Comment accomplit-on la Mitsva de résider dans la Souccah ? Il faudrait y manger, y boire et y vivre, le jour et la nuit tout comme l’on vit chez soi les autres jours de l’année : pendant sept jours, l’homme doit faire de son foyer une résidence temporaire et de la Souccah sa résidence permanente.
(Choul’hane Aroukh, Ora’h ’Hayim 639,1)
La définition que donne la Halakha (la loi de la Torah) de la Souccah est que c’est une « résidence temporaire ». Si les mots « résidence » et « temporaire » semblent contradictoires, c’est qu’ils le sont. En fait, ils donnent lieu à des lois antithétiques concernant la construction et l’habitation de la Souccah. Par exemple, si les branches qui recouvrent le toit de la Souccah sont si épaisses que la pluie ne peut les traverser, la Souccah n’est pas adéquate, elle devient une maison et non une Souccah. Mais par ailleurs, s’il pleut dans la Souccah, on n’est pas obligé d’y manger : la Souccah est votre maison et s’il pleuvait dans votre maison, vous changeriez de pièce.
En outre, si les murs sont plus grands que 20 coudées (environ 9 mètres 30) ce n’est pas une Souccah, une structure « temporaire ». Mais s’ils sont trop fragiles pour supporter un vent moyen, ce n’est pas non plus adéquat, ce n’est pas une « résidence ».
En d’autres termes, la Torah veut que nous utilisions une structure essentiellement transitoire et que nous en fassions notre demeure permanente. Ou bien encore elle veut que nous observions notre demeure permanente et que nous comprenions que c’est une structure transitoire.
Les ‘hassidim ont une coutume intéressante. Quand on leur demande d’expliquer quelque chose, ils proposent une histoire. Et puis ils rapportent une autre histoire soulignant le point contraire.
Alors voici deux histoires. La première nous ramène cinquante ans en arrière. Un jeune étudiant de Yechiva était sur le point de faire un voyage et il adressa une lettre au Rabbi, lui demandant une bénédiction. Dans sa réponse, le Rabbi se servit du Michkan, le sanctuaire portatif qui accompagna le périple du peuple juif à travers le désert, comme exemple. A chaque campement, le peuple recevait l’ordre de monter cette impressionnante structure, qui consistait en centaines de parties et requerrait une armée de plus de 8000 personnes pour les assembler, même s’ils ne devaient rester qu’une seule nuit dans ce campement. Pour un Juif, conclut le Rabbi, il n’existe pas de concept comme « simplement passer par un endroit ». Chaque moment de notre vie a une permanence par le fait que la Providence Divine nous a guidés en ce lieu particulier, à ce moment particulier, pour un but précis.
L’on raconte la seconde histoire d’un visiteur qui s’arrêtant dans la maison du grand maître ‘hassidique, Rabbi DovBer de Mézéritch, fut frappé par la pauvreté qu’il y trouva. La maison de Rabbi DovBer n’avait aucun meuble à l’exception de planches de bois brut qui servaient de bancs pour ses élèves durant le jour et de lits pour sa famille, la nuit. « Comment pouvez-vous vivre ainsi ? » demanda le visiteur. « Je suis moi-même loin d’être riche, mais au moins, chez moi il y a, grâce à D.ieu, les nécessités vitales : quelques chaises, une table, des lits… »
« Vraiment ? » répondit Rabbi DovBer. « Mais je ne vois avec vous aucun de vos meubles ? Comment vous débrouillez-vous sans ? »
« Que voulez-vous dire ? Pensez-vous que je transporte avec moi toutes mes possessions où que j’aille ? Quand je voyage, je me débrouille avec ce que je trouve. Mais à la maison… La maison d’une personne, c’est tout à fait autre chose ! »
« Ah oui ! dit Rabbi DovBer, à la maison c’est bien différent… »
Rejoignez la discussion