telle est la question. À la fin j’ai décidé de montrer aux autres résidants d’Ashkelon que la vie doit continuer.

J’ai attrapé mon appareil photo et, avec un ami, nous avons commencé à arpenter les rues d’Ashkelon.

Au moment où nous sommes arrivés au bout de notre rue, j’ai repéré un coin qui avait été frappé par une roquette la semaine dernière et le mur derrière lequel deux personnes s’étaient abritées quand la sirène avait retenti, mais avaient quand même été blessées.

En quelques enjambées nous étions auprès de ce mur. Déjà deux explosions. On doit pouvoir y marcher en sécurité maintenant.

14h05

La plupart des magasins du quartier sont fermés, les habitants ne sortent plus suite au barrage de missiles de ces deux dernières semaines. Malgré cela, nous avons décidé de nous rendre dans un restaurant situé de la marina d’Ashkelon. La serveuse nous dit qu’il n’y a eu que trois tables depuis 8 heures ce matin.

Et bien sûr, alors que nous étions attablés, la sirène a retenti. La plupart des employés se sont rués vers des abris spéciaux que le patron a fait construire. D’autres ont couru dans la direction opposée pour voir où les roquettes allaient tomber. Une explosion, au loin.

Nous nous sommes assis et avons fini de déjeuner.

5h25

Nous avons marché tout le long de la ville, nous arrêtant dans des magasins et tâchant d’acheter un petit quelque chose ici et là, ou tout au moins de donner un mot d’encouragement.

Dès que je suis arrivé chez moi, la sirène s’est déclenchée de nouveau.

J’avais trop marché pour avoir l’énergie de courir vers un bunker. Je vais attendre ici...