Bizarre.
C’est ce que ressentit Motti Elmalem quand il se réveilla ce matin-là, tôt comme à son habitude. Pourquoi la chaise était-elle renversée ? Et les vêtements jetés par terre ? Il comprit immédiatement : il avait été cambriolé !
Premier réflexe : il se précipita dans la chambre des enfants. D.ieu merci, ils dormaient tous paisiblement. Le reste de la maison n’avait pas été dérangé, les appareils électriques et l’ordinateur familial étaient en place. Il retourna dans sa chambre, vérifia ses vêtements : son portefeuille avait disparu ! Et les clés !
La camionnette !
Il se précipita dehors : sa camionnette avait disparu elle aussi. Il faillit s’évanouir. Jamais il n’avait ressenti un tel désespoir. Il se mit à sangloter nerveusement au point que sa femme se réveilla. D’un coup d’œil, elle comprit la gravité de la situation.
De fait, c’était les économies de vingt années de travail qui s’étaient envolées. Il venait d’acheter enfin cette camionnette et l’avait remplie de tous ses outils et de centaines de pièces détachées pour la climatisation. Tout ce qu’il avait réussi à se procurer à la sueur de son front avait été volé.
Et il n’avait même pas achevé de payer le véhicule. Mais surtout : il n’avait pas encore eu le temps de l’assurer !
Pétrifié, il ne parvenait pas à réfléchir. Son épouse avait du mal à le réconforter : le vol de voitures en Israël est une plaie qui ne trouve pas facilement de solution.
Puis – soudain – une phrase étrange lui revint à l’esprit : « Tout ira bien ! » Il fronça les sourcils : « Attend... Cette phrase est plus longue… Ah oui ! Pense bien et tout ira bien ! Pense bien, Motti, et tout ira bien ! » se répéta-t-il.
Quand avait-il entendu cela ? Seulement quelques jours auparavant. Après avoir acquis sa camionnette, il avait souhaité la recouvrir d’une affiche publicitaire. Pour cela il s’était rendu dans un magasin spécialisé et tandis que les ouvriers s’affairaient autour de sa commande, il avait rencontré Rav Noam Dekel, émissaire du Rabbi pour la région de Yoknéam, rabbin apprécié de sa communauté. Motti l’avait interpellé : « Rav Noam ! Venez admirer mon nouveau véhicule qui me permettra de développer mes affaires ! Grâce à lui je pourrai élargir mon champ d’action. Connaissez-vous peut-être un moyen pour le protéger, une sorte d’amulette par exemple ? »
« Bien sûr ! répondit Rav Dekel avec son célèbre sourire. Il expliqua alors à Motti que le Rabbi avait demandé à ce qu’il y ait dans chaque véhicule une boîte de Tsedaka (charité) et un livre de ‘Hitat (‘Houmach (Bible), Tehilim (Psaumes) et Tanya). Puis il ajouta : « Que vas-tu écrire sur ta camionnette ? Bien sûr, tu mettras ta propre publicité, mais tu pourrais aussi proposer un peu de judaïsme. Certainement, si tu utilises ton véhicule pour répandre la Torah, cela attirera la bénédiction surtout si tu te conformes par une conduite exemplaire au message écrit ! »
« D’accord ! Que puis-je écrire ? »
« Ici, sur le côté gauche, écris : ‘Machia’h arrive !’ Et de l’autre côté, écris une phrase encourageante… Que penses-tu de : ‘Pense bien, tout ira bien’ ? »
Motti n’hésita pas une seconde et transmit le message aux ouvriers. Ainsi ces phrases familières pour les ‘Hassidim l’accompagneraient continuellement et contribueraient certainement à sa réussite professionnelle.
« Le fait est que ces deux phrases me plurent tout de suite. Instinctivement, je ressentais qu’elles deviendraient le symbole de mon entreprise ».
« Pense bien, tout ira bien » répétait Motti tout en regardant, angoissé, la place vide sur le parking...
A 11 heures du matin, le téléphone sonna. C’était le responsable du poste de frontière de la Samarie : « Motti Elmalem ? Vous a-t-on dérobé un véhicule cette nuit ? Pouvez-vous vous présenter immédiatement? »
Il n’en croyait pas ses oreilles. Non, on ne se moquait pas de lui. Son frère qui était venu le réconforter le convainquit de répondre à la convocation. Ensemble ils se rendirent au poste militaire non loin de Beth El. Au bout de deux heures de route, Motti se frotta les yeux : sa camionnette était là, en parfait état.
Après vérification des documents nécessaires, les deux frères Elmalem entrèrent dans le véhicule où se trouvait déjà Yossi, un jeune officier qui s’intéressait depuis quelques temps à la Torah et commençait à respecter certaines Mitsvot. Yossi donna à Motti une tape amicale sur l’épaule : « Tu as bien de la chance ! Il faut que je te montre ce qui a permis de récupérer ta voiture. Regarde ! » Et il indiqua les lettres rouges au-dessus de la publicité pour les climatiseurs : « Machia’h arrive ! » C’est grâce à cette phrase que tu retrouves ta camionnette !
En effet, Yossi était de garde cette nuit-là à l’entrée du territoire palestinien de Samarie. Dans sa jeep garée non loin du point de passage il surveillait le trafic avec ses camarades.
« Tu dois savoir que nous ne sommes pas des policiers et nous ne nous occupons pas d’intercepter les véhicules volés. Nous n’avons comme mission que d’assurer la sécurité, ce qui exige déjà une attention de tous les instants. Quand cette camionnette s’est présentée, nous avons failli la laisser passer, mais soudain j’ai aperçu cette phrase en lettres rouges et je me suis dit que ce véhicule n’avait vraiment rien à faire à Chekhem (Naplouse). J’ai donc ordonné au conducteur de se garer de côté tout en avertissant par talkie-walkie mes camarades : « Une camionnette suspecte avec un slogan sur la venue de Machia’h. » Les soldats ont immédiatement entouré le véhicule mais le conducteur avait déjà réussi à s’enfuir en se cachant dans les vergers alentour. Nous sommes entrés dans la camionnette : « Regarde ce que nous avons trouvé sur le siège avant, à côté du conducteur : ce poignard t’appartient-il ? » Motti était pétrifié : « Bien sûr que non ! » Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il comprit à quel attentat il avait échappé. Auparavant, le voleur n’avait pas été seul à « visiter » sa maison : le poignard aussi !
« Je tremblais comme une feuille. Si l’un de nous s’était réveillé pendant le hold-up, le voleur se serait certainement servi de son grand couteau ! Qui sait comment cela se serait terminé ? »
Heureux de la tournure des événements Motti Elmalem est rentré chez lui avec sa camionnette et tout son contenu : « Je compris que j’avais été témoin d’un miracle évident. Je devais faire quelque chose ! En accord avec mon épouse, j’ai décidé de ne plus travailler Chabbat et de me rendre régulièrement à la synagogue Or Mena’hem ‘Habad non loin de chez nous. Grâce aux conseils de Rav Dekel, nous avons appris petit à petit à nous détendre le Chabbat, à nous consacrer davantage à nos quatre enfants. Même les enfants m’ont demandé dimanche : « Papa ! C’était formidable ce Chabbat à la maison ! Nous allons recommencer, n’est-ce pas ? Tu prendras encore une journée de repos, Chabbat prochain ? ». Petit à petit, j’ai découvert un trésor qui était caché chez moi, dans ma maison : la famille, les enfants, la tradition, les valeurs éthiques…
J’ai même tenu à préciser sur les papiers remis à la compagnie d’assurance que ma camionnette ne sortait pas du parking pendant Chabbat… »
Y. Yossefi - Hadachot Chabad
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